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Nuits du Bota 2021: This Is The Kit, On On On

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Le coup d’envoi des très attendues Nuits du Bota 2021 a été donné de magistrale manière ce mercredi 8 septembre. Une météo plus que clémente, une organisation déjà rôdée et surtout, via This Is The Kit, un premier concert sold out déjà considéré comme un des sommets du festival.

Peu ou pas de couac à l’entrée du site malgré le contrôle des Covid Safe Tickets. Un sésame qui, bien que décrié par certains, permet de revoir de larges sourires sur des visages souvent masqués depuis (trop) longtemps. Un semblant de monde d’avant…

En parlant de monde d’avant, si cela fait onze mois quasi jour pour jour (Glass Museum sur la scène Parc) que l’on n’avait plus foulé le sol du Botanique, il faut remonter jusqu’au 10 mars 2020 et la prestation de Jessica93 pour trouver trace de notre dernier passage à la Rotonde. On vous laisse imaginer le plaisir non dissimulé de retrouver cette salle si conviviale, ses marches et sa boule à facettes suspendue dans le vide.

Sur scène, une figure culte et emblématique en la personne du New Yorkais moustachu Turner Cody qui a développé depuis quelques années une relation amicale et professionnelle avec Nicolas Michaux. Son dernier album, “Friends In High Places”, est d’ailleurs récemment sorti sur Capitane, le label fondé par l’ex-leader d’Été 67. Un album qu’il a également produit, enregistré et dont il défend ardemment les contours au sein de The Soldiers Of Love.

Héros de la scène anti-folk du début du millénaire aux côtés d’Adam Green et de Jeffrey Lewis, Turner Cody y apporte toutefois une touche country qui accompagne à merveille sa voix nasillarde. Une guitare chaloupée à la Mac DeMarco vient de temps à autre l’appuyer, sur “Boozing And Losing” et “Friends In High Places” notamment. Physiquement, on le comparerait volontiers à un cow-boy des temps modernes via un chapeau qu’il ajuste presque machinalement entre chaque morceau, une veste en jeans et une chemise hawaïenne sobre. Mais sans santiags, ce qui ne l’empêche pas de posséder un jeu de jambes particulièrement affûté.

Si l’on imagine certains titres prendre tout leur sens dans l’arrière-salle enfumée d’un saloon de Nashville, d’autres, en revanche, ne jureraient pas sur la scène d’un festival rock à Central Park. On pense à “Telling Stories” ou à “Back In The Land Of The Living” sur lesquels trois guitares sont en action : Turner, Nicolas et celle de Clément Nourry. Ce qui nous amène à affirmer que les Soldiers Of Love (dans lesquels on retrouve également Ted Clark à la basse et Morgan Vigilante à la batterie) apportent un réel plus aux compositions du Maître. Une association parfaite, en d’autres termes.

Kate Stables, la tête pensante de This Is The Kit, en connaît un bout sur l’art de bien s’entourer. Elle a ainsi confié la production d’“Off Off On”, son dernier album enregistré aux studios Real World de Peter Gabriel juste avant le début de la pandémie à Josh Kaufman (Bonny Light Horseman). Il succède à ce poste à John Parish (“Moonshine Freeze”, 2017) et à Aaron Dessner (“Bashed Out”, 2015).

Le talentueux guitariste de The National, fidèle parmi les fidèles, l’a notamment invitée sur la tournée en support d’“I Am Easy To Find”, un album sur lequel elle partage le micro avec Matt Berninger sur trois titres. Plus près de nous, elle a également activement participé au projet de Thomas Jean Henri, Cabane, dont le mélancolique et délicat “Grande Est La Maison” se bonifie à chaque écoute.

Publié chez Rough Trade en octobre dernier, “Off Off On” se profile comme l’album le plus abouti à ce jour de la Parisienne d’adoption (en provenance de Bristol). Riches et travaillées, les compositions d’une maturité déconcertante se mettent au service d’une voix envoûtante qui le devient encore davantage sur scène. “Slider”, le prenant et jazzy titre d’intro, en sera un parfait premier exemple.

À l’instar d’une bonne partie des spectateurs dans la salle, il s’agit du premier concert de la chanteuse depuis des lunes et elle sera visiblement surprise de l’accueil plus qu’enthousiaste qui lui sera réservé. Chacune de ses interventions sera ainsi ponctuée d’applaudissements nourris, boostant une performance cinq étoiles devenant irrésistible au fil de son avancement. Parmi les nouveaux titres, les enlevés “This Is What You Did” et “Found Out” sortiront aisément du lot, ainsi que la plage titulaire dans une version faussement retenue.

Entourée sur scène d’un solide groupe (une bassiste-choriste, deux guitaristes et un batteur), Kate Stables se produit pieds-nus, ce qui va lui permettre de s’accompagner discrètement au tambourin sur “Hotter Colder” en fin de set. Un peu plus tôt, un majestueux “Riddles With Ticks” seule à la guitare sera transcendé par une voix captivante particulièrement mise en valeur. Retenons encore un “Moonshine Freeze” plus groovant que jamais et un “Keep Going” qui ponctuera les débats dans une ambiance de feu.

Les rappels poursuivront sur la même intensité, en deux parties bien distinctes. Dans un premier temps, “Earthquake” et son crescendo culminant au son d’un déluge de guitares permettront aux musiciens de se défouler une dernière fois. Kate reviendra ensuite seule sur scène pour un ultime titre, l’excellent “Started Again”, qu’un départ loupé puis recommencé n’altéreront aucunement. Que du contraire, elle en ressortira plus attachante que jamais. Quelle soirée de retrouvailles, mes amis !

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