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They were Soldout

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La programmation de l’Ancienne Belgique a pris des allures de rubrique nécrologique en ce début décembre maussade.  En effet, après Magnus et Diablo Blvd, c’est le duo Bruxellois Soldout qui tirait sa révérence dans le complexe du boulevard Anspach.  Retour sur une soirée partagée entre excitation et émotion.

Initialement programmé dans le Box, ce concert d’adieu s’est finalement déroulé dans la grande salle pleine à craquer, clin d’œil au nom du projet fondé en 2003 par Charlotte Maison et David Baboulis.  Quatre albums et une BO de film plus tard, l’aventure se termine même si la fin d’un cycle semble un terme plus approprié vu la multitude de projets qui foisonnent dans leurs têtes.

Mais avant de penser à l’avenir, l’espace d’une bonne heure et demie, ils vont se retourner sur les quinze années pendant lesquelles ils ont illuminé l’électro noire-jaune-rouge.  Du candide et rafraîchissant “Stop Talking” en 2004 au très abouti “Forever” publié l’an dernier, ils s’attarderont sur chacune de leurs périodes via des versions actualisées et orientées dancefloor de leur riche catalogue.

Un stroboscopique “The Call” mixé à un “We Are Soldout” dont le texte s’affichera en lettres géantes sur l’écran à l’arrière de la scène allumera d’emblée la mèche avant qu’un “Wazabi” plein d’anticipation et qu’un efficace “I Can’t Wait” n’établissent un premier sommet, le tout sans le moindre répit.  Un peu plus tard, les récents “Forever” et “My Love”, plus matures, softs et groovants, apporteront une respiration toute relative.

Charlotte, complètement affranchie, arpente la scène sans répit et ne se gêne pas pour effectuer quelques pas de danse.  À sa droite, l’ami David, chevelure grisonnante, se concentre derrière son immense console.  Véritable cerveau musical du projet, il est secondé pour les beats par Franck Baya, le batteur qui joue de profil sur un kit semi-électronique.  Autour d’eux et disposés verticalement çà et là, des tubes néon confèrent une touche glaciale à un visuel basé sur des images de synthèse parfaitement au point.

Si un hypnotique “A Drop Of Water” suivi d’un “Oppression” qui aurait franchement eu sa place en club feront grimper la température d’un cran, on ne peut s’empêcher de penser que l’on assiste à un concert plus ou moins classique de Soldout, et non à son chant du cygne.  Jusqu’à ce que l’imparable “I Don’t Want To Have Sex With You” explose tout sur son passage tout en initiant la suite.

À partir de ce moment, la soirée empruntera en effet une direction festive et exclusive, grâce à des invités qui défileront sur scène.  Le premier d’entre eux, John Stargasm, charismatique leader de Ghinzu, les accompagnera sur son propre “Mine”, dans une version musclée.  Un titre qui se trouvait à l’époque sur un EP, “Dead Tapes”, sur lequel était également gravée une version acoustique du précité “I Don’t Want To Have Sex With You” avec les Girls In Hawaii.  Ce soir, la guitare et la voix de Lionel Vancauwenberghe en premier titre des rappels sublimeront, et de loin, l’enregistrement studio.

Mais le plus efficace du lot sera sans hésiter Richard 23, la voix de Front 242, qui métamorphosera radicalement “The Box” en clôture du set principal.  Athlétique à souhait et flanqué de ses lunettes d’aviateur, son enthousiasme et son punch initieront presqu’une émeute dans la salle (“You want it hardcore ?”).  En revanche, on s’attendait à voir débarquer un gars ou l’autre de Goose pour “Do It Again”, mais il n’en a rien été.

Pour le reste, Charlotte ira jusqu’à prendre un bain de foule pendant “Get Out” alors que les subtiles influences orientales de “To The Ocean” (extrait de la BO du film “Puppy Love” pour lequel ils ont remporté un Magritte) se mueront en beats mélancoliques sur “Dune”.  Un moment chargé en émotion, accentué par la diffusion d’images en noir et blanc retraçant la carrière du groupe.

Alors que l’on s’attendait à un final à la Live Aid, ils opteront plutôt pour un second rappel ambitieux.  Le livre de Soldout se refermera avec “The Flow”, morceau kilométrique composé cet été et publié en édition limitée (300 exemplaires sur un vinyle transparent), qu’ils n’interpréteront donc qu’une seule et unique fois en concert.  Un voyage musical planant et envoûtant illustré par des projections animées psyché colorées.  Une direction pour le moins surprenante qui constitue peut-être une piste à suivre pour le futur, sous une autre forme.  Ou pas.  Seul l’avenir nous l’apprendra.

En attendant, l’AB nous permet de revivre ce concert dans son intégralité:

 

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