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Tiswas Sleaford Mods @ AB

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Pour leur troisième visite à l’AB depuis 2015, les deux sauvages de Sleaford Mods ont finalement rempli la grande salle. Une performance d’autant plus remarquable qu’ils devaient initialement se produire dans la configuration Ballroom en support de leur dernière livraison en date, “Spare Ribs”.

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, ce sont leurs compatriotes de Lice qui ont eu l’occasion de lancer les festivités. Une seconde date belge en quelques jours puisqu’ils avaient participé à la soirée inaugurale du Ways Around Festival à l’Atelier 210 le vendredi précédent. Une prestation tellement remarquée que bon nombre de spectateurs n’ont pas hésité à se porter volontaire pour la passe de deux.

Emmené par un intenable chanteur déjanté affublé d’une cape noire, le groupe originaire de Bristol va dérouler ses compositions brutes presqu’en porte-à-faux avec le thème du jour. Entre fréquents changements de rythme, voix hurlante trafiquée et guitares en avant, on pense davantage à Black Midi ou à Girl Band qu’aux stars de la soirée. Pas étonnant qu’ils aient déjà ouvert pour Idles

Articulé autour de leur premier album sorti au tout début de l’an dernier (le bizarrement intitulé “WASTELAND: What Ails Our People Is Clear” – “A masterpiece of 2021” affirmera le leader jamais à court d’autocongratulation), leur set déstructuré en perdra certains. Mais les parties tantôt flippantes tantôt groovantes leur permettront toutefois de maintenir le cap.

Publié à une semaine d’intervalle, “Spare Ribs”, le onzième album de Sleaford Mods en quinze ans, a offert au duo de Nottingham son premier top 5 britannique. Il fait suite à la double compilation “All That Glue” sorti l’année précédente, parfait résumé d’une carrière aux débuts pour le moins laborieux. Mais depuis 2014 et “Divide And Exit”, ils font partie intégrante d’une scène indépendante aux contours DIY qu’ils défendent le plus naturellement du monde en restant sincères et humbles.

Entamé par “The New Brick” et “Shortcummings”, soit les deux premières plages de “Spare Ribs”, le set ne tardera pas à s’enflammer. “Middle Men” verra déjà les premières victimes de pogos battre en retraite et laisser place aux professionnels de la discipline qui ne faibliront pas malgré les exigences d’une set-list kilométrique. Difficile de ne pas se laisser emporter par les beats saccadés d’un Andrew Fearn méconnaissable. Il s’est en effet laissé pousser une barbe touffue et a abandonné les canettes de pils. Son laptop est d’ailleurs désormais déposé sur un flight case au lieu d’une pile de casiers de bières et il s’adonnera à une séance d’aérobic XXL tout en arborant un large sourire.

S’il reste le sorcier rythmique du duo, Jason Williamson en est bien évidemment l’image et surtout la voix. Ceci dit, sous sa tête de hooligan se cache une personnalité attachante. À ce propos, on vous suggère d’aller (re)visionner le documentaire “Bunch Of Kunst” (2017) où les deux membres se dévoilent au naturel. Bien entendu, sur scène, l’ami Jason crache son venin et déballe sa rage à grand renfort de termes réservés aux oreilles averties. Le tout dans un succulent accent local…

Particulièrement inspiré, il déclame presque sans respirer ses textes tout en baladant frénétiquement son pied de micro d’un côté à l’autre de la scène, d’où il se positionne presque systématiquement de profil. Curieusement, et contrairement à leurs prestations précédentes, ils ne semblent pas complètement perdus au milieu de celle-ci. Une sorte de tuyau horizontal à la luminosité modulable la traversant de part en part permettant d’atténuer le vide de spectaculaire manière.

Dans le public, cela s’emballe. Les pointes techno de “I Don’t Rate You” et de “Kebab Spider” vont faire monter la température d’un cran alors qu’un survitaminé “Jolly Fucker” constituera un des premiers sommets d’une soirée de plus en plus moite au sein des premiers rangs. Entre crowdsurfings incessants et stage divings isolés, la sueur devient la norme.

Jason Williamson est un habitué des featurings (on l’a récemment entendu aux côtés de Frustration, Baxter Dury et The Bug) mais “Spare Ribs” est le premier album de Sleaford Mods à inclure des collaborations. Billy Nomates et Amy Taylor d’Amyl And The Sniffers posent ainsi leur voix sur respectivement “Mork N Mindy” et “Nudge It”. Ces enregistrements seront diffusés ce soir, résultant en de faux duos somme toute dispensables, sur scène en tout cas.

“Tiswas” et “T.C.R.” affoleront le milieu du set alors qu’une surprenante cover du “Don’t Go” de Yazoo à la sauce de Nottingham apportera une pseudo respiration. “Second”, un des excellents inédits de “All That Glue”, la fera ensuite voler en éclat sans crier gare. Peu loquace, le leader préfère se concentrer sur son flow soutenu et bourré d’humour (sa commande au restaurant chinois pendant “B.H.S.” reste un sommet du genre). Même si sa cible préférée reste la classe politique d’outre-Manche (Boris Johnson en prend pour son grade) et la désastreuse situation économique consécutive au Brexit (le UKIP aussi). “Elocution” et son plaidoyer pour la défense des salles de concerts alternatives en constituera un exemple parfait.

Si la condition physique d’Andy Fearn s’est drastiquement améliorée, celle de Jason Williamson n’a quant à elle jamais été aussi optimale. Mais contrairement à son collègue, il se déshydratera très régulièrement (de l’eau, seulement de l’eau). Dans le public, en revanche, si une bière ne se vide pas dans les trente secondes, elle finit sa course dans les airs et le gobelet souvent sur scène. Une tension palpable mais bon enfant qui atteindra son paroxysme via un triptyque final de feu. Les classiques “Tied Up In Nottz” (shit), “Jobseeker” (fuck off) et “Tweet Tweet Tweet” assénant d’ultimes coups de boutoir à une AB groggy. Leur électro-punk bricolée se professionnalise peut-être, mais elle conserve une dose de spontanéité difficile à ignorer.

SET-LIST
THE NEW BRICK
SHORTCUMMINGS
MIDDLE MEN
SPARE RIBS
I DON’T RATE YOU
KEBAB SPIDER
FACE TO FACES
JOLLY FUCKER
MORK N MINDY
THICK EAR
TISWAS
T.C.R.
B.H.S.
DON’T GO
SECOND
NUDGE IT
ELOCUTION
OUT THERE
TOP ROOM
DISCOURSE
TIED UP IN NOTTZ
JOBSEEKER
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