CD/DVDChroniques

ABRAHMA – In time for the last rays of light

0 Shares
Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Poulain du label Small Stone depuis son premier album ʺThrough the dusty paths of our livesʺ (2012), le groupe parisien Abrahma est un des fleurons les plus sûrs de la scène stoner metal française. Quand on sait l’importance et le prestige que revêt Small Stone aux oreilles de fans de stoner (c’est quand même la boîte qui a édité les albums de Five Horse Johnson, Los Natas, Fireball Ministry, Halfway To Gone, Acid King, Dozer, Mos Generator, Greenleaf, Sons Of Otis, Gozu, Wo Fat, Sasquatch et des pétées d’autres), on saisit que cette maison ne s’est pas intéressée à Abrahma par hasard. La musique sombre et complexe de ce combo avait en effet de quoi séduire.

Le premier album pose déjà les bases du style d’Abrahma : lourdeur des guitares, rythmes qui prennent leur temps, chant plaintif et paroles allant creuser dans les profondeurs du drame humain. On a ici un stoner metal volontiers progressif dérivant parfois en toute conscience vers une sorte de doom psychédélique. A noter l’apparition du grand Ed Mundell (guitariste de Monster Magnet) en invité sur un morceau. En 2013-2014, Abrahma foule les planches de plusieurs festivals de haute tenue, comme le DesertFest de Londres, le Freak Valley Festival (Allemagne) ou le Mudfest hollandais, tournant aussi avec Enos et les excellents Wo Fat. 2015 voit la sortie du deuxième album ʺReflections in the bowels of a birdʺ, qui marque un peu plus le tropisme d’Abrahma envers un stoner mêlé de grunge, dans une veine Soundgarden ou Alice In Chains. A ce moment-là, Sébastien Bismuth (guitare et chant), Nicolas Heller (guitare), Guillaume Colin (basse) et Benjamin Colin (batterie) ont trouvé leur style et leur cheval de bataille.

Un passage au mythique festival Roadburn aux Pays-Bas adoube définitivement ces Froggies dans l’espace stoner international. Ici, on n’est pas dans la valse-musette et on est même capable de rivaliser avec Wo Fat sur un single partagé sorti en 2016. Sur ce single, Abrahma reprend la chanson ʺWarʺ d’Edwin Starr, qui va figurer en fin de compte sur la bande-son du jeu vidéo ʺWalking Dead – Road to survivalʺ.

Tout semble aller bien mais en 2018, Sébastien Bismuth se retrouve seul survivant d’un énorme changement de personnel qui voit partir l’intégralité des autres membres. Arrivent alors Florian Leguillon (guitare, chœurs), Benoît Carel (guitare, synthés, chœurs), Romain Hauduc (basse, chœurs) et Baptiste Keriel (batterie, chœurs) et Abrahma retourne en studio pour son troisième album avec le producteur Jaime Gomez Arellano, connu pour ses travaux avec Paradise Lost, Pallbearer, Cathedral ou Ghost.

Et voici donc ʺIn time for the last rays of lightʺ, un disque toujours aussi massif et empreint de gravité, où il est beaucoup question de dépression et de maladie mentale. Se croisent désormais des sonorités de métal progressif à la Paradise Lost ou Pallbearer et des interventions de black metal discret (sur les rythmiques, notamment). L’album prend appui sur sa pièce de résistance, un morceau en deux parties appelé ʺEclipse of the saneʺ dont les durées cumulées approchent le quart d’heure. Et n’oublions pas non plus les fantastiques envolées de guitares épaisses sur ʺ… Last epistleʺ, autre grand moment du disque. La lenteur et la tristesse hantent ces titres forts et il faut aussi remarquer la pochette de l’album, tirée d’un dessin de Gustave Doré, le célèbre illustrateur du 19e siècle, dont les gravures de la Bible hantent encore les mémoires des petits catéchumènes éduqués dans la religion avant les réformes libérales de Vatican II.

Il est vrai que cet album marque quand même une certaine rupture stylistique par rapport au stoner des premiers albums d’Abrahma. Le groupe prend ici une tangente beaucoup plus sombre, abandonnant le soleil de Californie et le psychédélisme pour des territoires plus introvertis, sludge et gothiques. Mais ce qui est remarquable, c’est qu’Abrahma reste convaincant dans les deux registres.

Le groupe :

Sébastien Bismuth (chant et guitare)
Florian Leguillon (guitare, chœurs)
Benoît Carel (guitare, synthés, chœurs)
Romain Hauduc (basse, chœurs)
Baptiste Keriel (batterie, chœurs)

L’album :

Lost.Forever. (07:08)
Lucidly Adrift (06:57)
Eclipse Of The Sane Pt.1: Isolation Ghosts (08:40)
Dusk Contemplation… (00:22)
… Last Epistle (06:07)
Wander in Sedation (08:22)
Eclipse Of The Sane Pt.2: Fiddler Of The Bottle (06:23)
There Bears The Fruit Of Deceit… (05:50)

https://abrahma.bandcamp.com/album/in-time-for-the-last-rays-of-light
https://www.facebook.com/ABRAHMAMUSIC/

Pays: FR
Deadlight Records/Small Stone Records
Sortie: 2019/05/24

Laisser un commentaire

Music In Belgium