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MARCEL – charivari

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Malgré son ardeur d’avance, la province du Luxembourg ne se profile pas comme le plus grand fournisseur de groupes indé. On aurait d’ailleurs du mal à vous en citer, mis à part peut-être Sharko et, plus près de nous, Annabel Lee. Mais c’est en débarquant dans la capitale que David Bartholomé et Audrey Marot ont réellement vu leur carrière décoller. Un exemple suivi par les déjantés marcel qui carburent désormais davantage à la Grosse Bertha (en référence à leur concert donné au BBP à l’occasion de l’anniversaire de nos confrères de Goûte mes Disques) qu’au Maitrank. Forts d’un EP décoiffant (“marcel”) sorti en 2021, ils ont patiemment élargi leur champ d’action, se rendant régulièrement dans l’Hexagone. Autre fait d’arme remarquable, la première partie des excellents Yard Act assurée avec brio au Trix en juin dernier.

Après un titre dévoilé à l’automne (le surprenant “intimité”, chanté en français avec la complicité de BLANK\\), ils publient aujourd’hui chez Luik Records leur premier album. Subtilement baptisé “charivari”, il parvient à transposer sur disque la fougue qui les caractérise sur scène. Une prouesse que l’on doit sans doute partiellement à Ben Hampson, lui qui avait déjà canalisé l’énergie débordante de Ditz pour sublimer “The Great Regression”, un de nos disques préférés de 2022. L’Anglais a en effet trouvé le juste équilibre entre la voix d’Amaury Louis, la guitare de Maxime D’Hondt, la batterie d’Ulysse Wautier et la basse de Benjamin D’Hondt, tout en maintenant la tension intacte.

Une balance explosive perceptible dès “playroom”, titre d’intro en guise d’uppercut qui plante d’emblée le décor tout en laissant le minimum vital de place à la respiration via de courts breaks inspirés. Au contraire de “six seconds” qui prend instantanément à la gorge et finit par vous plaquer au sol et ce, malgré le support vocal il est vrai un peu féroce de la précitée Audrey. Une plaque lancée à du cent à l’heure qui ne ralentira qu’à un seul moment nommé “salvador mundi”. Et encore, certaines parties flirtent malgré elles avec la pédale de droite.

Mais ce qui caractérise surtout marcel, c’est un humour décapant présent à tous les étages. D’une bio à mourir de rire parsemée de détails abracadabrants à des titres surréalistes en passant par des influences carnavalesques (le sifflet sur “bbl”) ou des délires autotunés (“eurovision”, sans doute un peu too much même si l’originalité tient dans l’utilisation d’un saz turc joué par Yann Attia de Haring). Ils poussent même le vice jusqu’à remplacer la pochette de l’album par celle de la biographie signée Neville James, The Life And Work Of Marcel Proust sur la version promo digitale. Sans compter l’absence totale de majuscules…

Pour en revenir aux compositions, le cœur consistant de “charivari” nous emmène dans l’univers post-punk soutenu d’Idles (“nechayev & sons”) et de Shame (“blue danube no more”). Les contours déstructurés d’“all together – but not too much” renvoyant plutôt du côté de Squid. De solides références pour un premier album dingo, à l’image de leurs concepteurs.

Tracklisting
“playroom”
“six seconds”
“eurovision”
“salvator mundi”
“nechayev & sons”
“blue danube no more”
“lost art of conversation”
“all together – but not too much”
“bbl”
“intimité”

Pays : BE
Sortie : 2023/03/03
Luik Music

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