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PICTUREBOOKS, The – The hands of time

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Le duo allemand The Picturebooks revient ici avec un cinquième album qui continue de confirmer tout le bien qu’il faut penser de ce groupe qui a résolument quitté les forêts de Basse-Saxe pour se perdre sur les routes poussiéreuses que grand Ouest américain. Nous avions laissé Fynn Claus Grabke (guitare et chant) et Philipp Mirtschink (batterie) à l’époque de leur précédent album ʺHome is a heartacheʺ, sorti en 2017. Depuis cette époque, les deux camarades ont dû prendre à bras-le-corps une carrière musicale en pleine expansion, avec tournées sans fin et pénétration progressive dans la cour des grands.

Cette montée en puissance de haute intensité a laissé peu de temps aux Picturebooks pour s’occuper de leur autre passion, la restauration de vieilles motos. Mais les deux chevelus ont pu s’appesantir sur leur parcours blues en cherchant toujours davantage d’authenticité. Pour cela, ils ont choisi de restaurer et bricoler également des instruments de toutes sortes, complétant la collection de guitares par un piano, des clochettes, de l’harmonica, de la mandoline, des timpanis et autres instruments de percussion faits maison. C’est cette nouvelle palette instrumentale qui est ajoutée à la paire guitare-batterie qui constituaient jusqu’alors la signature des Picturebooks.

Mais il n’y a pas que ça. Au niveau son, le groupe a fomenté ses nouveaux titres dans son petit studio perso jouxtant son garage à motos mais a confié le mixage à Brian Lucey, qui a emporté les bandes à son studio Magic Garden Mastering, où il avait déjà travaillé sur des albums de Biffy Clyro, Marilyn Manson, The Black Keys, Ghost ou Royal Blood. Certes, ces références sont déjà prestigieuses mais là où les Picturebooks atteignent une autre forme de reconnaissance par leurs glorieux prédécesseurs, c’est avec l’intervention de Chrissie Hynde sur une de leurs chansons. C’est au cours d’un concert que les Picturebooks ont fait la connaissance de la chanteuse des Pretenders, qui a bien volonté accepté de poser sa voix sur les bandes de ʺCan’t let goʺ, une des onze nouvelles chansons du groupe.

Alors, venons-en justement au contenu de ce disque. ʺThe hands of timeʺ nous propulse directement en plein Midwest, pas vraiment dans les bars louches du Mississippi mais plutôt au milieu des tribus de Peaux-Rouges, tant les rythmiques tribales sont présentes dans tous les recoins de cet album. Ici, c’est Little Big Man qui nous feule des complaintes de sorcier au cours de danses de la pluie qui prennent bien souvent des allures calmes et reposantes. La cavalerie finit par charger sur les tipis avec ʺLizardʺ, un morceau qui lâche des énergies jusque-là comprimées dans des morceaux très cool, oscillant entre la ballade chamanique et les plaintes de squaws privées d’attaques de chariots. Ce sera la seule manifestation un peu plus énervée que la moyenne, les Picturebooks reprenant leurs rythmiques ralenties et primitives sur les deux derniers morceaux ʺTell me liesʺ et ʺThe rising fallʺ.

A l’écoute de cet album, très intéressant et très profond, on sent néanmoins poindre des habitudes d’écriture qui tournent toujours un peu autour des mêmes éléments. Rythmique binaire scandée à l’indienne, slide guitare appuyant un chant mélodique et volontiers pleureur, tout ceci est très beau mais quand les neuf dixièmes de l’album ressassent toujours ce même modèle, on commence à sentir l’aridité du désert venir nous griffer le gosier. Davantage de rafraîchissement et de variétés de tempos n’aurait pas été de trop au cours de cette traversée. Il ne faudrait pas qu’à l’occasion d’un prochain album, cette profusion de plumes ne donne envie à l’auditeur de se procurer un bon gros tonneau de goudron en guise de châtiment.

Pays: DE
Century Media
Sortie: 2019/03/08

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