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ALCATRAZZ – Dangerous Games

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S’il était, en principe, impossible de s’évader d’Alcatraz (la prison), il n’en allait pas de même pour Alcatrazz (le groupe). Après la cavale d’Yngwie Malmsteen. Graham Bonnet doit faire face à la fuite intempestive de Steve Vai. Cependant, s’il éprouve des difficultés à contenir les hémorragies guitaristiques, le chanteur anglais a prouvé qu’il possédait le don quasi-surnaturel de découvreur de talents. Et en 1986, le monde entier se demande quel lapin aux doigts agiles le magicien va sortir de son chapeau enchanté. Malheureusement, Bonnet n’est pas infaillible et au lieu de dénicher un talentueux anonyme, il préfère s’emballer pour Danny Johnson, un guitariste expérimenté qui a crapahuté aux côtés de Rod Steward, Alice Cooper et Rick Derringer, mais dont le style et la technique sont loin d’être aussi légendaires que ceux des célèbres évadés d’Alcatrazz.

“Dangerous Games” sort le 20 septembre 1986 et la déception est totale. Graham Bonnet chante bien. C’est probablement la seule chose que l’on puisse mettre au crédit de la plaque. Alcatrazz a toujours été une histoire d’équilibre, voire même d’alchimie, entre voix et guitares. Steve Vai et Yngwie Malmsteen avaient apporté leur personnalité et une certaine noblesse à la musique du groupe. Danny Johnson et son jeu transparent sans réelle saveur, creuse la tombe du groupe en quarante minutes chrono. Le manque de prestance du gaillard est tel que ses riffs et ses soli insipides sont relégués à l’arrière-plan. Ce sont désormais les claviers (pourtant pas franchement impressionnants eux non plus) de Jimmy Waldo qui occupent l’essentiel de l’espace sonore. Il ne reste désormais plus grand-chose du Heavy Rock racé qui avait fait la gloire d’Alcatrazz.

Les refrains pop sirupeux, les claviers omniprésents, la batterie aux irritantes sonorités électroniques, les titres au format standardisé atteignant rarement les quatre minutes et l’absence totale d’extravagance guitaristique : tout semble avoir été étudié pour racoler les charts américains de l’époque. Malheureusement, n’est pas Survivor qui veut.

En ouverture, la reprise du classique “It’s My Life” des Animals démarre pourtant de manière assez musclée. Cependant, nos espoirs partent en couille au bout de 30 secondes, lorsque Johnson s’efface pour laisser la place à Waldo. La série de pseudo-hits AOR de seconde zone et les ballades à l’eau de rose qui suivent sont franchement indigne du talent de Bonnet. Ce dernier tente bien de renouer avec un passé glorieux en proposant une nouvelle version de son hit “Only One Women” (NDR : qu’il avait interprété au sein du duo anglais The Marbles en 1968) mais la chanson, plutôt jolie au demeurant, est tout à fait inappropriée dans le cadre d’un groupe à vocation métallique tel qu’Alcatrazz.

Triste fin pour un groupe qui fut jadis incontournable.

Comme il l’a fait pour les trois rééditions précédentes, Metal Mind Productions ajoute gracieusement trois titres bonus au tracklisting original : deux superbes versions live d’“Hiroshima Mon Amour” et “Suffer Me” enregistrés en 1983 au Reseda Country Club de Los Angeles, ainsi qu’une étonnante reprise du classique rock’n’roll “Something Else” d’Eddie Cochran mise en boite lors d’un concert donné à Tokyo.

“Dangerous Games” n’est définitivement pas l’album le plus recommandable de la courte discographie d’Alcatrazz. Cette réédition n’enchantera probablement que les collectionneurs. Les amateurs de Heavy Rock et de guitares néoclassiques qui avaient apprécié “No Parole From Rock’n’roll” et “Live Sentence” préfèreront jeter une oreille sur “Stand In Line”, le premier album solo du guitariste américain Chris Impelliterri, sorti deux ans plus tard et sur lequel Graham Bonnet retrouve enfin toute sa superbe.

L’album (49’22) :

  1. It’s My Life (4’12)
  2. Undercover (3’40)
  3. That Ain’t Nothin (3’53)
  4. No Imagination (3’16)
  5. Ohayo Tokyo (2’59)
  6. Dangerous Games (3’26)
  7. Blue Boar (3’14)
  8. Only One Woman (3’43)
  9. Witchwood (4’00)
  10. Double Man (4’29)
  11. Night Of The Shooting Star (1’05)

Les titres bonus :

  1. Hiroshima Mon Amour [Live at The Country Club, Reseda] (3’42)
  2. Suffer Me [Live at The Country Club, Reseda] (4’33)
  3. Something Else [Live in Tokyo] (3’04)

Le groupe :

  • Graham Bonnet : Chant
  • Gary Shea : Basse
  • Jan Uvena : Batterie
  • Jimmy Waldo : Claviers
  • Danny Johnson : Guitares

Pays: US
Metal Mind Productions – MASS CD 1483 DG
Sortie: 2013/11/11 (réédition, original 1986)

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