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AZZIARD – Vésanie

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Masque à gaz et baïonnette versus casque à pointe et croix de Malte. C’est reparti comme en 14 ! Le timing de la commémoration est parfait puisqu’il y a tout juste cent ans, les hautes sphères européennes s’afféraient à ingurgiter thé et petits fours en envoyant les moins nantis étaler tripes et viscères sur les parois boueuses des tranchées.

N’attendez toutefois pas d’Azziard qu’il aille verser une larme sur les tombes des poilus de l’Yser ou déposer une gerbe au pied de la statue d’un inconnu enrôlé de force. Son devoir de mémoire, le gang l’écrit à coup de riffs, de growls et de blast beats afin de mieux parler à la génération montante.

Azziard est un groupe Black/Death Métal parisien formé en 2001 qui a fait de la Grande Guerre son cheval de bataille. “Vésanie”, son nouvel album, fait suite à un premier manifeste de brutalité dévastatrice intitulé “1916” dont la publication remonte à 2009.

Il n’est manifestement pas question, comme c’est le cas chez Marduk par exemple, d’encenser le massacre et la dévastation au nom de la misanthropie black métallique. Et, plutôt que de se servir du thème de la guerre comme d’une excuse pour justifier les démonstrations de puissance sonore, Azziard préfère utiliser la noirceur et la violence du Black Métal en outil didactique : ici, au moins, la leçon est claire : la guerre, ce n’est pas cool !

“Vésanie” aborde le thème de la Grande Guerre par le biais de l’histoire d’un poilu dont le corps à survécu à l’horreur des tranchées, mais qui y a laissé la raison (NDR : selon le dictionnaire, la ‘vésanie’ est un terme ancien désignant la psychose chronique). Le protagoniste de l’histoire, interné dans un asile d’aliénés, sombre peu à peu dans la folie profonde.

Si vous avez suivi l’évolution du Black Métal au cours des quinze ou vingt dernières années, vous ne serez pas vraiment surpris par les compositions d’Azziard. S’il ne copie aucun des ténors du style, le quintette suit leur exemple en jetant des riffs tranchants et des cris écorchés sur des rythmiques véloces. Pour permettre à sa musique de ne pas sombrer dans la monotonie, il ralentit le tempo à plusieurs reprises. Si, pour vous convaincre, un minimum d’originalité est impératif, vous la trouverez dans les vocaux d’A.S.A. qui régurgite sa douleur haineuse dans la langue de Georges Clémenceau et du maréchal Pétain.

Un mot pour terminer sur la pochette (réalisée par Sect Metastazis) qui, dans le genre malsain est plutôt réussie.

L’album (40’42) :

  1. Allégorie (2’42)
  2. Disjonction (5’39)
  3. De lumière, d’obscurité (6’05)
  4. Sur la toile (6’28)
  5. Dialyse (3’19)
  6. Ekphrasys (5’15)
  7. Dans ma chair (4’42)
  8. Digression (6’28)

Le groupe :

  • Siegfried : Basse
  • Nesh : Guitares
  • A.S.A. : Chant
  • Zyule : Guitares
  • Arkyon : Batterie

Pays: FR
Mortis Humanae Productions / Dooweet MHP035
Sortie: 2014/03/03

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