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REIJA, Xavi – Resolution

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Le monde du jazz-rock catalan se porte plutôt bien. Du côté de Barcelone sévissent en effet quelques athlètes du son, experts sur les guitares, habiles en basse et intraitables sur le fût. On avait déjà eu l’occasion de goûter les talents guitaristiques de Dusan Jevtovic, jeune prodige serbe installé depuis quelques années en Catalogne, sur son album Am I walking wrong?. On le retrouve en invité sur un album d’un autre petit maître du jazz fusion, le batteur Xavi Reija. Jevtovic avait eu l’occasion d’œuvrer avec le bassiste Bernat Hernandez, on retrouve également ce dernier sur le disque de Reija.

Né en 1972 à Barcelone, Xavi Reija n’est pas seulement un batteur hors-pair, c’est aussi un enseignant percussionniste, bardé de diplômes en la matière, un requin de studio ayant opéré pour des dizaines d’artistes jazz, un performer présent sur les scènes de multiples festivals. Cet homme jusque-là souvent employé s’est mis à son compte avec son Xavi Reija Quintet, qu’il transforme ici en trio après avoir congédié sa section de cuivres.

On se retrouve donc face à une structure condensée, axée sur l’essentiel, c’est-à-dire l’interaction entre la guitare, la basse et la batterie, avec l’improvisation comme principe de base. Il ne va pas falloir longtemps pour comprendre que ces trois mousquetaires brillent dans l’exercice. Xavi Reija et son jeu percutant et fluide vient poser les fondations, sur lesquelles la basse aérienne et feutrée de Bernat Hernandez construit les structures à travers lesquelles la guitare de Dusan Jevtovic va venir virevolter, tantôt lente et mécanique, tantôt liquoreuse et aiguisée.

Ça déroule le tapis rouge durant onze morceaux, dépourvus de chant, qui explorent le domaine classique du jazz-rock tout en apportant des idées nouvelles. Les trois hommes traitent habituellement leurs fresques sonores sur des durées de cinq minutes mais ils dérivent parfois sur du format plus long, laissant bien sûr leur imagination fertile aboutir à des petits monuments de technique et de feeling (“Dreamer”, “Gravity”, “Welcome to the end”). La technique de Xavi Reija est époustouflante : à l’aise sur tous les rythmes, l’homme nous sert aussi bien du tempo funk (“Macroscope”), tribal (“Resolution”) que typiquement prog (“John’s song”). C’est aussi sur “John’s song” que Bernat Hernandez délivre son solo majeur, graisseux et fruité comme des attaques signées Tim Bogert ou John Wetton. Et Jevtovic qui plane en permanence sur ces affrontements rythmiques, surveillant la moindre montée en puissance pour venir s’engouffrer dans la mêlée et poser tranquillement ses accords explosifs et brumeux. Il y a vraiment de quoi croire au bonheur en écoutant cette galette.

Jamais exagéré dans la démonstration, toujours posé mais redoutablement technique, savamment aventureux, cet album de Xavi Reija et de ses sicaires est un ravissement pour l’oreille, le cœur et l’âme.

Pays: ES
Moonjune Records
Sortie: 2014

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