CAUVIN, Philippe – Des mots sur des notes

Le troisième des CD consacré à Philippe Cauvin nous emmène à la fin des années 1980, une décennie particulièrement difficile pour des artistes de sa trempe, plus préoccupés par la poésie et la musique des sphères que des performances commerciales alourdissant le portefeuille des artistes et surtout de leurs managers, comme c’était le cas durant ces années-fric que furent les années 80. En 1989, Philippe Cauvin est disponible pour de nouveaux projets, après l’expérience de son Philippe Cauvin Groupe. Son ami Bernard Dauman, producteur de son état, parvient à le convaincre de prendre le train de la musique pop de variétés, qui rencontrait encore un certain succès à l’époque, avec des groupes comme Gold, par exemple.

Philippe Cauvin accepte donc l’idée d’un album résolument commercial, avec des textes et de la musique accessible à la ménagère de moins de 50 ans qui hante les rayons disques des supermarchés de banlieue. Il n’est cependant pas question de faire dans la vulgarité et l’écriture des chansons va échoir à Maïté Dallet, compagne de cœur et de scène qui a déjà écrit des textes pour Cauvin à l’occasion du Philippe Cauvin Groupe. De la cinquantaine de textes pondus par Maïté Dallet, treize seront retenus pour ce “Des mots sur des notes”, dont la conception va prendre quelque temps. Un autre vieux camarade de Philippe Cauvin se joint à l’expérience : le pianiste Serge Korjanevski, qui a travaillé et travaillera encore longtemps avec Philippe Cauvin. Ce dernier est confiant dans ce futur album, d’autant plus qu’il est arrangé par le troisième homme du duo Souchon-Voulzy, Michel Coeuriot. Avec un tel personnage derrière les manettes, on devrait pouvoir arriver à quelque chose mais, après plus d’une année de travail dans des studios bordelais et parisiens, le projet prend la direction des oubliettes.

Cet album ne ressortira des étagères poussiéreuses qu’en 2015, pour être intégré à la collection des six CD du label Musea. On y découvre une musique qui fit sans doute les heures chaudes de la fin des années 80 mais qui est assez dépassée aujourd’hui. On oscille pour résumer entre Gold, Bernard Lavilliers, Klaxon et Julien Clerc. Autrement dit, le poids des Eighties enfonce franchement cette musique dans la glaise du passé, sans espoir de rebondir dans l’époque contemporaine. Néanmoins, on peut prêter une oreille aux textes pas toujours sots, tout en sincérité, et sourire à l’écoute des batteries électroniques et des synthétiseurs qui nous rappellent le bon vieux kitsch des années 80. Les nostalgiques de cette époque y trouveront de quoi s’épancher mais ceux qui associent Philippe Cauvin à la musique folk expérimentale resteront sur leur faim sur ce coup-là.

Pays: FR
Musea Records
Sortie: 2015