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ETRON – Mental observation of free old women

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Les post-punkers bruxellois d’Etron continuent leurs méfaits musicaux avec un nouvel album qui poursuit leur œuvre hors des sentiers battus et des routes commerciales. Rien qu’avec le titre de cet album, on est en mesure de comprendre qu’on va encore être promené dans l’invraisemblable et dans le bizarre. Pour les distraits ou les novices qui ne connaissent pas Etron, rappelons que ce groupe (d’abord duo, puis trio fixé autour du guitariste-chanteur Suzy Cumshot, du bassiste Billy Jr et du batteur Malvir Léon) opère depuis le début des années 2000 et en est à son plus ou moins 18e album, après les récents Karim a bien mangé (2015), Cosmic Ukrainian (2013), A world of nerds (2009) ou Joe Ball (2007).

Etron nous a habitués à abandonner toute logique au moment d’aborder sa musique. Fidèle à sa philosophie, le groupe persiste avec ce nouveau “Mental observation of free old women”. Quand on met les mains dans la chose, on finit par découvrir que le contenant est peut-être plus farfelu que le contenu. Des photos dans le livret du CD montre les trois hommes d’Etron marcher sur une plage avec une vieille dame. Sur une autre photo, ladite vieille dame esquisse un swing avec un club de golf, prêt à percuter des poussins posés sur le derrière dénudé d’un des musiciens allongé sur le sol. Tout va bien, tout est normal, on est avec Etron… Mais encore mieux, ce sont les commentaires qui accompagnent les chansons qui sont proprement délirants. Une première phrase donne une explication vaseuse (et souvent salace) du sens de la chanson. Une deuxième phrase propose une deuxième lecture tout aussi salace (et souvent vaseuse) de la chanson. Enfin, une astuce permet de déboucher sur une conclusion idiote et – devinez – bien souvent salace.

Dans une atmosphère aussi dingue, on aurait pu imaginer des morceaux de musique tout aussi frappés. Ce n’est pas vraiment le cas ici avec un post-punk pas aussi fou qu’on aurait pu espérer. Mais cela ne veut pas dire qu’Etron s’est mis au rock progressif parfaitement prévisible. Les thèmes de prédilection continuent de tourner autour de la décadence (une ode à la masturbation sur “Big black”, une autre à la boisson sur “Old women”), d’une certaine mélancolie (“Brocante”) ou d’un romantisme suranné (“Tell me why”). Musicalement, le groupe musarde dans des territoires gardés par les Cure ou Sonic Youth, pour résumer grossièrement. C’est pour cela qu’il n’y a pas de grandes surprises du côté musical mais les atmosphères lourdes entretenues par de sombres guitares, un chant évanescent et des rythmiques aux sonorités électroniques donnent un certain charme angoissant à toute cette affaire.

On a donc affaire ici à un cru Etron 2016 sans génie particulier mais néanmoins agréable, avec un petit grain de folie et d’humour décalé qui se développe plus autour de la musique du groupe qu’à l’intérieur.

Pays: BE
Dark Dog Records DDR 18
Sortie: 2016

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