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MARSHALS (The) – Les Courriers session

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A bien des égards, on pourrait comparer les Français de The Marshals aux Américains des Black Keys : même amour du blues rugueux et rural, même minimalisme viril, même souci d’aller frapper directement là où ça fait mal. Certes, mais il ne faut pas oublier que les Black Keys ont désormais vendu leur âme aux démons du commerce en noyant leur blues originel dans une soupe pop et rhythm ‘n’ blues indigne. Ce qui fait que les derniers tenants d’un blues-rock authentique nourri à la testostérone, ce sont The Marshals.

Vous allez me dire, The Marshals, personne ne connaît. Eh bien, vous connaîtrez après avoir lu cette chronique. Il faut dire que la notoriété des Marshals est peut-être handicapée par le fait que ce trio est originaire de Moulins, en plein centre de la France. Dans ces conditions, difficile de monter à Paris pour aller pérorer dans les cocktails des labels bien établis ou arracher la notoriété par la seule sueur laissée sur les planches des salles de concerts de la capitale.

Il n’en reste pas moins que The Marshals persistent dans leur quête du blues authentique, un pèlerinage qu’ils ont entamé en 2010 et qui se solde déjà par quatre albums : “21 Cordeliers Street session” (2010), “Coudray session” (2012), “AYMF session” (2014) et le tout nouveau “Les Courriers session”. Les noms étranges de ces albums s’expliquent par le fait que The Marshals donnent à leurs disques les noms des endroits où ils ont enregistré. Par conséquent, le dernier album porte son nom parce qu’il est enregistré au lieu-dit Les Courriers, à Châtel-de-Neuvre au sud de Moulins.

Mais il ne va pas être question ici de cor alpin et de clochettes actionnées par les brebis des alpages. Les Marshals décochent un blues lourd et tranquille, lézardé de coulées chaudes et profondes de la guitare de Julien Robalo (par ailleurs chanteur et principal pourvoyeur de titres dans le groupe), enluminé d’ingénieuses interventions d’harmonica de Laurent Siguret et martelé à la dure par la batterie de Thomas Duchezeau. Le premier morceau “I gave my wallet to the poor” met tout le monde d’accord d’entrée de jeu : ces types-là ne sont pas venus pour plaisanter avec le blues. Ils en défendent une vision pure et dépouillée, caillouteuse en diable et sculptée à mains nues dans l’argile fétide du Delta du Mississippi. On retire son chapeau devant l’impeccable “Good old days”, près de huit minutes de tambouille blues relevée à coups d’harmonica princier et de rythmique marathonienne. On retrouve ses classiques avec une reprise granitique du “Folsom prison blues” de Johnny Cash. On cherche désespérément son chemin dans le désert du Nouveau Mexique avec un “Six feet tall” sablonneux et aride. On hurle à la lune comme un vieux loup pouilleux en entendant le mélancolique “Lullaby” et on se retrouve tout nu et grelottant au carrefour des routes qui mènent à Clarksdale sur le final “Keep my gold”, tailladé avec maîtrise et grandeur par une guitare nonchalante et grognonne. Il est indiqué sur le Net que cet album contient un titre bonus, reprise du “Rockin’ daddy” d’Howling Wolf, disponible sur la version CD uniquement.

Pays: FR
Freemount Records
Sortie: 2016/11/04

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