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HAVOK – Conformicide

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On a beau dire, on reste toujours marqué par la musique que l’on écoutait à l’adolescence. Je me souviens toujours avec émotion des doux moments où j’attaquais le bois du bureau de ma chambre à coups de hache en écoutant les premiers Slayer ou les premiers Exodus. C’était le bon temps… Et comme ce temps passe inexorablement, on s’éloigne toujours davantage du moment initial où la rage primale était à son plus haut point. D’autant plus que nos chers Slayer et Exodus approchent de plus de plus de l’âge de la retraite et du séjour à la maison de repos où ils pourront bientôt sucrer les fraises. Mais l’espoir n’est jamais perdu car le thrash metal parvient toujours à renaître de ses cendres avec le concours de nouvelles générations de groupes qui reprennent le flambeau et donnent encore envie d’attaquer les meubles à coups de hache pour communier pleinement au bonheur de l’écoute d’une musique qui prend toujours aux tripes.

La nouvelle génération du thrash metal était déjà pas mal fournie avec des combos comme Angelus Apatrida, Municipal Waste, Toxic Holocaust, Warbringer, Evile ou Bonded By Blood mais il ne faudrait pas non plus négliger un autre petit groupe qui monte de plus en plus, à savoir Havok. Et la sortie de son excellent quatrième album va être l’occasion de parler un peu de ce combo de Denver dans le Colorado.

Formé en 2004 par David Sanchez (chant et guitare), Shawn Chavez (guitare), Marcus Corich (basse) et Haakon Sjoegren (batterie), Havok connaît pas mal de changements de personnel au niveau de sa section rythmique avant la sortie de son premier album “Burn” en 2009. A l’époque, les adorateurs de Megadeth, Sepultura et Slayer ont trouvé refuge chez le label Candelight Records qui s’occupe de signer des groupes métal mythiques des deux côtés de l’Atlantique (Emperor, Opeth, Corrosion of Conformity, Anaal Nathrakh, Enslaved, Insomnium, Obituary, Absu, Onslaught, Nachtmystium, Orange Goblin, Ihsahn, Crowbar…). Dès ce premier album, on sent une patte héritée d’Exodus ou de Testament chez ces thrashers de la nouvelle génération.

C’est avec “Time is up” (2011) qu’Havok commence à se faire connaître en dehors de ses frontières. Le line-up s’est stabilisé autour du patron David Sanchez, Reece Scruggs (guitare), Jessie De Los Santos (basse) et Pete Webber (batterie). Le style est toujours aussi brutal et les idées de riff cannibale foisonnent. C’est à ce moment que, sous la bannière de cet album que beaucoup considèrent comme un symbole de la renaissance du thrash metal, Havok vient montrer son joli minois poilu et bavant sur les scènes des festivals européens. La montée en puissance continue à s’exercer avec le troisième album “Unnatural selection” (2013, préalablement annoncé par un EP “Point of no return” de 2012 qui proposait en reprises le “Arise” de Sepultura” et le “Post morten/Raining blood” de Slayer) qui atteint la 186e place du Billboard américain. A l’époque, Jessie De Los Santos a été remplacé par un certain Michael Leon. On repère sur cet album une évolution vers plus d’élaboration des compositions et une tournure (très) légèrement progressive. Que les allergiques au prog se rassurent : Havok cogne magnifiquement bien sur cet album et nous gratifie même d’une reprise galvanisée du “Children of the grave” de Black Sabbath.

Et nous en arrivons cette année au dernier rejeton vinylique d’Havok, qui se présente aujourd’hui avec un nouveau bassiste, Nick Schiendzelios (également dans Cephalic Carnage), les autres membres restant fidèles au poste sous la houlette du toujours fringant Dave Sanchez. Ce dernier semble plus inspiré que jamais avec de nouveaux textes dénonçant les turpitudes politiques du monde et surtout des compositions toujours plus travaillées, mais toujours au service d’une vision charcutière du thrash metal. Plusieurs morceaux tournent autour des six minutes, voire les dépassent largement. On est aussi surpris par quelques innovations, comme cette introduction assez funky qui démarre le premier morceau “F.P.C.” sonnant quelque peu comme du Faith No More. Mais cela ne dure pas bien longtemps et les marmites de l’enfer ne tardent pas à être rapidement envoyées en masse sur les oreilles déjà rouges des auditeurs.

Cette petite tournure technique rapproche presque Havok de ses prédécesseurs du style Voivod (l’ingénieux “Ingsoc”, de près de huit minutes) ou Mekong Delta, groupe allemand des années 80 dont on ne saurait trop recommander la redécouverte. Havok garde néanmoins sa personnalité propre et canarde copieusement à coups de riffs assez inventifs qui retiennent immédiatement l’attention (“Intention to deceive”). Des introductions acoustiques en quarte augmentée (“Dogmaniacal”) ou annoncées à coups de roulements de tambours (“Masterplan”) font également patienter en attendant des assauts d’une brutalité imparable. “Peace in pieces” n’échappe pas non plus une introduction surprenante, prélude à un thrash toujours inextinguible. Jusqu’à présent, le niveau d’inventivité était tel qu’on en reste un peu sur sa faim au moment des derniers titres, très bons mais plus classiques que leurs prédécesseurs (le final “Circling the drain” situé dans une veine assez Megadeth). Cela n’empêche pas “Conformicide” de mettre de gigantesques coups de boutoir dans les tympans et de faire gagner à Havok des galons d’espoir confirmé de la nouvelle génération du thrash metal.

La sortie de ce nouvel album est appuyée par une grosse tournée européenne printanière où les hordes d’Havok vont ravager le royaume des Angles et des Saxons, le Saint-Empire germanique, les états vikings, l’Autriche-Hongrie, le royaume des Francs et celui des Lombards. Les Eburons et les Nerviens sont aussi sur la liste avec un passage du groupe au Muziekodroom d’Hasselt le 5 avril prochain, plus un crochet chez les tribus bataves à Tilburg le lendemain. Avis aux amateurs de sensations fortes et de haches finement aiguisées.

Pays: US
Century Media
Sortie: 2017/03/10

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