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XIU XIU – Forget

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Depuis maintenant une quinzaine d’années, le groupe américain Xiu Xiu se fraie un chemin dans la scène électro expérimentale, avec des résultats qui démontrent un peu plus à chaque fois sa maitrise de sujets musicaux complexes et son imagination tourmentée. Formé en 2002 par Jamie Stewart après ses passages dans Ten In The Swear Jar, Former Ghosts et Sal Mineo, Xiu Xiu tire son nom du film chinois “Xiu Xiu, the sent down girl” (1998) qui raconte la descente aux enfers d’une jeune chinoise parti élever des chevaux avec un groupe d’hommes qui ne cesseront d’abuser d’elle jusqu’à sa fin tragique. On voit déjà que nous ne sommes pas dans la rigolade à tous les étages avec Jamie Stewart, musicien torturé dont la vie n’a pas toujours été rose.

Xiu Xiu démarre sa production discographique assez rapidement et affiche maintenant près d’une quinzaine d’albums en quinze ans. Parmi les plus remarqués, citons “Knife play” (2002), “A promise” (2003), “Fabulous muscles” (2004), “La forêt” (2005) ou “Plays the music of Twin Peaks” (2016). Xiu Xiu collabore également avec de nombreux artistes, comme Chad Vangaalen, Grouper, Merzbow ou Eugene S. Robinson (Oxbow). Le personnel est assez changeant autour du patron Jamie Stewart, qui put compter sur sa cousine Caralee McElroy comme multi-instrumentiste entre 2004 et 2009. On a pu aussi voir dans Xiu Xiu un musicien comme Jherek Bischoff, qui a participé aux débuts du groupe en 2002-2004 avant de partir accomplir une riche carrière dans de nombreux groupes (Parenthtical Girls, Led To Sea, Degenerate Art Ensemble, The Dead Science, Casiotone For The Painfully Alone). Citons aussi Ches Smith, percussionniste polymorphe qui a opéré chez Xiu Xiu jusqu’en 2013 et a aussi joué dans une pléthore de groupes (Good For Cows, Tim Berne, John Zorn, Secret Chiefs 3, Theory Of Ruin…).

Actuellement, Jamie Stewart travaille avec Angela Seo (synthétiseurs, orgue, percussion), et Shayna Dunkelman (même instruments). Il a invité de nombreux artistes sur le dernier album de Xiu Xiu, comme Vaginal Davis (chant), Greg Saunier (de chez Deerhoof), Devin Hoff (contrebasse), l’invraisemblable Charlemagne Palestine (carillon), Chiara Lee (chant), Tanisha Hall (chant) ou Kristof Hahn (guitare). Voilà une équipe étoffée pour un disque étoffé, d’où sort une atmosphère tendue et nerveuse. Le chant plaintif et tourmenté de Jamie Stewart rappelle Robert Smith de Cure. “Forget” passe par plusieurs phases mais le gros de l’affaire réside dans des mid-tempos soigneusement produits (“Queen of the losers”, “Wondering”). De la dance, on passe progressivement à des choses plus langoureuses (le poignant “Get up”, le dépressif “Hey choco bananas”) qui imposent de plus en plus d’ambiances lourdes, voire étouffantes (“Jenny GoGo”, “At last, at last”). Côté paroles, ce n’est pas vraiment la grande joie printanière : la solitude, le désespoir, la rupture, la haine de soi s’invitent plus que de raison sur un album qui se termine sur les mots “I was born dead and I was born to die” sur le quasi-drone “Faith, torn apart”.

Nous sommes résolument plongés ici dans des ambiances plombées, anéantis par l’impossibilité du bonheur, hantés par des angoisses incommensurables. “Forget” n’est pas à mettre entre toutes les oreilles si vous avez envie d’un peu de détente. Ce serait plutôt conseillé pour les jours de pluie.

Pays: US
Altin Village & Mine Records
Sortie: 2017/02/24

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