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OCEANS OF SLUMBER – The banished heart

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Ayant déjà poussé la porte ouvrant sur une certaine notoriété avec son précèdent album Winter (2016), les Texans d’Oceans Of Slumber pourraient bien continuer le chemin pour finalement arriver à une très grande notoriété avec l’extraordinaire album qu’ils viennent de commettre et qui s’appelle “The banished heart”.

Il semble en effet qu’Oceans Of Slumber ait trouvé la voie qui mène vers l’excellence et qu’il soit en ce moment en pleine période créatrice constructive, malgré les douleurs qui ont pu frapper certains membres du groupe récemment. Le patron de l’affaire, le batteur Bobber Beverly, reste hyperactif malgré un divorce difficile. Il joue également dans deux autres groupes dont il est l’initiateur, Demonical Genuflection et Ingurgitate, des combos plus extrémistes qu’Oceans Of Slumber. Dans ces groupes figurent aussi le bassiste Keegan Kelly et le guitariste Anthony Contreras, qui opèrent également dans Oceans Of Slumber depuis sa création en 2011. La chanteuse Cammie Gilbert, voix formidable, vient de perdre son père, emporté par un cancer après sept années de lutte contre la maladie.

L’activité fébrile et le chagrin ont permis à Oceans Of Slumber de signer ici un nouvel album tout en contrastes, alliant des moments de romantisme triste à des accès de fureur irrépressible. La voix de Cammie Gilbert est tout simplement somptueuse, ce qu’elle nous sort sur la plage titulaire “The banished heart” provoque immanquablement une éruption des glandes lacrymales. Ce morceau placé en quatrième position sur l’album arrive juste au moment où l’auditeur a été pris en main par un déjà impressionnant premier morceau “The decay of disregard”, suivi du schizophrénique “Fleeting vigilance” qui allie chant féminin gracieux et borborygmes masculins et surtout batterie hyper rapide en contrepoint de la lenteur du tempo du chant et des guitares. Inutile de dire que les esprits sont chauds et prêts à suivre le groupe dans ses pérégrinations musicales, d’autant que “At dawn”, un autre des trois titres dépassant les huit minutes sur cet album, a aussi fait le boulot d’attendrissement des cuirs, avec à nouveau une confrontation entre la candeur de Cammie Gilbert et de la brutalité surexcitée de Keegan Kelly lorsque celui-ci déboule sur un chant soutenu par une rythmique death metal virulente. Mais “The banished heart”, les enfants, quel morceau! Neuf minutes d’immense grandeur, avec des sonorités métal mises en retrait au profit du chant et de passages de piano, le tout sur neuf minutes de pure beauté. C’est tout le lys dans la vallée, les souffrances du jeune Werther, le théâtre de Büchner et la dame aux camélias qui vous tombent sur le paletot en même temps.

Après ça, il va falloir assurer pour terminer l’album, ce qui va être encore long puisque l’œuvre dure près d’une heure et cinq minutes. On passe d’abord par une phase de réfrigération avec un instrumental de facture énorme (“The watcher”), deux minutes de synthétiseurs archi compressés. Puis “Etiolation” et “A path to broken stars” viennent nous ruiner le moral avec des paroles évoquant l’autodestruction et le manque d’amour, le tout encadré par une rifferie impeccable, dues aux actions convergentes des guitaristes Anthony contreras et Sean Gary. Et au moment où on se sentait emporté par un métal épique et chevaleresque, voilà que “Howl of the rougarou”, avec sa simple guitare sèche, son chant dépouillé et un son provenant d’une arrière-salle de buanderie vient nous surprendre. Ce passage n’était en fait qu’une introduction à une suite bien mieux produite et beaucoup plus ample, toujours parcourue de changements de rythmes soudains. Il y est question d’amour, tout comme sur “Her in the distance”, petite pièce pianistique aux atmosphères pesantes.

On termine sur des notes apaisées, avec la tendresse de “No colour, no light” et un échange vocal puissant entre Cammie Gilbert et Tom S. Englund (invité en provenance d’Evergrey), encore sept minutes d’émotion impériale. Et comme il l’avait déjà fait sur le précédent album, Oceans Of Slumber termine avec quelque chose en décalage complet par rapport à l’ensemble, avec le gospel douillet et synthétique de “Wayfairing stranger”, nouvelle preuve de l’esprit de fusion résolument entretenu par le groupe.

On pense à Paradise Lost, Lacuna Coil ou Opeth en écoutant cet album, mais il y a également quelque chose de complétement personnel à Oceans Of Slumber, un groupe avec qui il va falloir compter. Si ces gens nous refont un album de ce tonneau lors de la prochaine livraison, les jours heureux du métal progressif sont assurés.

Pays: US
Century Media
Sortie: 2018/03/02

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