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JUDAS PRIEST – Firepower

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Si les prémices du Heavy Metal sont à chercher du côté de Cream, Jimi Hendrix, Blue Cheer, Steppenwolf ou les Yardbirds (groupe qui donnera naissance à Led Zeppelin), c’est bien Black Sabbath qui a posé les fondements du genre pour en devenir le créateur ultime. La plupart des amateurs de rock seront d’accord là-dessus.

Mais comment aurait évolué ce style musical sans l’avènement de Judas Priest (et Mötörhead) à la fin des années 70? En pleine explosion Punk, les “Metal Gods” réussirent à canoniser le Metal pour lui conférer jeunesse éternelle et modernité absolue. A l’origine de la fameuse New Wave Of British Heavy Metal du début des 80’s, principale influence du Power Metal (les groupes allemands bénissent Judas), plébiscité par les thrashers, le quintet anglais dont les riffs métalliques ont eu des répercussions indéniables a touché toutes les sphères du Heavy Metal … En ce sens, l’importance historique de Judas Priest est capitale et, dès les années 80, le groupe a méritoirement accédé au panthéon de l’histoire du rock.

Malgré deux excellents extraits dévoilés en avance, les nouvelles n’étaient pas excellentes concernant l’actualité du groupe ces dernières années : départ de K.K. Downing en 2011 (magistralement remplacé par Richie Faulkner) et plus récemment Glenn Tipton qui se voit dans l’obligation de faire une croix sur la prochaine tournée à cause de la maladie de Parkinson (remplacé par le co-producteur de «Firepower», Andy Sneap). Ce qui, heureusement, n’a en rien altéré ses talents de compositeur, bien aidé par la fraicheur de Faulkner et la bonne forme retrouvée de Rob Halford.

Visuellement, la pochette du disque nous rappelle volontairement celle de “Screaming For Vengeance”. Ce clin d’œil évoque-t-il un retour aux sources après l’ambitieux “Nostradamus” et l’inégal “Redeemer Of Souls” ? Exactement ! Et c’est plus qu’une réussite, c’est une vraie claque qu’on prend en pleine tronche tout au long de ces 14 titres !

Le véritable tour de force de “Firepower” c’est cette idée de génie d’en confier les rênes à deux producteurs de renom : l’emblématique Tom Allom pour le côté rétro (pour rappel, LE producteur du Priest dans les 80’s) et l’excellent Andy Sneap pour la modernité et le gros son. Point de conflits de générations ici, la recette fonctionne à merveille et saute aux oreilles dès le premier titre, à savoir la plage titulaire de l’album (“Firepower”).

Les titres s’enchaînent dans un tourbillon de gros riffs, de tempos lourds ou plus speed bastonnés par la section rythmique Travis/Hill. On est aussi impressionné par le travail vocal d’un Halford en forme qui utilise son organe intelligemment en modulant à merveille les capacités actuelles de sa voix selon les ambiances. De l’hymne typiquement Judas “Lightning Strike” aux plus menaçants “Evil Never Dies” ou “Necromancer”, le Metal God assure et sait se montrer rageur ou vicieux quand il le faut.

Clairement, on navigue dans une sorte de condensé de tout ce que le Priest a proposé de mieux entre 1980 et 1990. Riffs mordants et d’une efficacité insolente, batterie percutante, vocaux travaillés avec de gros refrains et duos de guitares mélodieuses. Tout ça en évitant soigneusement l’auto-parodie grâce à une créativité bien présente sur chacun des titres de l’album.

Vers le milieu de l’opus arrive, mesdames et messieurs, une vraie perle sur deux plages constituée d’abord de “Guardian” qui est en fait la magnifique intro au piano du splendide “Rising From Ruins”. La montée des harmonies de l’intro est un pur moment de grâce et la suite a tout pour devenir un classique du Heavy Metal évoquant des brûlots tels que “Night Comes Down” (1984 sur “Defenders Of The Faith”) ou “A Touch Of Evil” (1990 sur “Painkiller”).

Alors qu’on pourrait s’attendre à une légère baisse de régime, on est surpris par une véritable montée en puissance dans cette seconde partie de l’œuvre. “Spectre” ou encore “Traitor’s Gate” nous en mettent encore plein les oreilles en proposant des riffs killers et des soli de toute beauté.

On a même droit à un véritabe Hit Heavy avec “No Surrender” dont le refrain viril nous martèle la mémoire pour mieux nous empoisonner.

Après la lourdeur sabbathienne de “Lone Wolf”, on termine en semi-douceur avec la power ballade “Sea Of Red” qui, si elle ne se rapproche pas de l’excellence d’un “Victim Of Changes”, n’en demeure pas moins de qualité et remarquablement interprétée.

Sans frioritures et avec une classe énorme, Judas Priest nous livre avec ce “Firepower” l’œuvre ultime de pur Heavy Metal, à ranger parmi ses plus grands classiques de la période 80-90 que sont “British Steel”, “Screaming For Vengeance” et “Painkiller”.

Près de 45 années de carrière et 45 millions d’albums vendus plus tard, le Priest impressionne et donne le sentiment que, tel un boxeur dans un combat de légende, il vient de donner son dernier uppercut tout en puissance et en maîtrise lors du dernier round, pour remporter son ultime combat. Les usurpateurs sont KO et le public se lève, admiratif, applaudissant à tout rompre la démonstration symbolique de cette « puissance de feu » (Firepower).

  1. Firepower
  2. Lightning Strike
  3. Evil Never Dies
  4. Never the Heroes
  5. Necromancer
  6. Children of the Sun
  7. Guardians
  8. Rising from Ruins
  9. Flame Thrower
  10. Spectre
  11. Traitors Gate
  12. No Surrender
  13. Lone Wolf
  14. Sea of Red

Pays: GB
Epic records
Sortie: 2018/03/09

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