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YOUFF – Et cetera

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La scène underground gantoise n’a pas fini de nous étonner avec l’émergence de ce duo Youff qui pratique une noise hardcore énergique et désespérée, de quoi réveiller les morts tout en leur donnant immédiatement l’envie de se suicider.

Youff cultive l’underground dans les règles de l’art, jusqu’à rester discret sur les détails de son existence, livrant peu d’informations sur l’identité de ses membres, les projets de tournée, les projets d’albums et autres fadaises qui amusent la presse people. Ici, la production de disques se fait au jugé, dans l’urgence et sans plan préconçu. Alexander (basse et chant) et Manu (batterie et chant) sortent des œuvres à une cadence soutenue depuis octobre 2013, mois de leur rencontre et de leur association dans Youff. C’est d’abord l’EP “Bait” quatre titres qui sort en septembre 2015, puis l’EP sept titres “Meh” en mai 2016, et l’EP quatre titres “Spit” en juillet 2017. “Et cetera” contient une dizaine de morceaux et peut être considéré comme leur premier album long format.

Les premières œuvres de Youff ne laissaient aucun doute quant à l’orientation du duo, impliqué dans un vacarme jusqu’au-boutiste travaillé à grands renforts de basse fuzz et de cognements effrénés, anti-mélodiques et arythmiques. Sans surprise, “Et cetera” reprend ces formules efficaces et nous emmène dans une vaste entreprise de démolition des tympans et des neurones. Sur le chantier, une basse-pilon émet des vibrations robotiques et épileptiques tandis que la batterie vient damer le terrain sous des coups de boutoir fiévreux et excités. L’instrumental est assez présent mais quand le chant s’y met, c’est pour venir hurler des cris à travers un micro distordu. Youff commet ses méfaits sonores au travers de titres relativement courts (deux à quatre minutes) dont certains ont le don d’instiller des ambiances martiales ou inquiétantes (“Spurting diamonds”, “None”). Le duo fou nous garde le grand œuvre pour la fin, avec un “Kwaadmechelen” qui affiche plus de onze minutes de rythmiques tendues comme les nerfs d’un militant des droits de l’homme apprenant la réélection de Poutine. La basse réalise ici un effort incroyable, à pleine vitesse durant des minutes entières, alors que le batteur canarde ses fûts comme un dément sans jamais s’arrêter. Des stridences électriques viennent égayer cette atmosphère de folie furieuse, histoire de bien mettre le système nerveux à vif. Vers la septième minute, on sent la fatigue des musiciens, ce qui occasionne un changement de tempo, mais toujours dans le kilométrage maximum. Ce morceau est le truc idéal pour finir un concert. Après, les musiciens n’ont plus de muscles, plus de doigts, plus de sueur à dépenser. Et le public n’a plus de système nerveux, ça tombe bien.

Pays: BE
Consouling Agency
Sortie: 2018/03/23

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