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TANK – Sturmpanzer

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Avec Tank, nous ouvrons le grimoire maudit de la New Wave Of British Heavy Metal des années 80 et nous retrouvons une légende des temps héroïques, Monsieur Algy Ward, qui peut aussi s’enorgueillir d’avoir appartenu à un autre groupe anglais mythique, les fameux Damned. Sauf que la légende a pris un peu de plomb dans l’aile ces dernières années avec un Tank qui a connu des dissensions pas banales, au point de se retrouver séparé en deux entités qui se disputent le même nom. Notre ami Michel Serry a raconté les dernières aventures de Tank par le menu dans sa chronique de Valley of tears, un album paru en 2015 et attribué aux deux autres acolytes du bassiste Algy Ward, à savoir Cliff Evans et Mick Tucker, qui faisaient partie du line-up des années 80 au moment de l’énorme “This means war” (1983) et du non moins excellent “Honour and blood” (1984).

Cette chronique annonçait également un album du Tank d’Algy Ward, qui devait s’appeler “Sturmpanzer” et sortir incessamment en… 2015. Or, nous voici en 2018 et c’est seulement maintenant que cet attendu “Sturmpanzer” daigner sortir le bout de son canon de 88 mm du bosquet où il était en embuscade depuis trois ans. Et lorsqu’on va écouter ce qu’il y a dans ce “Sturmpanzer”, on va vite comprendre que nous n’avons pas affaire ici à un char Tigre surarmé mais tout au plus à une petite automitrailleuse équipée d’un fusil de chasse rouillé.

Pour sortir son album, Algy Ward est allé trouver refuge chez le label Dissonance, qui publie depuis trois ans des rééditions de vieux fantassins de la New Wave Of British Heavy Metal (Raven, Girlschool, Jaguar, Warfare, Venom, Samson, Vardis, Cloven Hoof…). Voyant l’uniforme usé du chef de char Algy Ward, Dissonance l’a recruté pour lancer un baroud d’honneur avec ce nouvel album, c’est tout à son honneur mais voilà, il y a un os.

Dès les premières minutes de l’assaut, on sent que l’offensive d’automne d’Algy Ward et de ses troupes, qui se réduisent à sa seule personne opérant sur tous les instruments, ne va pas tarder à s’embourber. “2000 miles away” révèle déjà une voix faiblarde qui se plait à ânonner des refrains répétitifs, le tout sous une production étouffée assez désagréable à l’oreille. Les tirs opérés par les chars d’Algy Ward frappent à côté des objectifs, comme ce “March” assez bravache et crétin qui recycle quelques paroles gueulées ad libitum. On tombe dans le même travers sur “No more war” et “First they killed the father” qui partent d’un bon sentiment mais qui dénotent un manque cruel d’imagination. L’honneur du drapeau de Tank est quelque peu lavé sur les un peu plus convaincants “Lianne’s crying” ou “Which part of fuck off don’t you understand?” qui renoue avec l’attitude punk hardcore des débuts de Tank. Je m’apprêtais à refuser la reddition du commandant Ward pour l’écraser sans ménagement sous une tonne d’obus antichars lorsque le commandant sauva sa peau avec une reprise de “Little darling” de Thin Lizzy. La vache! Il est malin, ce Ward : m’avoir aux sentiments avec un de mes morceaux préférés de Thin Lizzy, et qui plus est avec une reprise convaincante, voilà qui lui permettait de s’échapper d’un encerclement qui lui aurait valu une défaite cuisante. Mais il restait encore deux morceaux à achever pour pouvoir espérer terminer avec quelques honneurs militaires. Et le char du commandant Ward percute malheureusement un champ de mines avec l’abscons “Revenge of the filth hounds, part 1 & 2″ qui mélange mélopées guerrières indiennes et exercices prétentieux aux claviers, avant un lâchage de gros rythmes bourrins qui n’apportent rien de nouveau. Et pour la fin, j’avoue que je ne comprends pas. La liste officielle des morceaux de l’album, visible sur différents sites Internet, signale la présence d’un instrumental baptisé “Für Reich und Fatherland” (déjà fin, comme référence…). Or, la copie digitale que j’ai reçue ne contient pas ce titre mais propose à la place “Field recording of the field” qui n’est qu’un amas de bruits divers se terminant par un coucou et… deux minutes de sonnerie d’un téléphone. Alors là, pas d’hésitation : le commandant Ward est directement collé au poteau et passé par les armes. Crime de guerre, crime auditif contre l’humanité…

Donc, si l’on doit choisir entre le Tank d’Algy Ward et celui de Tucker et Evans, on comprendra facilement pourquoi le dernier album “Valley of tears” de ces derniers doit pour le moment être considéré comme relevant l’honneur d’un groupe qui méritait mieux que ces tribulations ayant abouti à une division de forces qui auraient tout intérêt à se réunifier.

Pays: GB
Dissonance Productions
Sortie: 2018/11/09

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