ANNABEL LEE – Drift
Trois ans presque jour pour jour après leur premier album, les Bruxellois d’Annabel Lee publient la suite de leurs aventures. Mais contrairement à l’excellent Let The Kid Go qui avait vu le jour au tout début du confinement, l’environnement autour du très attendu “Drift” se veut nettement moins anxiogène. Rappelez-vous, c’est seule depuis un triste studio qu’Audrey Marot avait alors présenté ses nouvelles compositions en streaming au lieu de le faire en compagnie des fidèles Jérôme ‘Vankou’ Damien et Hugo Claudel dans une salle entièrement acquise à leur cause. Ils devront en effet attendre dix-huit mois et les Nuits du Bota pour connaître ce moment tellement mérité.
Entre-temps, “Let The Kid Go” avait été méritoirement récompensé d’un Octave de la musique et le groupe avait déjà une idée très précise de la direction souhaitée pour leur deuxième livraison. Celle-ci les mènera du côté de Laval où ont été enregistrés les dix titres de “Drift” en compagnie d’Amaury Sauvé, producteur notamment du dernier It It Anita dont le titre porte d’ailleurs son nom. On devait donc s’attendre à un son plus rugueux et le deuxième single avant-coureur, le furieux “High Anxiety”, cochait absolument toutes les cases. Il s’agit sans aucun doute du point culminant d’un album qui ne manque pas de temps forts. Dans la même veine, le très grungy “Dinosaur” l’ouvre sans détours alors qu’“Around” n’a rien perdu de sa spontanéité par rapport à son interprétation lors des précitées Nuits du Bota.
Il ne s’agit d’ailleurs pas du seul titre que les oreilles attentives reconnaîtront. En effet, tant l’efficace single “By The Sea” que “Go Go Gadget” se trouvaient déjà en mode acoustique sur la version digitale accompagnant le second pressage de “Let The Kid Go”. Catchy à souhait, ils assurent à la perfection la jonction entre les deux disques. On pourrait franchement y ajouter l’entêtant “Kiss & Ride”, voire un “24/7” faussement retenu mais diablement prenant.
Cela dit, les parties les plus surprenantes combinent délicatesse toute relative et sursauts noisy, à l’instar de “Terrain Vague”, très Breeders au demeurant. Ou de ce flippant “Comedy” entamé d’une voix frêle à laquelle succèdera un mur de guitares bien senties avant d’intelligemment revenir au point de départ. Des guitares qui permettront à l’époustouflant “Spiders And Monkeys” de refermer l’album sur une note speedée, à l’instar du félin en pleine course sur la pochette. Si Amaury Sauvé les a poussés dans leurs derniers retranchements lors des enregistrements, force est de constater qu’il les a aidés à franchir un palier et d’accoucher d’un album d’une étonnante maturité. Une association quatre étoiles…
Tracklisting
“Dinosaur”
“Kiss & Ride”
“By The Sea”
“Terrain Vague”
“Go Go Gadget”
“Around”
“High Anxiety”
“24/7”
“Comedy”
“Spiders And Monkeys”
Pays : BE
Sortie : 2023/03/24
Humpty Dumpty Records