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SPECTRUM ensorcèle le VK

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Tout est parti d’un malentendu… Il se murmurait que la tournée des clubs de MGMT ferait escale au VK le mercredi 31 mars. C’est donc sans hésiter que nous avons réservé notre place. Sauf que c’était Spectrum qui était prévu à l’affiche et pas le duo New-Yorkais… Qu’à cela ne tienne, l’occasion était trop belle de s’immiscer dans l’univers si particulier de Peter Kember aka Sonic Boom, qui a mis sur pied son projet Spectrum après s’être brouillé avec Jason Pierce au sein des légendaires Spacemen 3. Lui, de son côté, allait fonder avec un certain succès Spiritualized. Mais ça, c’est une autre histoire…

Retour donc à la soirée de mercredi qui aurait dû se diviser en trois phases. Malheureusement, le batteur de Jake Of Heart, le groupe qui devait entamer les débats, s’est cassé le poignet le matin même et a été contraint de jeter l’éponge. C’est donc avec Chain & The Gang que la soirée a pris son envol. Chain & The Gang, c’est la nouvelle formation du déjanté Ian Svenonius, l’ancien chanteur de Make-Up.

D’un point de vue visuel, on les sent un peu décalés. Outre le leader habillé très classe avec costume blanc et cravate (si on y ajoute sa coiffure à la Jackson Five, on le confondrait volontiers avec le John Stargasm des débuts de Ghinzu, à qui il emprunte de temps à autre sa fameuse danse), leur guitariste / claviériste n’est pas mal dans le genre non plus, puisqu’il est déguisé en bagnard casseur de cailloux. Il a filé son pantalon de prisonnier à la batteuse (qui porte également un chapeau de touriste) alors que la bassiste (et agréable seconde voix) a l’air la plus sage de la bande.

Lorsqu’il ne bavarde pas entre les morceaux, Ian Svenonius se fait le porte-parole d’un soul funk teinté de lointains airs de reggae, le tout soutenu par un clavier au son d’orgue. Particulier, certes, mais cela fonctionne et on pense à certains moments à du Beck, même si on a l’impression de rester cantonné à la fin des 60’s et au début des 70’s. Pointons entre autres l’excellent “Youth Is Wasted On The Young” ainsi que le final très Lou Reed pendant lequel le chanteur va se déchaîner avec son humour décalé et son sens aigu de la répartie. Un bon petit début de soirée, à bien y réfléchir…

Entre deux séances de production pour “Congratulations”, le futur deuxième album de MGMT (il y avait quand même une relation…) et l’enregistrement d’un nouvel opus de Spectrum (le premier depuis 1999) qui devrait sortir cette année encore, Peter Kember a publié un EP, “War Sucks”, histoire de se rappeler aux bons souvenirs de ses fans.

L’intro glaciale de “Mary Anne” à la Kraftwerk va permettre aux musiciens de prendre possession de l’espace du VK et de commencer à subjuguer le public présent. Pas en masse, certes, mais présent et connaisseur, ce qui ne gâche rien. Aux côtés du leader scotché derrière son clavier (et à proximité de sa guitare, rassurez-vous), on retrouve notamment un guitariste qui va passer tout le concert assis sur une chaise et presque le dos tourné aux spectateurs. Le premier son qui va sortir de la bouche de Peter Kember n’arrivera qu’après une bonne dizaine de minutes et nous fera penser à du Ian Brown planant période Stone Roses, alors que physiquement, il est la réincarnation parfaite d’un autre Ian (Curtis). Et justement, on n’est pas loin des atmosphères ténébreuses de Joy Division (version post noise) sur un titre comme “When Tomorrow Hits”.

Répétitif et lancinant sont certainement les deux termes qui collent le mieux aux compositions de Spectrum. “How You Satisfy Me” va nous en mettre plein les oreilles alors que le batteur, les yeux mi clos, semble possédé par un esprit démoniaque. Et ce n’est pas le seul. Malgré l’interdiction de fumer qui frappe la salle, les joints s’allument et se baladent dans tous les coins. Il faut dire que certains titres sont un véritable encouragement à la consommation de substances illicites (une des premières démos de Spacemen 3 n’a pas été innocemment baptisée “Taking Drugs To Make Music To Take Drugs To”).

Cela dit, le sombre et direct “Revolution”, au final speedé bourré de larsens, va faire monter l’adrénaline des spectateurs qui iront jusqu’à émettre des cris jouissifs en manifestant bruyamment leur contentement, alors que l’intense “War Sucks” va donner une direction plus flippante au set. C’est le très long et très Suicide “Suicide”, à tendance post rock groovy hypnotique qui mettra un terme à une prestation dans la plus pure tradition rock ‘n’ roll alternatif dont Peter Kember a le secret, dans une veine psyché tout ce qu’il y a de plus envoûtant. Un concert destiné aux experts, qui ont clairement pris leur pied ce soir. Mais les spectateurs neutres et ouverts d’esprit y ont également trouvé leur compte…

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