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HARD-FI en roue libre au Bota

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Les quatre gaillards de Hard-Fi auront donc mis quatre ans avant de donner une suite à “Once Upon A Time In The West”, un deuxième album accueilli froidement malgré un succès commercial non négligeable outre-Manche (il est rentré directement N°1 des charts à l’époque). “Killer Sounds” est sorti récemment et, tout comme en 2007, c’est à l’Orangerie du Botanique un dimanche d’automne que le groupe est venu présenter ses nouvelles compositions.

Une salle correctement garnie mais assez loin du sold out malgré tout. Un point malheureusement récurrent, même si ce soir, les organisateurs n’ont pas réduit l’espace au moyen du fameux rideau noir qui sanctionne les événements aux ventes de tickets plus confidentielles.

Avec le recul, on se demande sincèrement si le fait de demander à Crazy Lady Madrid de se produire en première partie était une bonne idée. Soyons d’accord qu’il est essentiel de promouvoir le rock made in Wallonie (ceux-ci viennent du Brabant Wallon) mais ne serait-il pas préférable de réserver ce type de focus à des groupes disposant d’un minimum de bouteille ? Encore que, dans le cas présent, il est utile de relativiser.

Car musicalement, cela tient la route, hormis le fait que certaines de leurs compositions ont l’air inachevées (ou mal agencées, c’est selon). L’accent est autant mis sur les synthés que sur les percussions avec un son (un rien trop fort, cela dit) virant vers l’électronique et plagiant au passage le Montevideo nouvelle formule émaillé de légères pointes expérimentales à la Foals, ce qui est un moindre mal, finalement.

Non, ce qui vient perturber l’ensemble, c’est le chanteur qui ne tient pas en place une seconde et qui en fait un peu trop (à côté de lui, Jonathan Pierce, le leader de The Drums, est immobile et réservé). Il ratisse tous les clichés du rock et se rend presque ridicule (des déhanchements imprévisibles et hystériques, des gestes téléphonés, des interventions sans intérêt, une voix qui part en vrille…). Cela n’est pas une tare en soi, mais lorsque l’on ne s’appelle pas Ricky Wilson (Kaiser Chiefs) ou Didier Wampas, cela passe directement beaucoup moins bien. Bref, une prestation qui a fini par nous taper sur le système. Rien n’est perdu, loin de là, mais il reste du travail…

Le temps de prendre une bière au bar pour se remettre de ses émotions et nous voilà prêts à revoir en action Hard-Fi, le groupe de Richard Archer qui s’est donc fait relativement discret ces derniers temps. Dans un monde musical où tout va toujours de plus en plus vite, on était d’ailleurs surpris d’apprendre qu’ils existaient toujours et qu’ils avaient enregistré un nouvel album. Puis, à l’écoute de “Killer Sounds”, on s’est rendu compte qu’ils n’avaient rien perdu de leurs facultés de composition à la recherche de la pop song parfaite, à l’instar de “Tied Up Too Tight”, le titre avec lequel ils vont entamer les débats.

Physiquement, ils n’ont pas changé d’un iota, ils ont toujours des têtes d’Anglais typiques middle class (surtout le bassiste) et leur accent à couper au couteau ne peut que les trahir (on aura d’ailleurs du mal à les comprendre de temps à autre). Ils se produisent devant un décor sobre (une banderole à l’effigie de leur dernier logo en date), tranché par le dessin qui orne la grosse caisse de la batterie, sorte de masque en forme de tête de mort colorée (cfr la pochette de l’album) dont un des deux grands yeux s’éclaire par intermittence.

Aux côtés des classiques que sont “Cash Machine” et sa célèbre intro au mélodica, le nerveux et dansant “Hard To Beat” ou encore “Suburban Knights” et son refrain de footballeur repris en chœur par le public, les nouveaux titres tiennent la distance même si on pourrait leur reprocher une production trop léchée (“Love Song”, “Good For Nothing”, “Sweat”). Rien à redire à l’écoute du disque mais leur volonté de reproduire sur scène les versions studio à la lettre finit par leur compliquer inutilement la tâche. En effet, de nombreuses bandes sont utilisées avec pour conséquence d’enfermer les musiciens dans une sorte d’endroit confiné alors qu’ils pourraient très bien faire fi des bruitages et tenter de donner une nouvelle vie à ces titres au moyen de leurs instruments uniquement.

Ceci dit, on a assisté à de très bons moments dont on retiendra surtout l’imparable single “Fire In The House”, une cover du “I Fought The Law” dans une version davantage fidèle à celle de The Clash qu’à celle (originale) du Bobby Fuller Four et le délicat “Move On Now” interprété par Richard Archer seul à la guitare et bien aidé par des spectateurs finalement bien en voix. Ces derniers vont d’ailleurs le prouver en reprenant les onomatopées du précité “Suburban Knights” dès la dernière note de “Stars Of CCTV” échappée des amplis, nous surprenant au passage après à peine une heure de prestation.

Le rappel ne va pas se prolonger très longtemps non plus puisqu’ils vont seulement nous gratifier de deux titres supplémentaires, dans une veine disco festive. “Stay Alive” tout d’abord, ultime nouvelle composition et “Living For The Weekend” ensuite, avec lequel ils terminent traditionnellement leur set, même si la version de ce soir sera assez brouillonne. On aurait bien imaginé un petit “Middle Eastern Holiday” ou un “Killer Sounds” (l’excellente plage titulaire de leur nouvelle plaque) en bonus, mais ils avaient déjà rejoint leur loge. Un concert plaisant, certainement supérieur à celui d’il y a quatre ans, mais toujours orphelin du petit quelque chose qui les ferait passer dans la cour des grands…

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