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La pop colorée de M83

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Si cette année l’inauguration des Plaisirs d’Hiver a coïncidé avec l’arrivée des premiers frimas, il était possible de se réchauffer les oreilles à quelques pas de la Grand-Place. Enfin, pour ceux qui avaient réussi à se procurer un ticket pour le concert archi sold out de M83 à l’Ancienne Belgique ce dimanche 27 novembre.

En guise d’apéritif, Anthony Gonzalez avait invité ses compatriotes de Rendez-Vous à ouvrir la soirée, une mission qu’ils ont accomplie avec beaucoup de conviction. Sans se poser de question, le quatuor Parisien aux influences new wave marquées va en effet balancer des compositions délicieusement glaciales dans un environnement sombre et enfumé.

Disposés de front, ils privilégient les machines (batterie électronique et synthés en tête) même si basse et guitare font partie de l’équation alors que trois voix viennent se poser sur une rythmique infernale. Parallèlement, des arrangements poppy rendent l’ensemble captivant (on pense à The Soft Moon ou au Bloc Party des débuts) bien que, sur la longueur, la formule a tendance à s’essouffler. La bonne nouvelle, c’est que l’on n’associera désormais plus exclusivement Rendez-Vous à un site de rencontre…

Sans doute surpris par le succès inattendu rencontré par son album précédent (“Hurry Up, We’re Dreaming”) et son méga hit “Midnight City”, Anthony Gonzalez a mis cinq ans à lui composer un successeur. “Junk”, la septième plaque de M83, est arrivée au printemps dernier, genre de sucrerie pop à laquelle on devient vite accro. Preuve de l’engouement qui lui est réservé, le groupe a rempli l’AB en un temps record et les musiciens étaient manifestement pressés de fouler la scène puisqu’ils ont débuté leur prestation avec dix bonnes minutes d’avance sur l’horaire.

Ceci dit, la longueur de l’intro de “Reunion” a permis aux retardataires de ne pas trop se mordre les doigts et aux autres d’admirer le visuel constitué d’immenses tubes néons répartis aux quatre coins de la scène. La coloration de ceux-ci va varier au gré des ambiances et parfois s’animer tels des essuie-glaces bravant une pluie de décibels. Le volume est en effet poussé dans le rouge et “Do It, Try It”, dans la foulée, va pleinement en profiter, générant une première ovation en provenance d’un public prêt à exploser.

Lorsqu’il ne joue pas de la guitare, Anthony Gonzalez tripote l’énorme console qui occupe le centre de la scène. À sa droite se trouve Jordan Lawlor, le multi-instrumentiste habité qui ne tient pas en place, sauf quand il chante (et encore…). Il va ainsi sublimer l’excellent “Walkway Blues” alors que ses talents de percussionniste rendront justice à “Sitting”, le titre le plus ancien joué ce soir (il date de 2001), pièce électro pop destinée aux dancefloors que l’on n’aurait peut-être pas suivie d’un “Wait” à l’intro mollassonne.

Et c’est bien ce que l’on pourrait reprocher à M83. À l’instar de leurs albums, leurs prestations alternent des moments lumineux (“Steve McQueen”, “Road Blaster”) avec d’autres, nettement plus dispensables (“We Own The Sky”, “Intro”). À ce propos, le kitsch du kitsch sera atteint lors des rappels avec “Moon Crystal”, titre instrumental que l’on dirait inspiré du générique de La croisière s’amuse… Mais c’est aussi ce qui les rend uniques par la même occasion.

À l’extrême droite de la scène et quasiment dissimulée à l’abri des regards, la claviériste Kaela Sinclair ne passe pourtant pas inaperçue. Ses (très) longs cheveux rouges tombent sur une combinaison sexy mais c’est surtout sa voix qui va impressionner, notamment sur “Oblivion”, association imagée improbable entre une chanteuse de metal symphonique et une production de Calvin Harris.

Ceci dit, heureusement qu’elle sera présente pour seconder Mai Lan, la vocaliste qui débarquera de nulle part avec ses immenses lunettes de soleil et son écharpe de fourrure pour deux des titres qu’elle chante sur l’album, “Bibi The Dog” et “Go!”, qui ne figureront pas parmi les réussites de la soirée. La faute à une attitude suffisante, une voix inaudible et des mimiques cent fois répétées. Un nerveux solo de guitare va rattraper la sauce sur le second nommé alors que les parties de saxo sur “Midnight City” seront aussi essentielles que les nappes de synthés qui constituent sa marque de fabrique. L’émouvant et hypnotique “Echoes Of Mine” mènera ensuite le set principal à son terme.

Les rappels nous donneront une nouvelle occasion de voir Mai Lan s’exhiber. Elle s’éclipsera ensuite, laissant les membres du groupe prendre leur pied sur un incroyable “Couleurs”, quelque part entre Goose et Vitalic, sur lequel l’ami Jordan va devenir complètement dingue en sautillant autour d’un cowbell qu’il frappera sans relâche. Dans la salle, c’est de la folie pure. À leur place, on en serait restés là mais, comme pour confirmer nos impressions, ils interpréteront encore “Lower Your Eyelids To Die With The Sun”, un instrumental qui n’apportera pas grand-chose. Comme on dit, les plus courtes sont parfois les meilleures…

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