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Almanac – Mayan – Leaves’ Eyes au Biebob

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Comment mieux occuper son vendredi soir si ce n’est en me rendant dans ce haut lieu de débauche métallique qu’est le Biebob à Vosselaar. À mon arrivée, je distingue deux ou trois vikings sortis tout droit d’un film d’époque. À l’intérieur, les hostilités semblent avoir déjà commencé. Je me hâte d’enfiler mon harnais de photographe et de sortir mes armes de shooting. En quelques secondes, ma transformation est terminée et me voilà prêt pour une soirée de métal!

Le groupe de power métal allemand Almanac a décidé de commencer plus tôt pour pouvoir jouer plus longtemps. Chapeau à eux car le public est vraiment très clairsemé en ce début de week-end. Mais cela n’empêche pas la formation composée du guitariste Victor Smolski (ex-Rage, Mind Odyssey), du vocaliste David Readman (Pink Cream 69), de la chanteuse Jeannette Marchewka (Deeva), du batteur Marc Dzierzon (Centaurus-a) et du bassiste Tim Rashid (Spheroid). Après un premier opus «Tsar» sorti en 2016 à la fondation du groupe, Almanac ne s’est pas arrêté en aussi bon chemin. Forte du succès recueilli par le premier opus, la bande à Victor remet le couvert en 2017 avec «Kingslayer».


Après avoir vu le groupe une première fois lors de la tournée précédente sur une scène helvétique, j’étais content à l’idée de les revoir et je dois dire que je n’ai pas été déçu. David et Jeannette s’entendent à merveille, lui avec sa voix plus métal, elle avec sa voix plus pop-rock. Victor est toujours aussi hallucinant à la guitare et les quelques privilégiés qui ont fait le déplacement assistent à une prestation d’excellente qualité avec au programme notamment
«Hands Are Tied»
,
«Guilty as Charged»
,
«Regicide»
,
«Hail to the King»
,
«Children of the Sacred Path»
et
«Self-Blinded Eyes»
. Une prestation très convaincante d’un groupe en pleine ascension que l’on reverra très certainement (et avec beaucoup de plaisir) dans un futur proche!


Le groupe suivant est en fait un des deux coheadliners de la soirée. Il s’agit ni plus ni moins du groupe Mayan fondé par trois anciens membres d’After Forever: Mark Jansen, Jack Driessen et Sander Gommans en 2011. Assez rapidement, Sander sera remplacé par Frank Schiporst. Quelques années plus tard, ce noyau est complété par plusieurs autres artistes de renom: Ariën van Weesenbeek (batterie), Laura Macrì (soprano), Roel Käller (basse), George Oosthoek (vocals) ainsi que Marcela Bovio (voix), Merel Bechtold (guitare) et Henning Basse (chant clair). Ce soir, Marc et Laura sont absent (car au mariage du frère de Laura). Ce sont donc George et Marcela qui assurent le chant en leurs lieu et place. Par ailleurs, Merel actuellement en tournée avec Delain est remplacée par Arjan Rijnen (reVamp), tandis que Henning est remplacé par Adam Denlinger. L’avantage avec un effectif pareil, c’est que même l’équipe B assure à mort! Alors que le groupe vient de boucler avec succès sa campagne de financement participatif en ligne qui lui a permis de recueillir près de 40.000 euros pour se payer un orchestre symphonique sur le prochain album «Dhyana» qui sortira en septembre prochain.


Musicalement, le groupe propose un death metal symphonique très énergique, avec beaucoup de growls et grunts, une voix masculine claire et des voix féminines opératiques ou claires «normales». Sur scène, ça bouge dans tous les sens et les protagonistes s’y entendent comme pas deux pour entraîner la salle toute entière dans leur voyage musical. Au menu, «Devil in Disguise», «Drown the Demon», «Bloodline Forfeit»,
«Burn Your Witches»
, «Insano»,
«The Power Process»
(extrait du prochain album),
«Human Sacrifice»
,
«Tornado of Thoughts»
(extrait du prochain album), «Faceless Spies – National Security Extremism Part 2» et «Bite the Bullet».


Sur scène, les artistes se dépensent sans compter et arriver à nous faire oublier les absents de marque. L’ambiance est excellente et le public présent semble adhérer sans réserve. Autant vous dire que les têtes se balancent dans tous les sens et que les cheveux partent dans des mouvements frénétiques. George, Marcela, Adam et les autres s’amusent sur scène et prennent beaucoup de plaisir à interpréter leur répertoire et cela se sent. Un grand moment de bonheur partagé qui aurait mérité un plus large auditoire. Après cette séance d’exercice intense, il est temps de se désaltérer pour être en voix pour accueillir dignement les vikings de Leaves’Eyes.


Retour à une musique un peu plus calme avec la deuxième tête d’affiche de la soirée qui n’est autre que le groupe germano-norvégien Leaves’ Eyes. Après une période agitée qui se solda par le départ de sa vocaliste historique et l’arrivée d’Elina Siirala en 2016, le groupe composé d’Alexander Krull (grunts), Thorsten Bauer et Pete Streit (guitares) et Joris Nijenhuis (batterie) a commencé à remonter doucement la pente. D’abord avec la promotion de «King of Kings» sorti en 2015 peu avant la rupture. Ensuite avec un premier EP chanté par Elina: «Fires In The North» (2016) et plus récemment un album intitulé «Sign Of The Dragonhead» (2018). Aucun changement de cap majeur à signaler. On est toujours dans le métal folk symphonique. Des vikings sont d’ailleurs présents sur scène pour nous rappeler les racines culturelles du groupe. Côté public, la salle est à présent remplie à hauteur d’un bon tiers, ce qui est bien triste quand on tient compte de la qualité du programme proposé.


Dès l’entrée en scène d’Alex, ce dernier harangue le public pour le faire participer au maximum. On sent clairement que le groupe a de la bouteille et qu’il sait y faire, même face à un public clairsemé. Le changement le plus spectaculaire vient d’Eliina que j’ai pu voir faire ses débuts assez timides au sein du groupe et que j’ai vu progresser de concert en concert pour être à présent parfaitement à son aise au sein de l’équipe. Sa voix fait merveille dans cette version nordique du style « Beauty and the Beast » cher à bon nombre de groupes nordiques. La présence épisodique de vikings armés de leur boucliers et rejoints en fin de concert par Alex en tenue de guerrier et épée à la main assure le spectacle. Mais avant cela, la paire Alex-Eliina exploite à la perfection le répertoire nouveau et plus ancien du groupe. Eliina a manifestement su conquérir le cœur des fans de toujours et il faut dire que ses qualités vocales n’ont rien à envier à sa prédécesseure.


Côté programmation musicale, la bande à Alex propose au public belge un set de 15 titres, axé – comme il se doit – sur le nouvel album:
«Sign of the Dragonhead»
,
«Across the Sea»
,
«Take the Devil in Me»
, le mégatube
«My Destiny»
, «Swords in Rock»,
«Jomsborg»
, «Shadows in the Night», «Farewell Proud Men», «Like a Mountain»,
«Hell to the Heavens»
, «Riders on the Wind»,
«Fires in the North»
,
«Edge of Steel»
et en rappel «Spirits’ Masquerade» et
«Blazing Waters»
. Eliina affiche une assurance et une solidité qui dope le rapport grunts masculins/voix opératique féminine. Malgré son apparente fragilité, elle a de la puissance vocale à revendre et assume le concert avec une facilité déconcertante, alors qu’elle est pourtant légèrement souffrante de la gorge. Alex ne cesse d’aller chercher le public et de l’inciter à participer. Les titres s’enchaînent à une allure folle et on ne voit pas la temps passer. La salle est enthousiaste et réserve des applaudissements nourris aux artistes qui ont largement mérité ces marques d’appréciation. Avant de partir, les spectateurs ont encore l’occasion d’échanger quelques mots avec les membres des trois groupes qui se tiennent à la disposition des fans après le concert. C’est l’occasion d’acheter un cd dédicacé ou de se faire une petite photo souvenir. Et ainsi s’achève une belle soirée de plus dans cette salle du Biebob à la programmation métallique aussi riche que diversifiée.

Photos © 2018 Hugues Timmermans

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