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Goat Girl, un tempérament cornu

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Il a mis un certain temps mais le premier album des Londoniennes de Goat Girl est finalement arrivé au début du printemps, accompagné d’un vent de fraîcheur qui a soufflé sur un AB Club surchauffé ce mardi 15 mai, où elles venaient le présenter. Mais avant, ce sont les Limbourgeois de Piquet qui ont ouvert le bal, avec plus ou moins de réussite. Emmené par une chanteuse claviériste au timbre de voix hésitant entre ceux de Beth Gibbons et de Roisin Murphy aux intonations orientales, le quatuor se produit devant des projections colorées psychédéliques. Ceci dit, lorsqu’elle attrape une guitare, les choses s’emballent quelque peu, notamment sur “De Meute”, la plage titulaire de leur nouvel album, mais sans réellement parvenir à rendre l’ensemble envoûtant, malgré la participation d’une violoniste en fin de set.

Sorti chez Rough Trade, le premier album (éponyme) de Goat Girl se veut à leur image : un rien bordélique, crasseux et rebelle. Bien que produit par Dan Carey, ce fourre-tout DIY de dix-neuf titres en quarante minutes conserve l’ADN des quatre musiciennes qui se font accompagner par un claviériste sur scène. Une scène garnie de figurines en papier mâché, genre de gri-gri dont les points communs sont les yeux globuleux et les cornes (de bovidés). Des cornes que l’on retrouve également en bonne place sur le logo en fond de scène et sur les t-shirts au stand merchandising.

Entamé avec le vindicatif “Burn The Stake” (“Build a bondfire, put the Tories on the top, put the DUP in the middle and we’ll burn the fucking lot”), le set allait définitivement prendre son envol au son de l’excellent “Viper Fish”. Hyper sérieuses (ou extrêmement concentrées), elles ne décocheront pas un sourire à l’adresse du public. Malgré tout, les Londoniennes aux succulents pseudos (la chanteuse Clottie Cream, la guitariste L.E.D., la bassiste Naima Jelly et la batteuse Rosy Bones) dégagent quelque chose d’attachant auquel il est difficile de résister.

Contrairement à Shame ou à Sorry, issus de la même scène bouillonnante, leurs compositions empruntent une direction bien plus subtile ou en tout cas nettement plus ambitieuse. Elles n’hésitent ainsi pas à explorer des terrains plus sinueux comme sur “Cracker Drool” aux guitares surf et “The Man With No Heart Or Brain” à la vibe country. Voire à dévoiler leur face mélancolique sur le délicat “Throw Me A Bone” ou cette touchante cover du “Tomorrow” de Bugsy Malone.

Ceci dit, elles n’oublient pas de sortir les crocs comme “Scum” et “Crow Cries”, deux de leurs premiers singles, le démontreront magistralement en fin de set. Un set qui se clôturera avec l’efficace “Country Sleaze” sur lequel planent le style pince-sans-rire et les envolées de Courtney Barnett. Une prestation honnête (et sans rappels) à laquelle aura toutefois manqué le brin de folie qui nous a réconciliés avec Hinds dans cette même salle voici quelques semaines. Rendez-vous dans deux ans avec un peu plus de mordant ?

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