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Shame, that’s their fuckin’ name…

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Telle une marmite à pression, la Rotonde du Botanique a bouillonné ce mardi 22 mai pour la venue de Shame, les fougueux Londoniens qui ont sorti, avec “Songs Of Praise”, un des meilleurs albums de ce début d’année. Ils étaient attendus de pied ferme… et ils n’ont pas déçu. Surtout que RVG, le groupe qui les accompagne sur cette tournée européenne, allait d’emblée jouer son rôle de chauffeur de salle en balançant des compositions classic rock à la Springsteen plus vraies que nature. Visiblement très fan des seventies (Bowie n’est pas très loin non plus), les Australiens emmenés par un(e) certain(e) Romy Vager n’ont ni peur du ridicule ni d’un style passablement désuet. Encore que, Ezra Furman (à qui l’on pense beaucoup, et pas seulement via l’accoutrement) excelle sur ce terrain ambigu. Hier Melbourne, aujourd’hui Bruxelles, demain, le monde ?

L’an dernier, lors des Nuits du Bota, les gamins de Shame avaient joué sous le chapiteau en support de Sleaford Mods. Une prestation énergique (beaucoup) et maladroite (un peu) qui laissait toutefois entrevoir un potentiel certain. Douze mois, une couverture de l’avant-dernier NME version papier et un excellent premier album plus tard, les revoici au Bota en tête d’affiche d’une Rotonde prête à exploser. Et “Dust On Trial”, le rugueux titre d’intro à la fois de l’album et du concert, va déjà lui en donner une première occasion.

Insaisissable, le leader Charlie Steen arbore un pantalon taille haute et un marcel qui en verra de toutes les couleurs avant de finalement être abandonné, complètement distendu, au terme d’un criard “The Lick”. On n’en était alors qu’au quatrième titre et il avait déjà aspergé les premiers rangs, exploré la salle en stage diving et complètement réagencé le dispositif des retours sur scène. Prévenant, il avait au préalable invité les spectateurs à la jouer cool en prévision des monstrueux pogos qui allaient émailler “Concrete” et l’efficace “One Rizla”

Ceci dit, il a de la concurrence par l’entremise de l’intenable bassiste Josh Finerty, véritable sauterelle qui soumet son instrument à des traitements extrêmes (il avait d’ailleurs cassé une corde l’an dernier). Athlétique, il ponctuera sa prestation d’un cumulet arrière en plein riff alors que sa voix énervée complémentera parfaitement celle de son camarade leader, occupé à jongler en permanence avec son micro. Mentionnons également un guitariste à la coiffure digne de Michael J Fox dans les années 80, tout aussi déchaîné que ses camarades de jeu.

Leaders d’une rafraîchissante vague indie rock façonnée au Windmill, pub de Brixton devenu culte (HMLTD, Sorry ou Goat Girl en sont également issus), ils vont démontrer ce soir qu’ils sont bien décidés à redonner des couleurs à une scène plutôt mal en point ces derniers temps. Leur cocktail sans concession incluant l’esprit rebelle des Fall, l’énergie des Clash et la nonchalance des Happy Mondays fait en tout cas mouche.

Après le destructeur “Tasteless”, l’intensité retombera brièvement via un passionné “Friction” et un nouveau titre aux contours plus mélodieux bordés d’une guitare glaciale entêtante. Une guitare qui sublimera ensuite un “Angie” à l’intro bordélique et déstructurée digne du Velvet Underground. On l’aurait plutôt imaginé en toute fin de set mais ils voulaient visiblement en garder sous la pédale car tant “Lampoon” aux contours trash que l’excellent “Gold Hole” aux paroles borderline délicieusement métaphoriques achèveront le boulot dans un chaos monstrueux.

Cinquante minutes, un timing parfait pour une prestation à l’énergie débordante dont la Rotonde se souviendra. Pas de rappels mais le groupe remontera sur scène, lumières allumées, pour remercier son public avant de filer, toujours en sueur, sur la terrasse du Bota. Leur passage au prochain Dour Festival sera un must absolu…

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