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Splendide Concert Fusion du bassiste Alain CARON au Spirit ce 9.11.2004

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Qui pouvait penser qu’un jour, un ancien cinéma de Verviers, le Sélect, deviendrait un temple de la musique ; moi qui, en 1967, y avait vu « La Grande Vadrouille » de Gérard Oury avec le duo Bourvil/de Funès, et qui plus tard, après la fermeture de ce cinéma, dont la programmation était devenue plus … olé olé (par exemple, Ilsa, y fut parfois louve, parfois chienne et parfois tigresse), allait devenir un fast-food où j’allais engloutir quelquefois un hamburger. Inimaginable ! Eh bien, ce 9.11, j’y ai encore assisté à un fantastique concert ; celui du bassiste québecquois francophone Alain Caron, que j’avais découvert l’année passée derrière le sublime guitariste Mike Stern.

Lors de ce concert mémorable, Alain Caron avait exhibé sa splendide maîtrise de l’instrument et s’était affiché comme un accompagnateur « haut de gamme ». Ce soir, il revenait au Spirit en tant que leader et, avec ses propres compositions. Merveilleux !

Lors de ce concert, cet instrumentiste virtuose n’a utilisé que d’énormes basses à six cordes. En fait, la première fois que j’ai vu cet impressionnant instrument, c’était avec John Patitucci derrière Chick Corea, il y aura bientôt vingt ans. J’avais pensé, à l’époque, que cela ne resterait qu’un « gadget » de virtuose, bien peu maniable et très lourd. Il ne s’est pas confirmé que ce ne serait qu’un gadget. Par contre, le poids doit être là, car Alain Caron, outre la sangle habituelle à l’épaule, en a également une deuxième qu’il passe au bas du dos. Le résultat en est que l’instrument est carrément collé au musicien.

Et alors, quelle dextérité sur cet instrument ! Mais également, quel feeling et quelle musicalité ! Car si Alain Caron est un technicien d’exception, il ne cherche pas constamment à éblouir par un étalage de ses capacités dans ce domaine. Son jeu est tout en finesse et en subtilité derrière de très belles compositions, très aérées, très mélodiques, pleines d’atmosphères. Il utilise souvent une couverture, en arrière de plan, de ce qu’il appelle en français des «boucles rythmiques » et que l’on appelle plus communément, en anglais, des « drum loops ». Cette caractéristique donne à sa musique, très « Fusion », une tonalité très actuelle, très moderne, très fluide, un peu dans le genre de ce que produit, en grosses lignes évidemment, le saxophoniste Bill Evans, le batteur Lenny White ou même le claviériste Bugge Wesseltoft.

Ce Jazz moderne, teinté de Funk et de Rock, a énormément plu au public plus nombreux que pour le Mahavishnu Project. Il faut dire, qu’en plus, Alain Caron était très souriant et chaleureux bien que semblant un peu timide. Il était presque gêné de dire qu’il avait un CD à la vente.

En outre, l’entente avec ses musiciens était parfaite et leur plaisir à jouer ensemble n’était pas simulé. Cela se ressentait fortement sur la scène, et donc automatiquement, dans la salle.

Le saxophoniste David Bellemare respirait la forme et son utilisation dans le groupe était un peu la même que celle d’un Bob Mallach ou d’un Bob Franceschini chez Mike Stern, avec surtout de très beaux solos et une utilisation plus réservée en accompagnement.

Le claviériste Françoise Blouin, peut-être le plus discret de cet ensemble, était dans un bon rôle d’accompagnateur et générait à bon escient ce que j’appellerais de nombreux effets sonores, surtout rythmiques, tout comme l’autre claviériste (?) Jean Saint-Jacques, très virevoltant, derrière ce qui s’appelle, semble-t-il, un Mallet Kat, c’est-à-dire une espèce de vibraphone électronique aux sonorités parfois éloignées de l’instrument originel mais toujours très spectaculaire dans l’utilisation.

Le tout jeune batteur Simon Langlois, qui a remplacé pour la tournée Tony Albino, m’a vraiment éblouis. Que de bons batteurs actuellement ! Une vraie locomotive parfaitement en phase avec son leader, un peu dans le style de Will Calhoun de Living Colour ou même par certains aspects de Billy Cobham, qui ouvre littéralement la route à l’ensemble avec une assurance impressionnante.

Le public a eu droit à deux rappels excellents. Alain Caron y est plus parti en démonstration technique que durant les deux parties prestées, à la grande joie de tous.

A noter que le dernier album du bassiste s’intitule « 5 » et mérite également l’attention de tous, car il reprend en studio tout le détail de ce que j’ai tenté d’exprimer ici. J’en dirai qu’il est peut-être plus marqué par les effets sonores que le précédent « Call me al ! », tout aussi impeccable. C’est en fait le cinquième album solo du bonhomme après plusieurs albums en tant que membre du groupe Uzeb et sans compter ses autres participations, plus particulièrement avec la famille Stern.

Une bonne soirée de plus au Spirit.

JPS1er

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