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Julia Holter, sun girl is shining

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Cela faisait un petit moment que Julia Holter ne s’était plus produite au Botanique, un endroit qu’elle apprécie pourtant particulièrement. Précisément depuis un soir de juin 2016 où elle avait éclaboussé l’Orangerie de sa classe. Retour au même endroit pour la présentation de “Something In The Room She Moves”, son dernier album fraîchement publié.

Un délai à relativiser car dans le cas d’Amatorski, invités pour assurer la première partie tout comme la veille à Londres, il faut remonter à 2011 pour les retrouver en action dans une des salles du complexe de la rue Royale. Ils bénéficient toutefois de circonstances atténuantes puisque le groupe emmené par Inne Eysermans s’est mis en pause en 2017, quelques mois après la sortie du single “Hear Me” dont… Julia Holter a signé un remix. La boucle étant bouclée, les festivités pouvaient commencer avec la découverte du récent “Curves And Bends, Things Veer”, un disque que l’on n’attendait plus… et qui montre combien ils nous avaient manqués.

La preuve avec “20/04”, cette plage d’intro rêveuse instantanément assimilable qui marquera le point de départ d’une prestation convaincante axée majoritairement sur leurs nouvelles compositions. Situées à la croisée des chemins entre Beach House, Slowdive et Stereolab, elles installent des atmosphères envoûtantes (“Diatomea”, “High The Tides”) qui peuvent par moments prendre des virages franchement électroniques comme sur cette version speedée de “Nebula” ou ce “Tiny Bird” tentaculaire en guise de connexion céleste. Dommage que la voix d’Inne soit par moments noyée alors qu’il s’agit clairement d’un pan essentiel de l’édifice. Si certains rouages doivent encore être huilés, Amatorski est de retour et il s’agit là d’une des meilleurs nouvelles de ce début d’année.

Une fois n’est pas coutume, Julia Holter a pris son temps pour donner une suite au particulièrement exigeant “Aviary”, double album sorti en 2018. Entamé pendant la pandémie et au moment de devenir maman, “Something In The Room She Moves”, publié chez Domino le mois dernier et élu Album of the Month par le magazine Uncut dans la foulée, poursuit dans la même veine. Certes plus facile d’accès, il n’en demeure pas moins complexe par moments, à l’instar de l’expérimental “Meyou” ou de l’avant-gardiste “Ocean”. Mais on y retrouve aussi des titres lumineux qui enchanteront une prestation entamée de main de maître par le désormais classique “Sea Calls Me Home”.

Positionnée au centre de la scène, la chanteuse rayonne derrière ses claviers et dégage un sentiment de bien-être qui transcendera un sinueux “Sun Girl”. Elle ne sera toutefois pas la seule impliquée, la souriante batteuse Beth Goodfellow y apportant des chœurs stridents et son imperturbable claviériste de mari Tashi Wada une surprenante touche de cornemuse. Un peu plus tard, c’est au pipeau qu’il égaiera un free jazz “Talking To Whisper”. À leurs côtés, Devin Hoff tient la basse et pavera un chemin ténébreux à “In The Green Wild”, adouci par des onomatopées imitant des bruits d’animaux.

Parmi les nouveaux titres, un “Spinning” presque tribal mettra en avant la puissante voix de Julia Holter qui redeviendra soyeuse et cristalline le temps de “Materia”, chanté en solo dans une ambiance tamisée. Une composition exigeante qui nous fera prendre conscience de ses impressionnantes acrobaties vocales. Tout comme sur le tamisé “Something In The Room She Moves” aux contours jazzy intelligemment développés ou sur l’entêtant “Evening Mood” à la basse groovante.

Entre les coups, les extraits de “Have You In My Wilderness”, son chef-d’œuvre de 2015, semblent eux aussi avoir été passés à la moulinette. On pense notamment à la fin cacophonique de “Silhouette” ou au tempo accéléré de “Feel You”. Quant à ceux d’“Aviary”, ils sublimeront ses talents de musicienne avérée (elle a étudié le piano classique et la composition à l’université du Michigan) tout en flirtant avec l’univers de Kate Bush en mode délires expérimentaux (“Les Jeux To You”) ou vocalises en vrille (“I Shall Love 2”).

Un seul titre en rappel ponctuera une soirée à l’exécution parfaitement maîtrisée. Les musiciens sur scène étant ceux qui ont enregistré l’album expliquant en partie cela, leur professionnalisme gérant le reste. Et ce, malgré un faux départ d’un “Betsy On The Roof” à la fois limpide, mélancolique et puissant. La grande classe, tout simplement…

SET-LIST
SEA CALLS ME HOME
SUN GIRL
IN THE GREEN WILD
SPINNING
MATERIA
SILHOUETTE
SOMETHING IN THE ROOM SHE MOVES
EVENING MOOD
FEEL YOU
WORDS I HEARD
LES JEUX TO YOU
TALKING TO WHISPER
I SHALL LOVE 2

BETSY ON THE ROOF

Organisation : Botanique

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