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La fiesta d’Ada Oda

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À défaut d’avoir officiellement célébré la sortie d’“Un Amore Debole” fin 2022, les Bruxellois d’Ada Oda ont organisé une closing-party. Ou plutôt, à voir leur actualité, une répétition générale en vue des échéances qui les attendent ces prochaines semaines. Et pas n’importe lesquelles puisqu’ils vont notamment s’envoler pour le Texas et se produire au mythique festival SXSW d’Austin. Mais avant cela, c’était la fête dans un Club de l’AB plein à craquer.

Et particulièrement coloré lors de la montée sur scène de Plush Baby, duo anversois adepte de nappes synthétiques mais aussi d’accoutrements plutôt flashy, qu’il s’agisse de chapeaux ou du costume vert électrique du bassiste Nicolas Anne. À ses côtés, Caitlin Talbut pose sa voix sucrée sur des titres franchement pop, à l’image de “Run Run”, un récent premier single assorti d’un jeu vidéo. On lui préfèrera toutefois la fin du set un rien plus électronique à la SX, serti d’une basse inspirée de New Order.

L’omniprésence d’Ada Oda sur les scènes belges occulte une histoire relativement récente. Leur premier concert date en effet de novembre 2021 chez Super Fourchette en première partie de Frankie. Avec déjà un engouement tel qu’il était compliqué d’apercevoir les musiciens qui jouaient à même le sol dans l’ancienne configuration de l’endroit. À peine un an plus tard arrivait chez 62TV “Un Amore Debole”, un excellent premier album ensoleillé et addictif.

Plusieurs paramètres peuvent expliquer le phénomène, à commencer par la présence de César Laloux, figure incontournable du rock indé noir jaune rouge (The Tellers, BRNS, Mortalcombat…). Son improbable association avec Victoria Barracato, dont l’expérience se limitait pour ainsi dire à des apparitions sur les disques de son paternel (on y revient), constituant le point de départ de l’aventure. Ajoutez-y quelques camarades de virée chevronnés comme le batteur Alexandre De Bueger (ex-Alaska Gold Rush, Gros Cœur) et le guitariste à la coupe mulet et aux lunettes orange Aurélien Gainetdinoff (Almost Lovers, Yolande Bashing) et vous obtenez une équipe de joyeux lurons loin de se prendre au sérieux mais professionnels jusqu’au bout des ongles.

Le projet n’aurait toutefois vraisemblablement pas aussi bien fonctionné sans cette lumineuse idée de chanter en italien, ultime ingrédient d’une recette magique associant mélodies imparables et refrains catchy instantanément mémorisables. Il fallait entendre le public fredonner “Stanca Di Te”, impeccable titre d’intro en crescendo qui, avec “Mi Guarda” dans la foulée, poseront les bases d’une soirée mémorable. Particulièrement en verve, Victoria ne tardera pas à venir prendre la température au milieu des spectateurs qui s’égosilleront sur la plage titulaire de l’album à la basse groovante.

Cela dit, on se trouve malgré tout à mille lieues d’un trip revival San Remo du milieu des années 80 car derrière l’apparente légèreté des compositions se trouvent nombre d’ingrédients nettement plus austères. On pense à la rythmique soutenue et saccadée de “Si Fermerà” ou aux entêtantes influences post-punk de “Mai Mai Mai”. Un peu plus tard, un incroyable nouveau titre à la structure parfaitement construite (“Vino Naturale”) alternera riffs saccadés, rage retenue et explosion sonore.

Pas de fiesta sans surprises et à ce niveau, on allait être gâtés. À commencer par un surprenant duo entre la chanteuse et son papa, qui n’est autre que Frédéric François himself. Pour l’anecdote, il était présent au KulturA lors du deuxième concert d’Ada Oda (en support de The Cool Greenhouse, le lendemain de celui mentionné plus haut). Mais cette fois, c’est sur scène et malgré un bras en écharpe qu’il partagera un “La Maschera” bourré d’émotion, suscitant une réelle hystérie dans le public. En fin de set, Marc Pirard, le premier bassiste du groupe, rejoindra ses anciens camarades sur “Domani” pendant que Clément Marion (l’actuel) ne troque son instrument contre une guitare pour une puissance décuplée.

Dans l’intervalle, on retiendra encore un autre nouveau titre pour le moins festif (“Figlia” sur la set-list) qui verra César prendre à son compte une partie des vocaux en italien. Pas sûr, malgré son passé au sein d’Italian Boyfriend qu’il s’imaginait un jour s’acquitter pareille tâche. Une version speedée de “Niente Da Offrire” et une hypnotique d’“In Piazza” accentueront ensuite la sensation d’assister à un moment, tout simplement…

Au terme d’un “Avevo Torto” de feu, de nouveaux invités se joindront au groupe pour boucler le set principal. Le bien nommé “Il Caos” se verra ainsi rehaussé de la voix de Caitlin Talbut, de retour sur scène après sa prestation de début de soirée. Mais également de Romain Benard (Ropoporose, Primevère) qui prendra la place d’Alexandre De Bueger, momentanément réduit à jouer du triangle.

Entamés par un sautillant (au propre comme au figuré) “Gioventù”, les rappels verront les spectateurs se lancer dans des mouvements de foule spontanés, accompagnés de la moitié du groupe. Juste après, “Non So Che Cosa Ne Sarà Di Me” bouclera la soirée en mode “Il Caos”, Victoria s’égosillant tant et plus à la limite de l’étouffement pendant que ses compères devenaient dingues sur scène… Be prepared Austin, here they come !

SET-LIST
STANCA DI TE
MI GUARDA
BOBBIO
UN AMORE DEBOLE
SI FERMERÀ
MAI MAI MAI
LA MASCHERA
FIGLIA
VINO NATURALE
NIENTE DA OFFRIRE
IN PIAZZA
DOMANI
AVEVO TORTO
IL CAOS

GIOVENTÙ
NON SO CHE COSA NE SARÀ DI ME

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