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Que Sura, Sura

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Une release party s’apparente toujours à un moment particulier pour les artistes. Et davantage encore lorsqu’il s’agit d’un premier album. Un aboutissement qui a rendu celle de Sura magique, elle qui est venue officiellement présenter “Roar” à la Rotonde du Botanique.

Une soirée 100% féminine puisqu’elle avait invité ses copines de Crolles à ouvrir la soirée. Amandine Chevigny (la géante réservée) et Leïla Chaarani (la petite spitante) ont en commun une chevelure abondante et un flow impressionnant. Leur particularité ? Elles déclament a cappella des textes en français quelque part entre slam et rap, bourrés d’humour et de métaphores sur des sujets de la vie courante auxquels ont peut aisément s’identifier.

Sur scène, un synthé qui leur permet, en une seule note, de donner le ton et deux chaises hautes qui seront le théâtre d’une interview entre les deux protagonistes, destinée à cerner leur univers. En vain, tellement celui-ci s’avère vaste et infini. On pense aux compositions, bien entendu, mais aussi aux interludes pendant lesquels elles maintiendront, telles des jouteuses de ligue d’impro, l’attention d’un public conquis qui leur réservera un triomphe.

Rachel Solomon n’est pas une inconnue puisqu’elle officie au sein du trio bruxellois Las Lloronas et que l’on avait déjà eu l’occasion de la découvrir en solo l’an dernier. C’était à l’Orangerie, en première partie de Meskerem Mees sous le pseudo Sura Sol et elle avait déjà mis tout le monde d’accord. Aujourd’hui, elle sort son premier album, “Roar”, en tant que Sura. Un album lo-fi parfois décontenançant mais toujours spontané. Et pour cause, les vingt-et-un titres qui le composent ont été enregistrés en à peine deux jours. Ajoutez à cela une pochette peinte par ses soins et on se retrouve en présence d’une artiste complète.

Une artiste qui rédigera sa set-list couchée à même le sol de la Rotonde juste avant le début du concert. Ou peut-être était-ce sa liste kilométrique de personnes à remercier. Car une release party, c’est aussi le moment idéal de mettre en avant ceux qui ont participé à l’aventure et surtout qui l’ont rendue possible. Sura n’a en tout cas pas été avare en mots gentils à leur attention en toute fin de concert.

En attendant, c’est dans un environnement plus qu’épuré (elle et sa guitare sur une scène dépouillée de tout artifice et à peine éclairée) qu’elle entamera sa prestation. Une prestation exclusivement composée de titres écrits de sa plume, à l’exception d’une magistrale cover de Giani Esposito (“Le clown”) datant de la fin des années 50, en français et espagnol comme l’originale. En plus de l’anglais, il s’agira des langues véhiculaires de la soirée.

Souriante, sincère et attachante, Sura n’a pas son pareil pour envoûter son auditoire via des compositions fragiles et délicates mais aussi mélancoliques et rêveuses (Aldous Harding n’est parfois pas loin, les grimaces en moins). Des récits qu’elle adore parsemer çà et là de cris d’animaux et de rugissements en tout genre (elle n’a pas baptisé son album “Roar” pour rien…). Le plus drôle, c’est qu’elle invitera le public à faire de même, ce qui transformera par moments la Rotonde en improbable basse-cour exotique.

Un public au sein duquel sont répartis quelques invités qui apporteront chaleur et magnétisme à sa prestation. Un violon, une flûte traversière et un bugle s’activeront ainsi au gré des besoins lyriques des chansons, aux côtés de vocalistes d’un soir ou non (l’une d’entre elles était littéralement impressionnante juste derrière nous). Une symbiose caractéristique d’une soirée zen et bon enfant dont l’apogée sera atteinte lors d’un catchy “Shine” chanté à l’unisson, un titre qui avait déjà fait mouche l’an dernier.

Ce n’est pas la seule fois que le public sera mis à contribution. Si la phrase bluesy introduisant “Les petits humains” la fera buter plus d’une fois sans toutefois la décontenancer, les trois nuances basées sur les instruments précités emmèneront “Juicy Tears” dans d’autres dimensions. Sans oublier ce “Unlock” en final, rituel de pleine lune destiné à se détacher de choses néfastes ou négatives. Tout le contraire d’une release party dont elle se souviendra longtemps. Et nous aussi…

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