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DØDSFERD – Diseased remnants of a dying world

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Le black metal est partout, y compris en Grèce où sévit depuis 18 ans un des groupes black les plus endurants de ce pays, Dødsferd. Le créateur du groupe, Nikos Spanakis, dit Wrath, a voulu donner un petit côté scandinave à son groupe en y insérant un o barré, pour faire suédois. Car quand on dit groupe de black metal grec, certains aurait tendance à pouffer de rire, alors il faut faire sérieux. Mais Dødsferd n’aurait même pas besoin de cela pour démontrer qu’il est tout à fait capable d’être aussi sinistre et désespéré que n’importe quel groupe black en provenance de pays où il y a quatre jours de soleil par an.

Wrath forme son groupe en 2001 alors qu’il a 18 ans. Il restera le membre permanent d’un line-up très changeant, ayant même assuré la totalité de l’instrumentation lors des premiers enregistrements de son groupe. Il faut dire que quand on est un black métalleux sous le doux soleil grec, on ne trouve pas forcément facilement des mecs qui partage ses goûts musicaux. De plus, au vu des titres des albums (ʺDesecrating the spirit of lifeʺ, ʺFucking your creationʺ, ʺCursing your will to liveʺ, ʺDeath set the beginning of my journeyʺ, ʺSuicide and the rest of your kind will followʺ, ʺSpitting with hatred the insignificance of lifeʺ, ʺA breed of parasitesʺ, ʺThe parasitic survival of the human raceʺ et enfin ce ʺDiseased remnants of a dying worldʺ), on sent bien que Monsieur Wrath n’est pas très bien dans sa peau et pourrait très probablement avoir des rapports conflictuels avec l’humanité, d’où des difficultés à entretenir des relations enjouées et rigolardes avec d’autres collègues de travail.

Donc, Wrath mène la plupart du temps sa barque comme il l’entend et change souvent de musiciens accompagnateurs. Il change aussi pas mal de groupes puisqu’il est ou a été impliqué dans de nombreux projets musicaux : Grab, Nadiwrath, ex-Drunk Earth, ex-Drunk Motherfuckers, ex-Mortovatis, ex-The Fourth Eye, ex-Kampf. En 2018, Dødsferd a été repéré par le label indien Transcending Obscurity et a sorti son dixième album studio (dans une discographie qui compte aussi une multitude d’albums partagé avec d’autres groupes). ʺDiseased remnants of a dying worldʺ ne compte que cinq morceaux mais ceux-ci concentrent sur de longues durées une masse d’émotions brûlantes, qui passent de la colère à la rage mais aussi plongent dans une mélancolie d’un romantisme noir. Le premier titre ʺMy father, my wrath!ʺ est une longue pièce acoustique d’où est exclue toute violence. On débouche sur le black metal proprement dit avec le deuxième titre ʺAn existence without purposeʺ. Déjà ici, on sent les atmosphères impressionnantes, avec le choc d’une brutalité épique et d’une colère dévorante. Dødsferd lâche de grands titres herculéens, comme cette plage titulaire d’album qui nous empoigne pendant plus de 16 minutes de black mâtiné de choses très progressives et très tourmentées. Si Rimbaud vivait de nos-jours, il ferait ce genre de musique.

Déjà bien absorbés par la dramaturgie puissante de ces premiers morceaux, nous sommes mûrs pour être emportés sans résistance dans l’univers à la fois malsain et touchant de cet album, qui livre encore les superbes ʺLoyal to the black oathʺ et ʺBack to my homeland… My last breathʺ qui déversent des kilolitres de larmes et des décibels de hurlements. Le dernier titre est totalement planant, marqué par les coups réguliers d’une horloge qui semble annoncer la course inexorable du temps vers la fin.

Très dense, très puissant, triste et assez exigeant dans son écoute, cet album de Dødsferd doit sans doute être un des meilleurs de la série. Afin de vérifier cette assertion, il serait judicieux d’écouter les autres disques afin de les découvrir, ce qui est en fait une très bonne idée.

Pays: GR
Transcending Obscurity
Sortie: 2018/12/14

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