CD/DVDChroniques

ELEANORA – Mere

0 Shares
Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Après avoir sidéré le monde moderne avec les coups de boutoir insensés de leur premier album ʺAllureʺ (2016), les Gantois d’Eleanora reviennent avec un deuxième opus fraisé dans la même usine sidérurgique que le précédent. Souvenons-nous, les années 2014-2016, l’époque sans masque et sans confinement : Eleanora venait de commettre un premier EP deux titres et avait fait régner l’ordre avec un premier album aux quatre titres longs et torturés proférant un sludge metal énervé et tourmenté. Depuis ces temps bénis, le groupe de Mathieu Joyeux (chant), Jeroen De Coster (basse), Christophe De Ridder (guitare), Stijn Witdouck (batterie) et Robin Broché (guitare) s’était un peu retiré du champ de bataille pour réfléchir à la suite de son œuvre. On est heureux de le voir de retour avec un nouveau disque qui prend en compte la maturité représentée par presque cinq années de silence.

D’abord, on constate en procédant à la revue des effectifs que le personnel d’Eleanora n’a pas varié d’un iota entre le premier et le nouvel album. On prend les mêmes et on recommence, et c’est tout aussi bien ainsi. C’est la démonstration d’un groupe soudé qui sait prendre son temps pour composer de nouvelles chansons, sans que l’un ou l’autre ne s’impatiente et ne file à la première occasion venue pour aller faire le beau dans un groupe de glam metal à vocation outrageusement commerciale. Ensuite, c’est l’annonce d’une évolution musicale ayant progressé selon les mêmes idéaux pour tous les membres du groupe, signe avant-coureur d’une cohésion bienfaitrice pour la qualité de ce nouveau disque.

Et ces prévisions sont vérifiées à l’écoute de ce ʺMereʺ, encore une fois publié par le label Consouling Sounds, comme le précédent album. Les membres d’Eleanora ont démoulé de la gangue bouillonnante sortie des fonderies marécageuses du sludge metal sept nouveaux morceaux plus compacts que les titres du premier album. On en a ici pour 38 minutes, ce qui place la durée moyenne d’un morceau à cinq minutes et trente secondes environ. L’agencement des morceaux permet à l’auditeur de cheminer petit à petit vers les moments les plus intenses qui se situent dans la seconde partie de l’album. Mais la première partie n’est pas dépourvue d’intérêt pour autant. La prise en main exercée par le premier morceau ʺAmosʺ mais tout de suite les pendules à l’heure, avec un moment d’agression qui doit plus au post-hardcore qu’au sludge metal proprement dit. On ralentit quelque peu le rythme sous les lourdeurs griffues de ʺEldersʺ, association efficace entre une puissante rythmique et des hachures de guitares rageuses. Le chant de Mathieu Joyeux est toujours aussi déchiqueté et violent, en parfaite adéquation avec les ambiances assassines des morceaux de cet album. On lui repose un peu les cordes vocales grâce à ʺEbʺ qui est un long intermède instrumental lent et cérémonieux, prétexte idéal pour lâcher toutes les forces d’attaque sur le titre suivant, ʺKorreʺ, début de la montée en puissance de l’album qui va commencer à marquer des points de plus en plus impressionnants jusqu’à la fin. Une magnifique progression vers l’extase sur ʺSamariaʺ permet de jauger le potentiel de l’album, qui grimpe alors rapidement dans l’estime. L’essai est transformé sur ʺPrincipesʺ qui secoue l’auditeur jusqu’au tréfonds de l’âme avec ses geysers de désespoir qui jaillissent des profondeurs. Non, il n’y a aucun espoir et ce n’est pas le final ʺMereʺ qui va venir nous tirer un sourire de nos visages défigurés par le chagrin, avec ses huit minutes de sludge metal massif mené à fond de train sous un rouleau compresseur rythmique, des guitares gémissantes et un chant fou furieux.

Bande-son idéal d’une année 2020 où la peur a régné en maîtresse, ce deuxième album d’Eleanora est aussi une occasion de placer ce groupe sur les marches supérieures du sludge metal belge, avec Amenra, Wiegedood et 30,000 Monkeys. Du combat de titans en perspective.

Le groupe :

Mathieu Joyeux (chant)
Jeroen De Coster (basse)
Christophe De Ridder (guitare)
Stijn Witdouck (batterie)
Robin Broché (guitare)

L’album :

ʺAmosʺ (03:53)
ʺEldersʺ (05:37)
ʺEbʺ (03:47)
ʺKorreʺ (05:21)
ʺSamariaʺ (06:02)
ʺPrincipesʺ (05:39)
ʺMereʺ (08:31)

https://eleanoramusic.bandcamp.com/album/mere-2
https://www.facebook.com/Eleanoramusic

Pays: BE
Consouling Sounds
Sortie: 2020/11/06

Laisser un commentaire

Music In Belgium