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HELL FIRE – Mania

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La maison RidingEasy nous a habitués à l’édition d’albums et de compilations bien en phase avec le stoner rock, proto metal et doom pour bikers enfumés des années 70. Mais ici, ce label sort un peu des sentiers battus de ces genres pour proposer un groupe qui ferait plutôt dans le heavy metal traditionnel des années 80. Hell Fire, en effet, avec son troisième album ʺManiaʺ, semble sortir d’une faille spatio-temporelle où il semblait coincé depuis 1984, juste avant que le heavy metal n’entame sa division cellulaire en sous-genres multiples, entre death, black, grind et je ne sais quoi d’autre.

Ce groupe se forme à San Francisco en 2010 autour de Herman Bandala (basse), Tony Campos (guitare) et Jake Nunn (chant et guitare), les batteurs ayant pas mal valsé jusqu’à l’arrivée de Mike Smith en 2017. Un mot sur Jake Nunn en particulier : ce garçon officie également depuis 2011 dans le mythique combo true metal Sentinel Beast, dont les états de service remontent au début des années 1980 (l’album culte ʺDepths of deathʺ, 1986) et qui est toujours animé aujourd’hui par la vénérable Debbie Gunn.

On doit pour le moment à Hell Fire les albums ʺMetal massesʺ (2016) et ʺFree againʺ (2017), suivi de ce nouveau ʺManiaʺ qui, à la différence des deux autres, a quitté les circuits de distribution indépendants pour trouver refuge chez RidingEasy. Le message musical d’Hell Fire est simple : rien ne peut exister après 1984 en termes de heavy metal. C’est la raison pour laquelle ces chevaliers du métal épique nous recyclent avec bonheur l’héritage d’Iron Maiden, Manowar, Armored Saint ou Dio et des pans velus de la New Wave Of British Heavy Metal, comme si le thrash metal ou le death metal n’avaient jamais existé. Hell Fire se situe en fait sur ce petit créneau qu’on appelait en 1983 le speed metal, un truc qui allait plus vite que Scorpions ou Judas Priest et dans lequel on classait Slayer, Metallica ou Anthrax avant que la catégorie du thrash metal ne soit inventée.

C’est donc revêtu du Perfecto clouté recouvert de la veste en denim à patches Saxon, Motörhead, Raven ou Iron Maiden que l’on enfonce ses tympans dans la chaudière de ʺManiaʺ, histoire de faire un bond dans le temps en respectant la réalité historique. Hell Fire nous donne du riff corseté dans de la cotte de mailles, arrache les guitares des enclumes dans lesquelles elles avaient été enfermées par Merlin (et Bon Jovi…) et fait charger des hordes de Vikings sur les villages normands avec des titres plus eighties que nature (ʺBorn to burnʺ, ʺKnights of the holyʺ, ʺManiaʺ, ʺMasochistʺ, ʺTranscending evilʺ, ʺWarpathʺ). Une petite pointe plus stoner contemporain est sensible sur le morceau ʺThe dreamerʺ, signe possible d’une éventuelle évolution. Mais il faut vraiment se pencher dessus très bas pour la repérer.

Sinon, dans l’ensemble, voici un bon petit album travaillé à l’ancienne dans les règles de l’art. A l’instar des reenactors qui passent leurs week-ends habillés en chevaliers ou paysans du Moyen-âge afin de retrouver l’esprit d’antan, Hell Fire pourrait bien être un de ces groupes d’aujourd’hui qui s’habille en groupe de true metal eighties pour sentir à nouveau dans ses cheveux graisseux l’air frais et vivifiant du grand âge d’or du heavy metal.

Pays: US
RidingEasy Records
Sortie: 2019/03/29

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