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FRIED BOURBON – Gravy train

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Lorsque les critiques blues du monde viennent dire que la Belgique est un pays formidable en matière de blues, il y a des raisons de s’inquiéter. Ce pays est-il aussi pauvre que ça, au point d’engendrer des légions de groupes se plaignant du quotidien et clamant leur chagrin ? Avons-nous des esclaves qui plantent le coton quelque part entre Hasselt et Marche-en-Famenne ? Sommes-nous condamnés à quitter nos campagnes pour aller travailler à la ville pour un salaire de misère ? Le blues belge est-il bon parce que le pays est dans le malheur ?

Je ne pense pas qu’il faille en venir à de telles pensées pour se rendre compte de la vitalité et de la qualité du blues belge. Et un groupe comme Fried Bourbon ne va pas avoir de grandes difficultés à nous faire comprendre que le blues peut aussi provenir de la bonne humeur et de la joie de vivre. Pour leur troisième album, Steven Troch (chant et harmonica), Tim Ielegems (guitares), Chris Forget (contrebasse) et Stefan Decoene (batterie) sont venus planter des kilotonnes d’enthousiasme et un goût immodéré pour le swing. Et en matière de swing, le groupe en connaît un rayon : Steven Troch revient des USA avec en poche le titre de King of Blues, gagné au concours Marc Hummels Harmonica Blow Out.

Fried Bourbon semble s’être arrêté quelque part en 1958 sur la route qui mène à Chicago. Ils viennent de monter dans la voiture d’Howlin’ Wolf ou de Big Bill Broonzy et les voilà partis pour un voyage dans le temps et dans les racines du blues le plus classique. Le piano de Gene Taylor sur certains morceaux (“Blowin’ my blues away”, “Turn your damper down”) vient apporter cette petite touche à la Memphis Slim et l’orgue Hammond de J.J. Louis, l’autre invité, enrubanne “The storm” d’une petite touche soul à la Ray Charles. Histoire de mettre encore plus d’authenticité dans leur blues, les gars de Fried Bourbon livrent leur version plus que convaincante du “Nine below zero” de Sonny Boy Williamson, tout en force suave et en désespoir tranquille, accompagnée d’un dégoulinement d’harmonica poisseux et gras. Autre reprise, un somptueux “Turn your damper down” du vétéran Jerry McCain vient terminer l’album dans des rythmiques échauffées. Ici encore, le solo d’harmonica de Steven Troch est une véritable tuerie.

Les morceaux de ce nouveau “Gravy train” ont qui plus est été enregistrés à l’ancienne, tout en bandes analogiques, ordinateurs proscrits et avec des instruments d’époque. Il en ressort un son d’une extrême spontanéité, fait pour captiver l’auditeur et l’imprégner d’un feeling qui va s’insinuer jusqu’au plus profond de ses os. Entre Memphis blues, boogie-woogie entêtant et gospel rédempteur, cet album de Fried Bourbon est une pépite dont il faut apprécier chaque instant, chaque note. Sortez les pelles : le blues y est profondément enterré.

Pays: BE
Naked Productions
Sortie: 2012/03/02

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