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AMENRA – Mass VI

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Faut-il encore parler d’Amenra ? Peut-être pas. Mais peut-on ne pas en parler ? Certainement pas !
Amenra est un des groupes les plus marquants du moment. Dans le monde du métal, et plus encore du métal belge, il est un OVNI. Non qu’il n’appartienne pas à notre monde et ait traversé la galaxie pour sauver tous ceux de Mégara. Il est bien de chez nous, chante en anglais, néerlandais et français et s’intègre dans un collectif d’artistes (musiciens, plasticiens, danseurs) connu sous le nom de Church of Ra.

Amenra est un OVNI parce qu’il réussit quelque chose d’éminement rare : allier une violence indiscutable, une lourdeur sépulcrale, à une émotion poignante. Entendre Colin van Eeckhout hurler sur un tapis de guitares plombées, c’est entendre le cri de désespoir d’un homme qui sait que rien ne peut être dit, qui sait même qu’hurler est impossible… Amenra se mesure à l’univers, à la vie, à l’absurde et, bien entendu, à la mort.

Aussi, un nouvel album est-il nécessairement un évènement. On attend tellement d’Amenra qu’on craint de les voir trébucher. On peut s’accommoder de déceptions, mais celle-la serait particulièrement douloureuse. L’enjeu n’est pas mince et je n’ai pas entamé à la légère l’écoute de ce nouvel opus.
Cessons de tourner autour du pot, venons-en à l’album.

Continuité : La première chose qui frappe est la continuité par rapport à Mass V. Après une évolution, d’un album à l’autre, il semble bien qu’Amenra soit droit dans ses bottes, bien dans son genre. Les rythmes apparaissent inchangés, les guitares continuent de scander lentement le ressac des morceaux, les mélodies restent aériennes et pourtant si pesantes.

Le chant du charismatique Colin continue de fonder l’âme de la musique. C’est par lui que se propage cette déchirure qui parcourt le tissu des morceaux.
La charpente demeure articulée sur une batterie d’une précision et d’une sobriété exemplaires : pas de démonstrations inutiles, mais une justesse de l’intention, une sobre beauté de la percussion qui frappe juste.

La force des cordes est là, bien entendu, et on attend avec impatience le 31 octobre, à l’AB, pour se trouver à nouveau face à ce raz-de-marée sonore, consciencieusement poussé en avant par le groupe. Il n’est que de se rappeler l’implication absolue des guitaristes et bassiste pour comprendre ce que cet album doit à une rigueur absolue, à une ascèse musicale, seule voie vers le mysticisme de l’Eglise de Ra…

Évolutions : Pourtant, Mass VI n’est pas la deuxième partie d’un double album dont la moitié se serait égarée un temps. Il est en soi une nouvelle œuvre, dans laquelle le groupe peaufine son approche.
Tout d’abord, les langues. Colin chante en anglais et en français (Plus près de toi), mais déclame aussi de très sobres poèmes en néerlandais. Dans ce contexte, dans le cadre grandiosement intimiste d’Amenra, les sonorités rugueuses et sifflantes du néerlandais prennent leur sens… On y sent quelque chose qui ne pourrait s’exprimer autrement.
Le chant lui-même a évolué, laissant plus régulièrement la place à un chant clair, haut perché, délicat, qui contraste d’autant plus avec les hurlements. Par contraste, ces derniers apparaissent pour ce qu’ils sont : ce qui est le plus près du cri incontrôlé, de l’expression la plus pure d’une glaçante terreur, tout en restant du côté de la mélodie. C’est ce délicat équilibre entre beauté et peur primale que tisse Mass VI.

On l’aura compris, il faut écouter Mass VI. La question n’est pas de savoir si vous aimez le métal, elle est de comprendre que cet album met à nu la condition humaine. Me revient à l’esprit mon amie Régine, la soixantaine bien sonnée, qui n’a jamais écouté de métal de sa vie, et qui, il y a peu, commandait Mass VI à la FNAC. Pourquoi ? Parce qu’il le faut.Du métal ? Ce n’est vraiment pas la question !

PS : Amenra est un groupe belge fondé en 1999 et qui a progressivement acquis une réputation envieuse sur la scène métal ou, plutôt, sur une subdivision de celle-ci : la scène doom ou post-metal.
Sa configuration actuelle est la suivante : Colin H. van Eeckhout (chant), Mathieu J. Vandekerckhove (guitare), Bjorn J. Lebon (batterie), Lennart Bossu (guitare), Levy Seynaeve (basse).

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Pays: BE
Autoproduction
Sortie: 2017/10/20

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