HOLY ESQUE – Television/Sweet

Après avoir fait forte impression avec son premier album “At hope’s ravine“, les Ecossais de Holy Esque poursuivent leur route musicale avec “Television/Sweet”, un nouvel album mis au point après plus de deux ans. Ces deux années ont été occupées à tourner intensivement pour le groupe de Pat Hynes (chant et guitare), Hugo McGinley (guitare), Keir Reid (claviers) et Ralph McClure (batterie). Holy Esque a notamment été vu au festival américain SxSW quatre années de suite et a fait des apparitions sur la chaîne KEXP. Le combo semble en effet assez bien apprécié de l’autre côté de la Manche et de l’Atlantique mais ne semble pas encore avoir trop marqué les esprits sur le continent européen.

Ceci est bien injuste car, nous l’avions déjà dit lors de la chronique du premier album, Holy Esque est pétri de talents et mérite qu’on s’y intéresse. Tenant d’un post-punk et new wave solidement tassé, Hoy Esque ressuscite le souvenir des années 80 et de ses héros synthétiques The Cure, Simple Minds, Joy Division ou Jesus & Mary Chain. Tant est si bien que si ce groupe avait sorti ses albums en 1981, il ferait actuellement partie de l’Olympe des groupes new wave de légende. Le souci est sans doute qu’il arrive 35 ans après les faits et que, même si sa sincérité musicale est au-dessus de tout soupçon, Holy Esque marche sur des terrains musicaux anciens où ne s’aventurent plus que les fans ayant dépassé la quarantaine. A cela, on peut répliquer que, justement, si Holy Esque avait voulu profiter des modes actuelles pour se faire plein de pognon et de gonzesses, il ferait ce qui plait aujourd’hui aux gamins, metalcore, hip-hop, pop-music débile et que sais-je encore. Mais entrer sur la voie de la new wave et du post-punk alors que tout le monde s’en fout, il faut en vouloir, il faut avoir foi en cette musique.

Et c’est la grande qualité de Holy Esque, cet attrait sincère et concerné pour des mélodies sombres et tristes, cette aptitude à reconstituer des chagrins sur la partition. Et il y a surtout l’âme torturée de Pat Hynes et sa voix caractéristique. Le nouvel album se place dans le sillage du précédent, il est toujours aussi prenant et touchant. Il n’y a en fait que l’effet de surprise qui a disparu, rendant les chansons du groupe plus prévisibles. Mais jamais le combo ne donne dans la facilité, jamais il ne choisit des petits refrains pour midinettes décérébrées en espérant ressembler à Imagine Dragons ou à The Script. La cuvée 2018 de Holy Esque propose à nouveau des choses fortes ayant du sens, comme “Image of man”, l’impressionnant “I am the truth”, l’aérien “House of hounds”, un “Give me your stillness” tout en grâce dentellière, le menaçant “Modern tones” ou l’entêtant “Filth of passion”.

Le groupe fait un lointain passage à Paris lors de sa tournée européenne de septembre. La Belgique n’est pas encore sur le trajet, mais qui sait, ça viendra peut-être un jour.

Pays: GB
Autoproduction
Sortie: 2018/06/08