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ARCHIVE contrôle les Halles

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Après une harassante période festivalière, les concerts en salle reprennent leurs droits avec une fin d’année qui s’annonce non seulement chargée, mais surtout intéressante. Le point de départ de notre saison 2009/2010 avait lieu aux Halles de Schaerbeek ce samedi 19 septembre pour le retour sur scène d’Archive, dont les prestations scéniques sont toujours bourrées d’émotion et où il se passe toujours un truc entre le public et le groupe.

Pour preuve, leur magistrale prestation du 6 octobre 2006 à l’Ancienne Belgique, mon concert de cette année-là et pas loin d’être un des meilleurs de la décennie. Depuis, outre un album en public (“Live At The Zenith”) en 2007, ils ont sorti au printemps de cette année leur sixième album, “Controlling Crowds” (Parts I-III), un récit dont l’épilogue sera connu avec “Controlling Crowds Part IV” (sortie prévue le mois prochain).

En attendant, il valait mieux connaître sur le bout des doigts ce dernier album car c’était majoritairement le menu du jour. Dixit Daniel Griffiths que nous avons rencontré avant le concert (interview à lire bientôt dans ces colonnes), “Controlling Crowds” raconte une histoire et il est difficile dy inclure des anciens titres au risque de ne plus rien y comprendre. Ceux qui venaient pour entendre “Fuck U” ou “Lights” risquaient donc de moins vibrer que les autres.

Mais avant de rentrer en méditation, une première partie était prévue: Birdpen (qui a un lien étroit avec Archive puisque ce trio est emmené par Dave Pen, un des vocalistes du groupe). Nettement plus musclé tout en faisant la part belle aux mélodies travaillées, on sent malgré tout qu’il manque un petit quelque chose. En tout cas, la magie n’opère pas. Dave Pen a un peu le même timbre de voix que David Gilmour, favorisant du même coup le facile raccourci avec Pink Floyd. En un peu plus remuant toutefois et avec des compositions qui finissent par lasser sur la longueur. En effet, plusieurs fois, on se surprend à penser à autre chose et à perdre tout à fait le fil du morceau. Ou alors, c’est l’excitation qui monte et qui nous rend impatients.

Après de longues minutes de soundchecks, les lumières s’éteignent enfin au son du “Radioactivity” de Kraftwerk. L’arrivée des musiciens est imminente. Le temps d’ajuster leurs instruments, et c’est parti sans surprise avec “Controlling Crowds”, la plage d’intro de l’album du même nom et dix minutes planantes magnifiées par la voix de Pollard Berrier, qui s’affirme de plus en plus comme un élément incontournable du collectif londonien. Le visuel sur l’immense écran derrière les musiciens participe grandement à la mise en place des atmosphères parfois lancinantes proposées. Ainsi, l’armée de mannequins qui défile face à nous à de quoi impressionner.

Suit “Bullets”, le single, qui fait encore un peu plus monter la tension. C’est incroyable comme ils peuvent passer d’une mélodie planante à un riff de guitare assassin en quelques instants. C’est cela aussi, la marque de fabrique d’Archive. Les titres défilent dans le même ordre que sur l’album, avec plus ou moins de bonheur. “Words On Signs” (qui voit Dave Pen attraper le micro une première fois) impressionne par sa beauté et sa profondeur. Ensuite, l’excellent “Dangervisit” prend tout son sens lorsque l’écran géant indique en immenses lettres FEEL, TRUST, OBEY et puis c’est une explosion sonore maîtrisée qui retourne les Halles, avant de se calmer et d’introduire magnifiquement “Quiet Time”, pour saluer le retour du rappeur Rosko John. Paradoxalement, son flow se marie à merveille avec la voix de Pollard (devenu guitariste entre-temps).

Pour cette tournée, la chanteuse Maria Q n’est pas présente avec le groupe. Mais comme sa voix est au moins aussi impressionnante qu’indispensable, ils ont décidé de la faire participer virtuellement à la fête. Ainsi, l’enivrant “Collapse / Collide” voit la belle pousser des vocalises sur grand écran et le groupe de l’accompagner de bien belle manière. Avouons que cette composition, particulièrement chargée émotionnellement, ne peut être chantée que par elle. “Clones” vaut surtout par le visuel symbolique mettant simplement en avant des mains qui se joignent ou qui se fondent entre elles. “Bastardised Ink” fait monter la puissance d’un cran avec l’énergie de Rosko John, alors que “Kings Of Speed” (un des tout bons extraits de l’album) nous montre un groupe à son meilleur niveau.

Place ensuite à deux nouveaux morceaux, “Lines” et “Empty Bottle”, qui montrent un peu la direction qu’ils vont donner à la fin de l’histoire. A première écoute, il est difficile de se faire une idée précise, si ce n’est qu’on entraperçoit un mélange d’influences qui nous font penser à Arcade Fire, alors que l’écran géant se base sur des codes barres et des allusions à l’électricité. Juste après, c’est “Funeral” qui va clôturer la première partie du concert.

Mais on était encore loin d’être rentré. En effet, le rappel va durer près d’une demi-heure, entamé avec “Londinium”, qu’ils n’avaient plus joué depuis très longtemps (Rosko John n’est sans doute pas étranger à ce regain d’intérêt pour le premier album du groupe sorti en 1996). Suivra un puissant “Numb”, toutes guitares en avant, et un “Chaos” qui n’aurait peut-être pas dû» être joué à ce moment-là (et peut-être même pas joué du tout en fait). Ils vont prendre congé du public des Halles avec l’immense “Again”, pour un bon quart d’heure de bonheur intense et d’émotion. Même si la magie n’a pas opéré aussi intensivement qu’en 2006, Archive a donné un excellent concert qui montre que quand l’histoire est aussi haletante, il n’y a aucune honte à la raconter encore et encore…

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Archive | Birdpen
Photos © 2009 Bernard Hulet

 

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