Southern Rock avec HOGJAW au Spirit of 66
Propulsé à l’avant-plan par Lynyrd Skynyrd dans la première moitié des années septante, le Southern Rock avait quelque peu peiné à rester attractif ces deux dernières décennies. Pour toute une série de raisons qu’il n’est pas opportun d’aborder ici, l’originalité des premiers temps s’était progressivement estompée et la nouvelle génération n’était parvenue ni à maintenir durablement le niveau, ni à renouveler le genre, malgré l’aide de rescapés de l’âge d’or issus des formations les plus réputées, telles que le Charlie Daniels Band, Lynyrd Skynyrd, Outlaws, Marshall Tucker Band, Atlanta Rhythm Section, Wet Willie, Blackfoot, 38 Special, Johnny Van Zant Band, Rossington Collins Band, Molly Hatchet, …
Pour la plupart des passionnés, Lynyrd Skynyrd, dans sa première version, restera toujours le sommet du genre. Personnellement, je n’oublierai jamais leur prestation à l’Ancienne Belgique lors de la tournée suivant l’album « Nuthin Fancy ».
Quelques décennies plus tard, avec Hogjaw, le Southern Rock a montré qu’artistiquement au moins, il pouvait encore produire de bons groupes. Artistiquement, car, pour ce qui est des origines, l’Arizona dont provient Hogjaw se situe bien loin des terres originelles du genre. Il n’existe d’ailleurs en tant qu’état que depuis 1912. Ce n’est donc pas sous la bannière des États Confédérés qu’Hogjaw s’est présenté sur la scène du Spirit of 66, ce 27 avril 2011.
Si le public ne s’est pas déplacé en grand nombre pour ce « petit » concert à 12€, le groupe n’en a cure. L’atmosphère sur scène est excellente. Les gosiers n’y seront jamais secs et le potentiel d’absorption de certaines vessies sera remarquable. Quant au volume sonore, il restera toujours élevé, bien qu’adapté. Le seul (léger) regret viendra d’une sous-amplification de la guitare du soliste par rapport à celle du chanteur. La marque Gibson sera à l’honneur avec deux splendides guitares Les Paul et une impressionnante basse SG.
Ce quatuor formé en 2006 se compose du chanteur et guitariste Jonboat Jones, un géant à la barbe hirsute et au physique de camionneur, du guitariste soliste Kreg Self, posé et bien propre sur lui, du bassiste Elvis D.D., pantalon de cuir, longues nattes et tatouages abondants, et du batteur et chanteur J. « Kwall » Kowalski, longs cheveux et tatouages tout aussi abondants.
Avec des compositions originales de qualité qui ne réinventent pourtant jamais le genre, ce groupe se crée une personnalité propre, fruit d’un brassage adroit des différents styles historiques du sud des États-Unis. L’influence de Lynyrd Skynyrd ressort particulièrement au niveau de la construction des compositions et des guitares ; celle de Blackfoot et de Molly Hatchet se retrouve dans la hargne, les contours Hard et la rythmique. Le Charlie Daniels Band peut aussi être cité pour les parties plus Country. Outlaws, ZZ Top et Gov’t Mule apparaissent dans une moindre mesure.
Compositeur principal, Jonboat Jones joue un rôle central. Il donne le tempo. Au chant, il est parfait. Il synthétise d’une certaine manière les styles de Ronnie Van Zant, Danny Joe Brown et Billy Gibbons. Il parvient aussi à calmer les tentations les plus extrêmes du duo rythmique. Son timbre de voix et son style de chant ne supporteraient d’ailleurs pas plus de débordements. Pourtant, lorsqu’il se concentre exclusivement sur sa six-cordes, il se révèle aussi capable de hausser le ton et d’effectuer de pétillants échanges avec son partenaire soliste. Tant en solo qu’en rythmique, les guitares impressionnent. Les solos sont volontiers agressifs et les riffs assassins. Le jeu du soliste rappelle souvent Gary Rossington. La basse pète le feu. Le modèle utilisé est d’ailleurs fait pour cela. Il justifie un jeu puissant, audacieux et consistant, ce qui est le cas ici. Son utilisateur possède la hargne typique des Hard-Rockeurs, tout comme le batteur.
Les deux CDs publiés, « Devil in the Details » (2008) et « Ironwood » (2010), fourniront le matériel essentiel du concert. Comme ils sont excellents et que le groupe sait y faire, il n’y aura aucun problème et le public sera ravi. Beaucoup en profiteront d’ailleurs pour acquérir ces deux bijoux. Il faut dire que leur prix était loin d’être abusif à 12€.
Pour bien comprendre la nature de ce quatuor, il suffit de consulter leur site MySpace et Youtube.
Excellente soirée, particulièrement revigorante !