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La contagieuse euphorie de GLASVEGAS

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Il aura fallu se montrer patient mais Glasvegas s’est quand même décidé à fouler la scène d’une salle belge et c’est à l’Ancienne Belgique (dans sa configuration Box) que l’événement a eu lieu. Ce vendredi 13 mai était en quelque sorte notre jour de chance, surtout que le nouvel album du quatuor écossais, “Euphoric///Heartbreak”, est une petite merveille du genre et on avait hâte de découvrir son traitement en live.

Contrairement à ce que le site de l’AB annonçait, Newtown, le groupe choisi pour l’avant-programme, ne vient pas de Johannesburg mais d’une ville bien moins exotique, Anvers. En novembre dernier, ils avaient déjà assuré la première partie de The Walkmen et, plus récemment, celle des Stranglers. Ils commencent donc à avoir de la bouteille et un single, “A General Idea”, a même fait les beaux jours des radios néerlandophones au début de l’année.

Il convient de reconnaître que le groupe semble au point et leur show assez bien rôdé, même si cela part un peu dans tous les sens. On se balade dès lors quelque part entre du Keane avec des guitares, du Coldplay en plus remuant et du Coral en moins sixties, avec une préférence lorsque le leader, Geert Laenens, troque son piano contre une guitare. Quant à sa voix, elle fait furieusement penser à celle de Didier Van Wambeke (ex-Keaton et actuel I’m Big In Japan), surtout dans les intonations.

Le seul passage de Glasvegas en Belgique remontait au Pukkelpop 2009 et leur prestation avait été particulièrement intense sous le Marquee en début de soirée. Il faut dire que leur premier album éponyme regorgeait de compositions tellement sombres et mélancoliques qu’elles en devenaient attachantes. Depuis, le leader James Allan a retrouvé une certaine joie de vivre puisqu’il se balade désormais tout de blanc vêtu. Un revirement drastique qui rejaillit sur la musique puisque le nouvel album du groupe dégage une atmosphère légère et printanière, un peu à l’image des productions récentes de Noah & The Whale ou de Leisure Society dont les chanteurs respectifs semblent avoir stoppé net leur cure d’antidépresseurs.

“Pain Pain Never Again”, l’intro de l’album sera également celle du concert ce soir, dans une version simplifiée, c’est-à-dire que le leader ne viendra pas poser sa voix en traduisant le récit en français déclamé par une voix féminine désintéressée, quelque part entre “Fade To Grey” (Visage) et “French Movies” (Magnus). Les musiciens vont dès lors avoir tout le temps de se placer devant les neuf énormes lettres (celles qui composent le nom du groupe) suspendues qui vont illuminer la scène façon Times Square ou casino de Las Vegas : la batteuse (nouvelle venue) Jonna Löfgren au look branché (qui a la particularité de jouer debout), le bassiste Paul Donoghue (à qui il manque une incisive, ce qui rend son sourire particulier) ainsi que le guitariste Rab Allan à l’embonpoint naissant (et dont l’instrument un peu trop mis en avant par moments sera le seul bémol de la soirée).

Mais c’est bien évidemment James Allan la star, qui débutera le concert avec “The World Is Yours”, flanqué d’une énorme paire de lunettes de soleil sur le nez. Il retirera assez rapidement sa veste blanche pour laisser apparaître un singlet XXL à l’effigie du dernier album de son groupe (un rien narcissique, peut-être…). Cela dit, on aura la confirmation que “Euphoric///Heartbreak” est riche en compositions consistantes qui prennent encore plus de signification en live, comme “You” et surtout l’excellent “Shine Like Stars”. L’univers du groupe a changé, et cela se remarque encore davantage lorsqu’arrivent les extraits du premier album. Ainsi, “It’s My Own Cheating Heart That Makes Me Cry” et “Lonesome Swan” vont se faire plus discrets que d’habitude, mais uniquement en comparaison des nouveaux titres, comme “Whatever Hurts You Through The Night” dont la sensibilité bouleversante nous séduira particulièrement. Ce sera également le cas du “Heartbreaker” de Dionne Warwick qui servira d’introduction à “Euphoria, Take My Hand”.

En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que James Allan vit son concert à fond. D’une manière générale, on ne voit d’ailleurs que lui et sa manière toute personnelle de se ligoter avec le fil du micro. Un micro dont l’embout ressemble à un aspirateur au manche flexible assez curieux (imaginez une guirlande de Noël du calibre d’un tuyau d’arrosage…). Il n’hésitera pas non plus à se jeter par terre ou à arpenter la scène de gauche à droite alors qu’il terminera le concert à pieds nus. L’intensité sera à son comble pour la fin du set principal lorsque le patiemment orchestré “Ice Cream Van” succèdera au tube qu’est “Geraldine”. Quant à “Go Square Go” et son refrain repris en chœur par le public (“Here we fucking go!”), il a sans doute dû germer dans la tête du chanteur lors d’un match de foot lors de sa première carrière professionnelle…

Le groupe ne mettra pas longtemps avant de revenir donner de la voix pour des rappels qui comprendront notamment une version retravaillée de “Flowers & Football Tops” (le tempo ralenti donne clairement une autre vision à la composition). Outre “S.A.D. Light”, ils se fendront également d’un nouveau morceau qui prend de l’ampleur au fur et à mesure de son évolution (“Lots Sometimes”) avant que les paroles de l’incontournable “Daddy’s Gone” ne résonnent dans une AB Box tout à fait conquise. Une seule conclusion s’impose : les absents ont eu tort…

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