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CALEXICO à l’AB version salsa bar

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Quatre ans après leur dernier passage à l’AB, les gais lurons de Calexico étaient de retour dans la grande salle du boulevard Anspach ce mercredi 19 septembre afin de défendre “Algiers”, un nouvel album fraîchement sorti qui marque le retour du groupe aux affaires courantes.

Ceux qui étaient présents le 13 octobre 2008 confirmeront que leur prestation avait été mémorable à plus d’un titre. Pour preuve, ils l’ont immortalisée sur un CD sobrement baptisé “Ancienne Belgique – Live In Brussels 2008”. Mais elle nous avait surtout permis de découvrir Get Well Soon, le petit groupe allemand alors inconnu qui assurait la première partie ce jour-là. Aujourd’hui, c’est Laura Gibson à qui ils ont décidé de filer un petit coup de pouce en lui permettant d’ouvrir pour eux.

Laura Gibson, c’est une petite madame pas très féminine de par son accoutrement et ses lunettes classiques. En revanche, sa voix a le pouvoir d’emmener son auditoire dans des contrées qui sentent bon les grands espaces mais qui, paradoxalement, se trouve tout aussi à l’aise dans un endroit confiné. On pense distraitement à Regina Spektor ou à Emiliana Torrini, mais c’est finalement au timbre de Cherilyn MacNeil, la chanteuse de Dear Reader, que la ressemblance s’avère la plus frappante.

Toujours est-il qu’elle voue, à l’instar des trois musiciens qui l’accompagnent, une véritable admiration pour les hôtes du jour. La preuve avec des parties de cuivres en toile de fond ainsi qu’à la présence, pour deux titres, de Volker Zander (le (contre)bassiste de Calexico) pendant que son guitariste s’appliquait à la steel guitar tout en assurant une seconde voix captivante. Mentionnons également cette petite comptine au piano pleine de tendresse qui a contribué à donner au public un aperçu de ses multiples facettes. Pour info, elle en est déjà à son troisième album, “La Grande”.

Le monde de Calexico a beau avoir été créé voici une quinzaine d’années, les chemins qui le balisent conservent la même saveur. Leur septième album, “Algiers”, ne déroge pas à la règle et présente un équilibre dont les maîtres mots sont émotion, rêve et voyage. Il faut dire que Joey Burns n’a pas son pareil pour partager les sentiments qui l’habitent et le traitement en live des compositions ne font qu’amplifier cette perception.

Une des grandes qualités du groupe originaire de Tucson dans l’Arizona réside dans le fait que d’une tournée à l’autre, ils revisitent la set-list de fond en comble et mettent en exergue leur plaque la plus récente. C’est d’ailleurs avec “Epic”, la plage titulaire d’“Algiers”, que les festivités ont débuté tout en douceur, avant que “Splitter” ne vienne muscler la donne. Entre les deux, le guilleret “Across The Wire” permettra à deux mariachis de venir squatter le devant de la scène, trompette en garde alors qu’un troisième joue de l’accordéon à l’arrière, pour un effet immédiat sur le public.

Tant que l’on en est à parler des instruments atypiques pour un groupe de rock, pointons la contrebasse du précité Volker Zander. Bizarrement, ce sont les titres à vocation mexicano-hispanisantes qui vont récolter le plus de suffrages, à l’instar du récent “No Te Vayas” et de l’instrumental traditionnel “El Picador”. Pourtant, ce sont en général ceux qui mettent le moins en valeur la voix de Joey Burns.

En effet, celle-ci se révélera particulièrement envoûtante sur les nouvelles compositions. Citons pêle-mêle “Fortune Teller” à la délicate mélodie, “Maybe On Monday” aux chœurs bien présents et “Sinner In The Sea”, dont le final psychédélique fait songer aux Doors. De quoi donner aux curieux l’occasion de se laisser emporter au gré de la fantaisie vocale du leader.

Puis, tout d’un coup, l’espace de deux morceaux, l’ami Volker va troquer son encombrant instrument contre une basse plus classique et, sans crier gare, c’est la salle tout entière qui va s’en voir retournée. Leur célèbre cover de Love (“Alone Again Or”) et l’excellent “Hush” (encore un nouveau titre) vont tout d’un coup adopter une forme plus groovante, que confirmera l’ensoleillé “Puerto” en guise de final du set principal.

Le groupe remontera sur scène pour un rappel introduit par un long palabre d’un Joey Burns particulièrement sensible à l’accueil réservé par les Bruxellois (si ça se fait, il a dit la même chose aux Londoniens la veille) avant de se lancer dans un ultime nouveau titre d’une douceur apaisante, “The Vanishing Mind”, dont les cuivres discrets font sensation. L’éclair de génie se poursuivra tout au long de “Two Silver Trees”, que l’on peut définitivement assimiler à un hit single alors que c’est dans une ambiance presque carnavalesque que se terminera leur set, lorsque “Guero Canelo” donnera des fourmis dans les jambes aux férus de salsa et aux amateurs de mojito.

De notre côté, on aurait peut-être préféré un final un rien moins coloré (la set-list permettait d’ailleurs plusieurs options dans ce sens). Ne faisons toutefois pas la fine bouche, un concert de Calexico reste une expérience au terme de laquelle il est difficile de repartir autrement qu’avec un grand sourire au milieu du visage…

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