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L’apocalypse selon THE HIVES

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Précédés d’une réputation de rockers boutes-en-trains loin d’être usurpée, les Suédois de The Hives n’ont eu aucun mal à remplir l’Ancienne Belgique ce dimanche 9 décembre, quelques mois après avoir enflammé le public du Pukkelpop à l’occasion de la sortie de “Lex Hives”, leur explosif cinquième album. À ce propos, le complexe du boulevard Anspach s’apparente à un endroit qu’ils apprécient tout particulièrement puisque c’est ici même qu’a été mis en boîte le DVD “Tussles In Brussels” en 2004 alors que les murs se souviennent encore de leur prestation d’il y a cinq ans quasi jour pour jour.

Visiblement, cette fois, le but était de faire encore plus fort puisqu’ils avaient invité The Bronx à ouvrir pour eux. Contrairement à ce que leur nom pourrait laisser supposer, il s’agit de vétérans de la scène punk hardcore californienne. Une intro sinistre verra tout d’abord les yeux rouges d’un gorille sur un immense drapeau à l’effigie du groupe se dévoiler petit à petit à travers les fumigènes avant de laisser apparaître une mention qui illustre parfaitement leur philosophie : “The beat that kills!”…

C’est alors qu’ils vont prendre le public à la gorge en ne lui laissant aucun moment de répit. Les riffs de guitares incendiaires et une basse d’enfer vont succéder aux rythmes frénétiques imposés par le batteur, le tout surplombé par les hurlements presque mélodieux de Matt Caughthran, le chanteur chauve aux avant-bras tatoués. Celui-ci va se donner sang et eau comme si sa vie en dépendait. Il ne mettra pas plus de deux titres avant de se retrouver au beau milieu du moshpit tout en assurant ses parties vocales comme si de rien n’était.

Musicalement parfaitement au point, ils vont proposer un set d’une puissance inouïe à un public grandement constitué de fans et d’amateurs du genre. Ils ne s’autorisent aucune concession et le monstrueux pogo qui va accompagner la fin de leur set prouvera l’incroyable complicité qu’ils sont parvenus à installer en un rien de temps. Ce soir, c’était la dernière date de la tournée et pour fêter l’événement, les hôtes du jour vont aller jusqu’à investir la scène en civil, une bouteille de champagne à la main pour asperger les musiciens tels des vainqueurs d’un grand prix de Formule 1. Une ambiance de feu peu courante lors d’une première partie à l’AB. Et cela ne faisait que commencer…

Comme on l’avait sous-entendu lors de l’analyse de
Lex Hives
, le dernier album de The Hives, il se pourrait qu’il s’agisse d’un prétexte pour partir en tournée car c’est sur scène que le délirant quintette suédois donne la pleine mesure de son talent, le leader Howlin’ Pelle Almqvist en tête. Il passe en effet une bonne partie de son temps à dialoguer avec le public comme peu d’artistes savent le faire sans tomber dans la lourdeur ou le pathétique.

Outre leurs accoutrements dont on parlera dans un instant, ils parviennent toujours à trouver le petit détail qui va faire la différence d’un point de vue mise en scène. Aujourd’hui, cinq énormes lettres blanches (une pour chaque lettre du nom du groupe) seront disposées à l’arrière de la scène. Des ficelles bien réelles vont les relier aux mains virtuelles d’un marionnettiste dont le regard démoniaque va terroriser la salle. Autre détail cocasse, les roadies ressemblent à des bourreaux en étant tout de noir vêtus alors qu’une cagoule ne laisse apparaître que leurs yeux.

Dès l’arrivée du groupe sur scène, c’est de la folie pure. The Bronx a tellement bien chauffé les spectateurs que les pogos vont s’enclencher dès les premières notes de “Come On!”. Sans le vouloir et surtout sans pouvoir l’empêcher, on se retrouve balancé de droite à gauche alors que des vagues entières de crowdsurfing ne tarderont pas à voir le jour au grand dam du service sécurité de l’AB. Juste après, “Try It Again” ne va évidemment rien arranger.

Attardons-nous un instant sur les uniformes arborés par les musiciens. Veston queue de pie noir, chemise et nœuds pap blancs mis en valeur par un chapeau haut de forme qui, plus que sur les autres, fera ressembler Pelle à un Monsieur Loyal prêt à travailler la foule, avec un dialogue permanent, des grimaces et des attitudes qui le rendent aussi attachant que délirant. À deux pas de lui, le guitariste aux cheveux blonds bouclés, Nicholaus Arson, va lui aussi adopter des poses abracadabrantes et distribuer des onglets à la pelle.

Si les nouvelles compositions ont encore un peu de mal à se faire une place de choix sur la set list, l’énergie et la conviction qu’ils mettent à les interpréter effacent ces relatives carences d’un coup de baguette magique (“Take Back The Toys”, “My Time Is Coming”). En revanche, “1000 Answers” et “Wait A Minute” ne tarderont pas à se voir délivrer le label “Classic Hives”.

Mais ce qui va réellement faire exploser l’AB, ce sont les pépites sonores bourrées d’effets sur les spectateurs. Ces derniers vont littéralement se laisser emporter au son des efficaces accords de “Main Offender”, “Die, Alright!” ou autre “Won’t Be Long” alors qu’ils vont entonner à tue-tête les refrains de “Walk Idiot Walk” ou du toujours aussi impressionnant “Hate To Say I Told You So”.

Finalement, le cinéma de Pelle, acteur d’un monde idyllique où toutes les questions ont “The Hives!” comme réponse pourrait bien se voir calculé afin de permettre aux musiciens de souffler quelque peu entre les morceaux. Car les temps morts musicaux seront à peu de choses près inexistants (“I Want More” étant le seul exemple à se mettre sous l’oreille).

Au terme d’un puissant “Patrolling Days”, ils quitteront la scène en complète transpiration. Le temps de se désaltérer et ils reviendront achever le travail. “Go Right Ahead”, l’excellent single annonciateur du dernier album continuera sur la lancée du set principal au même titre qu’“Insane, un bonus réservé à ceux qui ont téléchargé la plaque via iTunes.

Mais c’est avec “Tick Tick Boom” (qui n’a sans doute jamais aussi bien porté son nom) que les choses arriveront à une conclusion qui verra le public s’asseoir dans la salle sur l’injonction du leader, hurler lors de la présentation imagée des musiciens mais surtout fêter comme il se doit la fin du monde qui se rapproche à grands pas. Si tel est le cas, lorsque Saint-Pierre nous demandera quel a été notre dernier concert sur terre, on pourra lui répondre fièrement: “THE HIVES!”

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