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Peter Murphy fête dignement ses 35 ans de présence scénique

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Ce lundi 3 juin 2013, j’ai assisté à un concert d’une légende vivante, celui de l’un des fondateurs du rock gothique et post punk, Peter Murphy , leader du groupe Bauhaus. En première partie, le groupe flamand Kiss The Anus Of A Black Cat. Le concert se passe bien sûr à l’Ancienne Belgique. Kiss The Anus Of A Black Cat est un groupe gantois formé de Stef Heeren qui officie au chant et à la guitare, de Hans Swolfs au chant et aux synthétiseurs et enfin de Matthias Debusschere à la basse, au synthétiseur et au chant. Drôle de nom pour un groupe, il est tiré d’un rituel de sorcellerie qui invoque le malin en s’acoquinant avec le fessier d’un chat noir. Les trois artistes sont en ligne et en avant-plan. Le décor juste derrière est sobre. Il est constitué de 12 néons verticaux. Kiss The Anus Of A Black Cat est un très bon groupe qui a défendu brillamment son nouveau et cinquième opus “Weltuntergangsstimmung” sorti en mars 2012.

La voix de Stef est assez grave et fait penser à Nick Cave. Le groupe pratique un rock assez alternatif teinté de new wave et de punk. Ce soir, le virage électro est quand même présent. An Pierlé a fait les choeurs sur certains morceaux du nouvel opus et sa présence aurait certainement relevé quelque peu la prestation qui était du reste très bien. Le groupe a enchaîné avec brio les morceaux suivants “Define”, “Let Things Drift”, “My Word As Gospel”, “Drone For Conan”, “Shake Off Your Dreams”, “Ruins”, tous issus du dernier opus. Le set n’a duré qu’une demi-heure, ce fut pour moi une très belle surprise qui sera à revoir en tête d’affiche. Le contrat a été rempli et ce sympathique trio a chauffé une salle qui, pour une fois et chose très rare, n’était pas sold out.

L’artiste qui fait la tête d’affiche ce soir est très attendu par ses fans. Ce n’est rien d’autre que le charismatique Peter Murphy, chanteur et leader du groupe Bauhaus. Peter est sur scène depuis 35 ans et c’est peu banal pour ce jeune homme qui fêtera ses 59 printemps dans moins d’un mois. La tournée s’appelle Mr Moonlight Tour. Peter pour cette tournée est accompagné de Mark Gemini Thwaite, son fidèle guitariste (ex-The Mission), de Emilio Chine qui officie à la basse et au violon et enfin de Nick Lucero à la batterie.

Peter semble mettre une certaine distance avec son public et vouloir enchaîner les morceaux l’un après l’autre, ce n’est qu’une apparence, car ce dernier va interagir et discuter avec son public au fur et à mesure de la prestation. Peter est vêtu d’un pantalon de cuir et d’une veste bordée de fourrure. Il va entamer de manière très théâtrale “King Volcano” suivi de “Kingdom’s Coming”. Il va passer ensuite à “Double Dare”, suivi de “In The Flat Fields”, deux morceaux pouvant rappeler Killing Joke où les sons de basses et de batteries rendent ceux-ci assez durs. Il faut dire que c’est la toute première fois que je vois Peter et je le découvre. Son jeu de scène est assez particulier, il occupe magnifiquement la scène qu’il parcoure en tout sens, sa maîtrise vocale est exceptionnelle, sa manière de faire varier constamment la distance entre sa bouche et son micro selon l’intensité et la puissance de sa voix est inhabituelle, c’est d’ailleurs la première fois que je vois cela. Le public s’échauffe tout doucement, les papys situés aux deuxième et troisième rangs sont tous contents de pogoter, cela se fait dans la bonne humeur et Peter apprécie. Peter enchaîne ensuite “God In An Alcove”, “Boys”, “Silent Hedges”, “Too Much 21 st Century”, “Kick In The Eye”. J’ai plus regardé le jeu de scène de Peter, fasciné par la lumière, il s’aidera plusieurs fois d’une lampe de poche pour éclairer son visage et nous transporter dans une ambiance très gothique et mystérieuse. Il empoignera même le projecteur placé devant moi pour s’y contempler comme dans un miroir.

Avec “A Strange Kind Of Love”, Peter, qui s’accompagne à la guitare acoustique, nous apporte un peu de douceur, sa voix très grave est de toute beauté et vous interpelle. Les musiciens l’accompagnant sont très professionnels et savent injecter des sons particuliers qui rendent l’ambiance mystique et théâtrale. “Bela Lugosi’s Dead” est assez long et j’adore. Le public chante avec lui le refrain, la communion est totale entre les premiers rangs et les artistes. “The Passion Of Lovers”, “She’s In Parties”, “Stigmata Martyr”, “Dark Entries” sont certainement des chansons cultes de Bauhaus car l’ambiance monte d’un cran, cela pogote gentiment et le public est chaud. “Severance” est une reprise de Dead Can Dance, je ne sais pas si le choix était judicieux pour terminer ce concert, car avec cette chanson, l’ambiance est retombée.

Pour le premier rappel, Peter nous interprète le très bon “All We Ever Wanted Was Everything”. Sur cette chanson, Emilio Chine utilise son violon un peu comme une contrebasse et ne sort de son instrument que des sons aigus qui rendent ce morceau plus punk et expérimental. Peter enchaîne avec “Subway” où il se met pour la première fois au synthétiseur. Ce morceau électro est plus lent et la voix de Peter le rend aérien. Le dernier morceau est “Ziggy Stardust”, la reprise du Maître David Bowie. J’ai adoré cette version que Peter interprète peut-être mieux que David. C’est pour moi, l’un des points forts de cette prestation exemplaire. Peter revient pour un second rappel et va nous interpréter “Hallow Hills”, a capella le magnifique “Cool Cool Breeze” pour terminer avec un morceau assez sombre et de toute beauté “Spirit”.

En conclusion, j’ai assisté à une première partie qu’il faudra redécouvrir en tête d’affiche, car Kiss The Anus Of A Black Cat a un potentiel musical certain. Peter Murphy, je ne connaissais pas, c’est un show man hors pair avec un potentiel vocal certain. J’ai passé une très belle soirée. J’entendrai dire autour de moi que le concert à l’Ancienne Belgique de 2006 était exemplaire. N’étant pas un inconditionnel de Bauhaus, j’ai quand même bien apprécié surtout à partir de “A Strange Kind Of Love”.

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