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Cocaine Piss met le festival BRDCST sur orbite

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The show must go on. C’est ce que se sont dit les responsables de l’Ancienne Belgique au moment de prendre la décision de maintenir la première édition du festival indoor BRDCST dont la soirée de lancement a eu lieu ce jeudi 24 mars. Un passage obligé devant les marches de la Bourse où des hordes de journalistes se mêlaient à des anonymes venant rendre un hommage appuyé aux victimes des attentats qui ont frappé la capitale deux jours auparavant. Bougies, écharpes, canettes de bière, dessins formaient déjà un énorme tapis aux couleurs nationales, le tout entouré d’une émotion palpable.

Mais l’AB Club nous attendait pour cette soirée qui avait été quelque peu chamboulée elle aussi. Steve Ignorant, le leader de Crass, qui devait assurer une interview puis la tête d’affiche de l’événement de ce jeudi, est resté bloqué en Angleterre suite à la fermeture de l’aéroport. Ce sont donc les Liégeois de Cocaine Piss qui se sont retrouvés malgré eux en haut de l’affiche alors que deux autres groupes se sont vus invités pour compléter un line-up audacieux et 100% belge.

Les premiers, Shetahr, proviennent de Bruxelles et avaient déjà ouvert le mini festival The Sound Of The Belgian Underground un étage plus bas en janvier dernier. Mais cette fois, leur matériel était installé devant la scène. Et pour cause, celle-ci ne sert que de prétexte à Nick Defour qui passe le plus clair de son temps dans le public à provoquer gentiment les spectateurs et à prendre des poses qui le mèneront jusqu’en équilibre sur le coin du bar.

Vêtu d’un short et d’un singlet, il hurle les paroles de compositions courtes (un 45 tours avec… 7 morceaux est disponible au merchandising) rehaussés par une batterie rudimentaire (Maarten Raskin joue torse nu) et une guitare hypnotique (Lotte Beckwé a un certain charme…). Ils tapent sur le clou d’un rock basique mais intense et échangiste puisqu’ils troquent volontiers leurs instruments, laissant du répit aux spectateurs lorsque le leader attrape la guitare et laisse la demoiselle s’occuper du micro. Une symbiose qui fait plaisir à voir…

Les seconds, El Yunque, sont originaires (comme leur nom ne l’indique pas) du Limbourg. De Hasselt, plus précisément. Ces quatre bonhommes aux pseudos imprononçables, adeptes d’un math rock puissant mâtiné de riffs métalleux, laissent exploser leur colère (on pense par moments à un mélange entre Faith No More et Rage Against The Machine). Brutes et sans concessions, sauvages et largement axées sur des percussions, leurs compositions explorent des recoins complexes mais savamment maîtrisés dans lesquels on s’engouffre volontiers. Leur premier album vient de sortir et ils le présenteront notamment au VK en première partie de Big Ups le 6 avril prochain. Une bonne raison pour arriver à l’heure…

L’histoire récente des Liégeois de Cocaine Piss ressemble à un conte de fées rock ‘n’ roll dans le sens où le groupe s’est retrouvé à Chicago au début du mois de février pour y enregistrer son premier album avec le célèbre producteur Steve Albini (PJ Harvey, Nirvana, Pixies,…). S’il faudra attendre jusqu’à l’automne prochain pour découvrir le résultat sur disque, le live reste le moyen de déjà s’en faire une opinion.

Emmené par une petite blonde à l’énergique vitalité, le groupe va droit au but en proposant des titres ultra courts (on est souvent sous la minute) sur un rythme infernal. La chanteuse, coiffée d’une casquette retournée, s’égosille en se faufilant parmi les spectateurs (elle non plus n’a pas passé beaucoup de temps sur la scène), les fixant de son regard expressif et les piégeant malgré elle avec le fil de son micro. Si son chant ressemble davantage à des cris désespérés qu’à des vocalises, il convient à merveille à l’environnement sonore.

Car si elle attire les regards, ses trois compères sur scène (dont le batteur qui arbore un t-shirt de Crass) assurent la rythmique avec une rigueur et un professionnalisme qui les place dans une catégorie supérieure. Pas étonnant que des oreilles expertes se soient dressées sur leur route. Non seulement ils prennent leur pied mais ils font les singes sur scène également (on a notamment aperçu le guitariste se rouler par terre au milieu des fumigènes). Vingt minutes et le concert était terminé. Mais quelles vingt minutes… Le festival BRDCST ne pouvait rêver meilleure introduction.

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