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Dour Festival 2017 (Jour 1) : le feu là où on ne l’attendait pas…

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Événement incontournable pour tout amateur de musiques alternatives qui se respecte, le Dour Festival a de nouveau fait carton plein cette année. Une vingt-neuvième édition qui a battu tous les records d’affluence (242.000 spectateurs cumulés) mais qui avait également une saveur particulière à notre niveau. En effet, amis lecteurs, il s’agissait de la dixième édition consécutive couverte par le tandem de Music in Belgium. Et quoi de plus symbolique que de la débuter le 12 juillet, jour de la Saint Olivier…

Comme c’est le cas depuis deux ans, les festivités prennent leur envol en douceur le mercredi en début de soirée et force est de constater que tant l’organisation que l’accueil des journalistes ne rencontre aucune faille. Tout est mis en place pour nous faciliter la tâche et nous permettre de travailler dans les meilleures conditions possibles.

Le seul bémol arrivé jusqu’à nos oreilles concernait le parking des festivaliers situé à une distance assez lointaine du site (on parle d’environ cinq kilomètres), une situation visiblement imposée par les travaux actuellement en cours sur la route principale traversant la localité hennuyère. Impact moyen sur les campeurs, nettement plus marqué sur les navetteurs dont les podomètres s’affolaient.

Une en 2015, deux l’an dernier, ce sont cette fois trois scènes qui étaient en activité ce mercredi soir, dont le Dub Corner. Notre festival a toutefois débuté sous la Jupiler Boombox avec Binkbeats, un artiste Hollandais dont la particularité est de se produire seul derrière une console tout en utilisant des instruments traditionnels (guitare, basse, batterie,…) couplé à d’autres qui le sont moins (xylophone, piano jouet) voire pas du tout (que fait une minuscule télévision vintage sur scène ?). Tout ceci confère une âme à des compositions électro guidées par une boîte à rythmes intelligemment programmée, rehaussées par des projections hypnotiques et colorées à l’arrière de la scène.

La Last Arena (la grande scène, pour les non-initiés) accueillait ensuite Throes + The Shine, groupe Portugais emmené par un chanteur Angolais au sourire étincelant et à l’irrésistible envie de se déhancher. Vêtus de costumes colorés (pour ne pas dire déguisés comme celui qui arbore le parfait accoutrement de la boule à facettes), les musiciens balancent des rythmes métissés aux sonorités africaines dont Crystal Fighters auraient bien fait de s’inspirer au moment d’enregistrer leur dernier album. Une illustration parfaite du microclimat de l’endroit (la pluie a curieusement évité Dour ce jour-là, préférant s’acharner sur le reste de la Belgique).

Les artistes suivants allaient susciter pas mal d’interrogations dans notre chef. On le sait, la programmation hip-hop a pris une place prépondérante sur le line-up des festivals. Vu l’engouement manifesté par les (jeunes) spectateurs, ce n’est que justice et ceux-ci ont clairement mis le feu lors de la prestation de Caballero & JeanJass, les régionaux de l’étape (le second nommé est originaire de Charleroi). La réponse allait même atteindre des sommets hystériques pour celles de Damso lors de laquelle il a été périlleux de s’extirper de la Jupiler Boombox et de Vald sur la Last Arena. À côté des beats et du groove, ce sont l’attitude suffisante et les paroles à tendance misogynes qui vont nous interpeller (et on n’avait encore rien entendu…). Un débat qu’il serait intéressant d’alimenter.

La tête d’affiche de la journée avait été confiée à M.I.A. qui, à l’instar de sa prestation aux Ardentes en 2014, aura déçu. Pourtant, sur disque, la Sri-Lankaise d’origine tient la route et ses propos politico-activistes se révèlent aussi pertinents que les arrangements destinés à affoler les dancefloors (cfr son logo mentionnant “Uniting People since 2003”). Mais voilà, malgré une mise en scène qui la verra notamment chanter (en play-back ?) perchée tout en haut d’une énorme grille derrière laquelle officiait un DJ, le cœur n’y était pas. Et ce ne sont pas les deux danseuses ni le MC à ses côtés qui vont changer la donne. La diva tout de blanc vêtue (jusqu’aux gants) arborant des lunettes de soleil s’est contentée du minimum syndical, sans entrain ni interaction avec le public (et en refusant de se laisser tirer le portrait par-dessus le marché).

Avec le recul, ce sont bien les rappeurs qui ont tiré leur épingle du jeu lors de cette soirée d’ouverture fréquentée par pas moins de 37.000 festivaliers.

Photos © 2017 Olivier Bourgi

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