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Peter Kernel, la nuit leur appartient

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À coup de tournées incessantes, les attachants Peter Kernel se sont forgés une envieuse réputation scénique. Ceci dit, leur travail en studio à tendance à suivre la même voie comme le démontre “The Size Of The Night”, un excellent quatrième album qu’ils sont venus présenter à la Rotonde du Botanique ce mardi 20 mars. Il semble que le math rock made in France a plutôt la cote récemment puisqu’après Jean Jean en support de Madensuyu à l’Eden, ce sont les Lillois d’Ed Wood Jr qui ont lancé les festivités ce soir, avec un certain brio. Le guitariste expérimenté (et expérimental par moments) aux cheveux ébouriffés balance en effet des riffs nerveux auxquels répond du tac au tac le batteur chauve, barbu et tatoué au milieu d’une collection de cymbales.

Mais ce sont les nappes de synthé (via le guitariste qui joue des deux instruments à la fois) et les bribes électro parfois prononcées qui font la différence, apportant de la profondeur à un environnement puissant. Tellement, d’ailleurs, que la voix se retrouve trop souvent noyée sous les décibels. Mais lorsque la balance s’équilibre, on assiste à des moments mélodieux qu’ils devraient peut-être explorer davantage…

La dernière fois que les Suisses de Peter Kernel sont passés par Bruxelles, c’était à l’Atelier 210 pas plus tard qu’en septembre dernier pour la présentation d’un EP intitulé “Peter Kernel & Their Wicked Orchestra” (tout était dans le titre). Particulièrement boulimiques, ils ont également fait un arrêt au Nest de Gent en début d’année et viennent de publier “The Size Of The Night”, un ambitieux quatrième album. Déstabilisant à première écoute, il devient ensuite rapidement addictif et révèle des compositions plus subtiles et plus matures.

Ils vont d’ailleurs s’y plonger d’emblée avec “There’s Nothing Like You”, introduit par un cri de guerre signé Barbara Lehnoff, dont la voix modulable entre douceur et hargne va donner le ton. D’autant que “Men Of The Women”, un autre nouveau titre très réussi et le classique “I’ll Die Rich At Your Funeral” vont dans la foulée compléter un solide début de set. Un set qui atteindra son paroxysme un peu plus tard avec une version dantesque et prenante de “You’re Flawless”, que l’on a presque regretté ne pas avoir entendu en guise de dernier titre des rappels.

Canadienne d’origine mais désormais résidente helvète avec son compère guitariste Aris Bassetti, la bassiste blonde partage équitablement les vocaux avec ce dernier qui arbore une chevelure aussi imposante qu’elle. Complices, ils s’envoient des salves de vannes avec leur accent craquant (ils vivent dans le canton du Tessin dont la langue officielle est l’italien) mais toujours en français, conférant un côté bon enfant à la prestation. Un batteur désormais en couple (ceux qui étaient ici même en décembre 2016 comprendront) complète le trio.

Ceci dit, lorsqu’ils s’appliquent sur leurs instruments, c’est le sérieux qui prime et cela fait mal. Les nouveaux titres passent ainsi leur examen sur scène avec mention, à l’instar de “The Secret Of Happiness” tout en crescendo, de “This Storm Will Last” bardé de percussions ou de l’autant explosif que curieux “The Shape Of Your Face In Space”. Le set principal se terminera toutefois sur l’impeccable “High Fever” alors que les rappels poursuivront dans cette même veine euphorique. On verra notamment quelques membres du public venir leur donner un coup de main sur scène pendant “Panico! This Is Love” avant qu’ils ne prennent congé de la Rotonde au son du bien nommé “It’s Gonna Be Great”. Rectification : it was (a) great (show) !

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