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Low au Bota, moins par moins égal plus

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Pour ses vingt-cinq ans, Low a enregistré son album le plus expérimental à ce jour. “Double Negative” a effectivement de quoi désarçonner le fan le plus fidèle mais on était tout de même curieux de découvrir le traitement qui allait lui être réservé sur la scène de l’Orangerie du Botanique ce jeudi 11 octobre.

Mais avant, place à l’avant-programme signé Nadine Khouri, une souriante demoiselle d’origine Libanaise (elle a vu le jour à Beyrouth) désormais installée à Londres. Grâce à un premier EP, elle attire l’attention du célèbre John Parish (PJ Harvey, Aldous Harding) qui finira par produire son premier album, “The Salted Air”, acclamé par la critique l’an dernier.

Seule avec une guitare électrique, deux micros (un pour la voix, l’autre pour les envolées lyriques) et une machine à loops, elle va envoûter l’assemblée via des chansons lentes et mélancoliques (ce sont ses termes). S’exprimant dans un français parfait entre les coups, elle chante par moments dans un langage oriental qui confère une vision ensoleillée à des compositions pimentées d’une voix envoûtante proche de celle de Skye Edwards (Morcheeba).

“Double Negative”, le douzième album de Low, se profile comme un des plus controversés publiés cette année. Encensé par la presse spécialisée (album du mois chez Uncut, top 10 chez Rough Trade), il divise toutefois les fans et éloigne les curieux. Expérimentale à l’extrême, la production de BJ Burton surcharge en effet certaines plages de bidouillages sonores électro-crasseux au point de se demander si notre installation audio ne rencontre pas des soucis techniques. Autant dire que l’on appréhendait quelque peu ce concert.

On n’attendra toutefois pas bien longtemps avant d’être à la fois fixés et rassurés. En effet, après être montés sur scène dans la pénombre, les musiciens entameront leur set avec “Quorum”, la plage d’intro de “Double Negative” dont les ondulations cosmiques retrouvent un aspect humain sur scène. Dans la foulée, un lancinant “No Comprende” et un feutré “Plastic Cup” poseront les bases d’un set haletant dont les seules animations visuelles seront des projections discrètes sur l’immense rideau à l’arrière de la scène.

Pour le reste, les personnalités réservées du guitariste Alan Sparhawk (aux intonations proches de Paul Weller et Gruff Rhys), de la batteuse Mimi Parker (dont le jeu combine simultanément mailloches et balais) et du bassiste Steve Garrington (qui joue par moments assis) s’effacent pour laisser place à la profondeur de leurs compositions. Pour accentuer ce sentiment, peu ou pas de communication avec le public dans un premier temps, même si en seconde partie de set, le leader se lâchera quelque peu en faisant l’apologie du Botanique ou en dédicaçant un titre à Pierre Marcolini.

Sur les onze plages du nouvel album, pas moins de neuf seront interprétées ce soir avec un sentiment positif au point que nos priori voleront en éclat. Même l’inaudible “Tempest” sur disque adoptera une vibe planante proche de celle d’Archive que la boîte à rythme et les touches électro de “Dancing And Blood” et de l’excellent “Fly” confirmeront. Pointons encore la construction en crescendo d’“Always Up” et celle, aérienne et nerveuse, d’“Always Trying To Work It Out”.

Le reste de la set-list allait piocher dans la pléthorique discographie du groupe, de l’hypnotique “Lazy” (le titre le plus ancien joué ce soir, extrait du premier album en 1994) aux guitares saturées émaillant “The Innocents” en passant par un presque mystique “Do You Know How To Waltz? et un envoûtant “Nothing But Heart”. Mais l’émotion des voix d’Alan (“Spanish Translation”) et de Mimi (“Holy Ghost”), voire des deux combinées (“Lies”) s’assimileront à des moments privilégiés.

Le set principal se terminera en apothéose via un speedé dernier nouveau titre (“Disarray”, exemple supplémentaire d’une transposition scénique réussie). Le rappel, lui, verra d’abord le leader s’embarquer dans un speech peut-être un rien too much (“Peace on earth”, “I hope one day we will give you back as much as you gave to us”,…) avant un “Murderer” de circonstance (“One more thing before I go…”). Low is the new high !

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