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Hollywood Porn Stars, la tête dans les étoiles…

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Dernière interview de notre périple à Dour, avec les liégeois d’Hollywood Porn Stars, représentés ici par leur leader Anthony Sinatra, deux heures avant de monter sur la scène principale du festival…

Olivier Wouters: Bonjour Anthony! En raison de l’annulation de The Fall, vous allez jouer sur la grande scène, j’imagine que ça vous fait plaisir…

Anthony Sinatra: C’est plus gai, c’est sûr, on ne fait pas ça tous les jours. Cela dit, nous on adore les tentes et chaque fois qu’on joue dans un festival, on demande de préférence à jouer en soirée sous une tente, parce que c’est beaucoup plus chaleureux et qu’on a une plus grande proximité avec le public. Mais jouer sur une grande scène, cela permet de te faire connaître à un public qui ne te connaît pas. Donc c’est ce qu’on va faire ce soir…

OW: S’il y en a encore qui ne vous connaissent pas en Wallonie…

AS: Il y en a tu sais, on s’en est vraiment rendu compte lorsque nous avons joué à la Fête de la Musique à Bruxelles. Il y avait énormément de monde et le lendemain, on a été submergé de messages de gens qui n’avaient jamais entendu parler de nous. Comme quoi, quand tu es dans ce milieu, tu as l’impression qu’on te rabat les oreilles tous les jours avec les mêmes groupes mais on oublie que ce n’est pas la majorité des gens…

OW: L’album
Satellites
est sorti il y a environ un an maintenant, quel est le bilan qu’on peut en tirer?

AS: Au niveau des ventes, cela a démarré fort puis cela s’est vachement calmé et on n’arrivait pas à atteindre les chiffres du premier. Ensuite, cela a repris grâce aux tournées. Et puis, on est un groupe qui doit un peu compter sur lui-même et on a continué notre truc, on n’a pas voulu jouer la carte de l’overdose en acceptant toutes les demandes de festival. On savait que cela risquait de faire chier le public plus qu’autre chose, donc on a simplement organisé une tournée de clubs où on a joué pendant une semaine en Belgique et ensuite on est partis un peu partout en Europe (Hollande, Allemagne, Italie, France, Suisse…) et cela a boosté les ventes. En plus, par rapport à plein d’autres groupes belges, on a la chance de pouvoir compter sur plusieurs marchés, ce qui n’est pas négligeable.

OW: Justement, à l’étranger, cela marche comment pour vous?

AS: Bien! En France, par exemple, on a un public fidèle, qui nous suit un peu partout, qui a l’impression de connaître un truc qui n’est pas “comme d’habitude”. On a joué en première partie de Girls In Hawaii, on a fait pas mal de petits happenings (concerts dans des appartements par exemple), des opérations MySpace, bref, plein de petites choses qui privilégient les rapports entre le groupe et son public.

OW: La Flandre, vous avez réussi à percer ce fameux “mur”?

AS: On n’a jamais eu vraiment trop de problèmes avec la Flandre, sauf peut-être en radio. On passe, mais pas vraiment de façon intensive (ce qui était le cas, par contre, avec Piano Club, mon autre groupe). Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une vraie barrière, puisqu’elle a été aisément franchie avec mon autre projet. En plus, le premier concert de l’album “Satellites” s’est passé au Pukkelpop. On nous invite régulièrement à jouer au nord du pays et cela se passe bien. Maintenant, il faut pouvoir faire des concessions aussi, tu ne peux pas demander le même cachet qu’en Wallonie. Ce qui est normal, il reste encore plein de travail à faire sur ce territoire et on est disposés à se faire connaître d’abord et avant tout par la scène.

OW: Tiens, en parlant de groupe flamand, vendredi, on a interviewé les Germans et il vous ont pointé comme étant le groupe wallon avec qui ils s’entendent le mieux.

AS: Effectivement, on les aime beaucoup, on les soutient depuis leurs débuts. Ils sont venus nous voir à un concert et on s’est lié d’amitié avec eux. C’est notre manager qui essaie de leur trouver des dates en Wallonie, on essaie de leur filer un coup de main. En plus, on trouve qu’ils sont super doués!


OW: Parle nous un peu de l’EP “Besides The Satellites” (entre parenthèses, bravo pour le titre!)

AS: Ce sont des morceaux qu’on avait enregistrés pour l’album “Satellites”. En fait, il y a 4 titres qui ont été enregistrés pendant la session démo de l’album, qui ont aussi été mixés par John Goodmanson. Puis on a fait quelques maquettes dans une maison des jeunes, qu’on a juste remixé avec notre ingénieur du son. Puis on s’est dit que comme on n’est pas trop du genre à vouloir recycler nos idées, on savait qu’on n’allait pas mettre tout ça sur un prochain album, vu qu’on a envie de se renouveler et d’explorer de nouveaux concepts. Donc, c’était soit la poubelle, soit un EP. Et comme on n’avait pas envie de se relancer dans la promo qui tourne autour d’une nouvelle sortie, on s’est dit qu’on allait le vendre aux concerts et sur notre site. Quand on fait un concert, on en touche un mot pour la promo et on vend le matériel sur place. Et ça marche assez bien, en fait.

OW: Personnellement, je trouve qu’il y a des morceaux qui auraient franchement pu se retrouver sur l’album “Satellites”. Dont un qui me fait penser aux Last Shadow Puppets.

AS: Oui, c’est “Show Me Your Limits”. Tu n’es pas la première personne qui nous en parle. C’est un morceau qui a été écrit il y a environ deux ans et demi, et qui était une démo d’une démo. Même ma Maman (qui avait la maquette) s’est fait avoir. Elle m’a appelé un jour pour me dire que ma chanson était passée à la radio, mais dans une version différente (c’était avant la sortie de “Besides The Satellites”). Il s’est avéré qu’en réalité, elle avait entendu le groupe de Alex Turner et Miles Kane.
On a eu aussi un truc comme ça avec notre morceau “The Fugitive”, qui, au départ avait une rythmique très africaine, puis en studio on a viré tout ce qui était percussions, cloches et instruments un peu “tropicaux”. C’est redevenu un morceau très basique qui fait finalement penser fort à ce que Arctic Monkeys fait. Je crois qu’il y a un lien, mais qui n’est pas voulu au départ. J’aime beaucoup ce groupe mais ce n’est pas mon influence principale…

OW: Où en est l’enregistrement du premier album de Piano Club?

AS: On est en train de travailler dessus mais c’est très difficile de se retrouver, vu nos agendas chargés. Mais là, on a eu un mois un peu plus relax pendant lequel on a pu répéter et tester des idées qu’on avait eues sur la route. Et je dois dire que je suis assez enthousiaste! Cela risque d’être assez original car on va se diriger vers des territoires un peu aventureux. On joue avec des claviers analogiques, qui ont une vingtaine d’années (on est très attaché à ce genre de matériel). Cela fait fort années 80, mais j’adore cette période, j’adore les tubes, les 45 tours. Je me réjouis d’avoir du temps pour finaliser tout ça. Quelques nouvelles dates de concert pour Hollywood vont tomber à la rentrée, ce qui va nous occuper grosso modo jusque décembre. L’étranger nous réclame encore quelques dates et comme notre politique veut que nous allions là où l’on nous invite…

OW: Hollywood Porn Stars était au départ un projet parallèle. Est-ce que ce n’est pas devenu, par la force des choses, un projet principal?

AS: A partir du moment où tu as un disque qui sort, que tu as une actualité à défendre, que tu as des dates à assurer, ce n’est pas le cœur qui parle, c’est le calendrier et il faut savoir accorder du temps aux projets qui en réclament le plus. J’ai profité de sortir un single avec Piano Club quand My Little Cheap Dictaphone a sorti son disque. J’ai bossé aussi sur le My Little Cheap, on n’a pas arrêté de travailler une seule seconde ces derniers temps et je n’avais pas du tout le temps de sortir l’album de Piano Club, correctement en tout cas si je l’avais fait à ce moment-là. Il fallait préparer l’album de Hollywood, le sortir, mais maintenant je vais essayer de faire les choses d’une manière bien organisée: terminer la promo de l’un avant de commencer l’autre, histoire de ne pas tout faire en même temps.

OW: Donc, les projets principaux deviennent de temps en temps des projets parallèles qui redeviennent des projets principaux.

AS: Clairement. Je peux déjà te dire que dès janvier 2009 ma préoccupation principale sera Piano Club.

OW: Quelques surprises prévues pour le set de ce soir?

AS: En fait, on ne prévoit jamais rien. Bien sûr, il y a une set-list qui est établie, mais ensuite tout dépend du moment, de notre état…

OW: Des groupes que tu as été voir ou que tu iras voir tout à l’heure?

AS: Je suis arrivé plus tôt pour voir Enon, mais j’ai été super déçu. C’est un groupe qu’on adore mais ils ont été victimes d’un sale son, le chapiteau était assez vide et le public assez mou. C’est vraiment un disque que je recommande et c’est dommage qu’en live ce ne soit pas plus convaincant que ça. Sinon, Madrugada, Shout Out Louds, les Raveonettes, Chrome Hoof pour le spectacle, Heavy Trash qui joue pour le moment.

OW: Merci, Anthony, et bon concert ce soir!

AS: Pas de quoi! Merci beaucoup!

Deux heures plus tard, le groupe prouvera une fois de plus qu’il est une véritable référence dans le milieu du rock belge, autant à l’aise sur une grande scène que dans un chapiteau. On ne se lasse décidément pas de leurs compositions efficaces qui prennent une autre dimension en live. Pour ceux qui ne les ont jamais vus, profitez des dernières dates avant une période consacrée à d’autres projets…

Photo © 2008 Olivier Bourgi

3 thoughts on “Hollywood Porn Stars, la tête dans les étoiles…

  • Hollywood Porn Stars, la tête dans les étoiles…
    Je trouve exactement le contraire, d’aprés ma lecture leur leader Anthony Sinatra semble avoir la tête bien sur les épaules!

  • Je pense que ce qu’Oli a voulu tout simplement dire, c’est que d’une certaine façon, le rêve continue et c’est très bien ainsi! Très sympa cette interview!

  • Oui effectivement, je confirme qu’Anthony Sinatra a bien les pieds sur terre et la tête froide… Par tête dans les étoiles, je voulais simplement tenter un petit jeu de mots avec le nom du groupe tout en faisant allusion au fait que le statut qu’ils ont réussi à atteindre a de quoi laisser rêveur…

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