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Don’t mess with Fat White Family

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Sans surprise, les frappadingues Fat White Family n’ont pas dérogé à leur sulfureuse réputation en foutant le bocson à l’AB. Tout comme ils l’avaient déjà fait à la Rotonde du Botanique et au Dour Festival plus tôt dans l’année…

Lorsque leur réveil a sonné, les Gantois de Shht ne savaient pas encore qu’ils monteraient sur scène quelques heures plus tard en ouverture de la soirée. Dans un style bien déjanté qui n’appartient qu’à eux, les cinq gaillards (plus un sixième larron torse nu et… bâillonné) sont restés pareils à eux-mêmes, accoutrement (salopette de cosmonaute) et chorégraphies comprises.

Musicalement, ils s’appliquent à développer des compositions imprévisibles au milieu d’un brouillard sonore à base de synthés désaccordés. Le tout agrémenté d’onomatopées débitées par une voix modulée d’un chanteur incontrôlable, contraint toutefois de rester sage (au Micro Festival cet été, il s’est retrouvé pendu à la structure de la scène, micro en main…). Malgré tout, certains titres catchy sortent du lot et pourraient franchement devenir des hits en radio. Et si cela ne fonctionne pas, ils pourront toujours se recycler dans le doublage de personnages de dessins animés.

“Serfs Up!”, le troisième album de Fat White Family, s’est bonifié au fil des écoutes, au point de devenir un des incontournables de l’année. Plus cohérent que leurs efforts précédents, il étale une maturité sans aucun doute glanée auprès des projets parallèles de Lias Saoudi et de Saul Adamczewski (The Moonlandingz et Insecure Men) en tête. Publié chez Domino, il a également offert au groupe son premier top 20 britannique.

Paradoxalement, mis à part un “Fringe Runner” à la basse entêtante et à la surprenante flûte traversière, il sera à peine abordé pendant la première moitié du set. En effet, le groupe s’immiscera tout d’abord dans son back catalogue, démarrant les festivités au moyen d’“Auto Neutron” qui verra déjà Lias Saoudi s’aventurer au beau milieu du public alors qu’il avait nonchalamment débarqué sur scène les mains dans les poches quelques instants plus tôt.

L’urgence d’“I Am Mark E Smith” générera les premières bousculades alors que “Tinfoil Deathstar”, dans la foulée, verra le leader se débarrasser à la fois de ses lunettes de soleil et de son t-shirt (à l’effigie du groupe). À ses côtés, ses six camarades de jeu se distinguent par un look singulier. Pointons notamment le bonnet et le col roulé de l’ami Saul, les favoris du guitariste Adam J Harmer mais aussi et surtout la magnifique coupe mulet du claviériste Alex White qui se chargera également des parties de saxophone.

Celles-ci conféreront une touche surf-glam à “Heaven On Earth” alors qu’un peu plus tard, l’hypnotisant “Cream Of The Young” semblera débriefer un voyage en Inde à la zénitude louche. Un paquet d’influences, donc, qu’un son quelque peu crasseux ne ternira aucunement. On peut même affirmer sans crainte que l’énergie dégagée par le groupe transcende des titres parfois un rien obscurs sur disque (“Touch The Leather”, “Hits Hits Hits”)

Si Lias Saoudi assure le spectacle (il se prendra pour une cible humaine et jouera de manière suggestive avec sa ceinture, entre autres délires) il sait aussi s’effacer. Il laissera ainsi la scène à Saul pour deux titres acoustiques plutôt assimilés à des interludes de saison au coin du feu. Loin d’être essentiels, “The Drones” et “Goodbye Goebbels” (ce dernier aussi atroce qu’une cover d’“I Have A Dream” de ABBA en version country) casseront le rythme. Ou plutôt permettront aux spectateurs de respirer et de se désaltérer.

Car dès le retour de toute la clique sur scène, le tempo s’affolera instantanément via une poignée de nouveaux titres dont la classe naturelle éclaboussera la salle. Pointons ainsi un “When I Leave” bourré de tension, un efficace “I Believe In Something Better” et un “Feet” aux contours disco tout simplement parfait. Seul le langoureusement curieux “Bobby’s Boyfriend” semblera hors-propos.

Entre deux gorgées de vin à même le goulot, le leader plongera tête la première dans le public en guise de baroud final qui verra le groupe exécuter des versions explosives de “Whitest Boy On The Beach” et surtout d’“Is It Raining In Your Mouth?”, véritable tube indie. On regrettera simplement son épilogue brutal qui nous privera de rappel et d’un “Bomb Disneyland” dont on ose à peine imager les conséquences. Ces gaillards montent en puissance, c’est une évidence…

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