ArticlesConcerts

Lokerse Feesten 2023: Placebo et Siouxsie mais surtout The Waeve

0 Shares

Bien ancrées dans le paysage estival depuis 1975, les Lokerse Feesten font cette année encore honneur à leur envieuse réputation. Dix soirées aux univers drastiquement différents mais avec un seul dénominateur commun : une programmation à faire languir les plus exigeants. Parmi l’affiche du quatrième épisode de 2023, Placebo, Siouxsie et The Haunted Youth.

Ces derniers ont d’ailleurs eu le récent très rare privilège de jouer le soleil dans les yeux. L’astre de feu était en effet de retour au lendemain des épouvantables conditions météorologiques qui ont contraint les organisateurs à remanier les horaires de la grande scène. Rien de tout cela ce soir, Joachim Liebens et ses camarades de jeu ont donné sans la moindre anicroche un set lumineux parfaitement au point.

Si le gaillard à l’abondante chevelure peroxydée désormais libre de tout couvre-chef focalise l’attention, il laisse de plus en plus de place à Hanne Smets, la claviériste positionnée à sa droite. Cette dernière apporte en effet une certaine chaleur en partageant les vocaux, particulièrement sur la poignée de nouveaux titres dévoilés (l’un d’entre eux s’appelle d’ailleurs “Song Hanne”). Des nouveaux titres sur lesquels l’influence de The Cure en un peu plus euphorique plane généreusement (“Into You” rehaussé d’une basse à la New Order, les riffs de “Riptide”). Quant aux imparables extraits de “Dawn Of The Freak”, ils ont désormais atteint une stature qu’ils ne sont pas prêts de perdre, “Teen Rebel” et “Stranger” en tête. On pourrait peut-être leur reprocher d’allonger exagérément quelques passages, mais il ne s’agit que d’un détail…

SET-LIST
BROKEN
STRANGER
I FEEL LIKE SHIT AND I WANNA DIE
HOUSE ARREST
INTO YOU
TEEN REBEL
GONE
RIPTIDE
SONG HANNE
COMING HOME

Quinze ans quasi jour pour jour après un premier passage ici-même et trois mois après avoir rempli l’AB en un clin d’œil, Siouxsie a de nouveau attiré une foule de fidèles clairement venus en pèlerinage dans le pays de Waes. Sans actualité récente (“Mantaray”, son album solo, date de 2007), elle a décidé de se faire plaisir en remontant sur scène et en revisitant l’ensemble de sa carrière, avec ou sans les Banshees. Du classique “Hong Kong Garden” à l’excellent “Here Comes That Day” en passant par l’enlevé “Land’s End” et sa toujours bouleversante version du “Dear Prudence” des Beatles, la set-list touchera invariablement les inconditionnels et les néophytes.

Apparue sur scène vêtue d’une sorte de combinaison alu, elle sacrifiera sans le vouloir “Israel” au tempo ralenti sur lequel sa voix peinera à s’échauffer, au grand dam de certains. Mais dès “Arabian Knights” soutenu par un visuel calibré, elle trouvera peu à peu ses marques. Véritable féline, elle n’a rien perdu de son énergie et arpentera sans relâche la scène tout en communicant généreusement avec le public derrière ses énormes lunettes de soleil. On la remerciera au passage de ne se pas s’être focalisée sur les premières années de sa carrière en remettant notamment en avant un “Kiss Them For Me” davantage baggy que darky ou ce “Face To Face” enregistré pour la BO de Batman Returns qui n’a rien perdu de sa tension. Sans surprise, “Happy House” enchantera le public mais c’est de loin que l’on entendra les réactions enjouées.

SET-LIST
ISRAEL
ARABIAN KNIGHTS
HERE COMES THAT DAY
KISS THEM FOR ME
DEAR PRUDENCE
FACE TO FACE
LAND’S END
SPELLBOUND
SIN IN MY HEART
HAPPY HOUSE
HONG KONG GARDEN
INTO A SWAN

Car depuis quelques années, une seconde scène a fait son apparition aux Lokerse Feesten. Baptisée Club StuBru, elle a la particularité de se trouver dans le centre sportif voisin mais contraint les spectateurs à effectuer un détour pour la rejoindre. L’autre particularité réside dans le fait que sa capacité est limitée et donc réservée aux plus rapides, quitte à louper la fin d’un concert et/ou le début d’un autre.

Un acte délibéré de notre part à ce moment précis car il était impensable de manquer la première visite en Belgique de The Waeve, le nouveau groupe formé par Graham Coxon et Rose Elinor Dougall. Bien que se croisant furtivement depuis quelques années, le guitariste de Blur et l’ex-vocaliste des Pipettes n’ont eu l’idée de collaborer que lors d’une pause cigarette au cours d’un concert de soutien aux victimes des explosions du port de Beyrouth en 2020. Ce qui devait alors n’être que le point de départ d’un titre pour le futur album solo de la miss s’est peu à peu transformé en un projet bien réel dont le premier album est sorti chez Transgressive début de cette année.

Un album surprenant sur lequel les deux protagonistes sortent de leur zone de confort, empruntant par moments des directions jazzy pas toujours heureuses. En revanche, sur scène, ces mêmes directions prennent des airs hypnotiques et planants qu’un mur de guitares explose bien souvent lors d’un final démentiel (“Can I Call You”, “Kill Me Again”). Si la voix et les claviers de Rose (en élégante robe rouge ce soir) prédominent, Graham (en costard tout aussi classe) n’est pas en reste, la secondant sans monter dans les tours (“Drowning”, “Over And Over”). Un Graham qui joue également du saxophone et de l’harmonica alors qu’un violon enveloppe le tout de séduisante manière (“Undine”, “Sleepwalking”). On retiendra encore le sautillant “Something Pretty” pendant lequel il prendra le soin d’enlever ses lunettes avant de se lancer dans un solo endiablé. À quand une date en salle ?

SET-LIST
CAN I CALL YOU
OVER AND OVER
DROWNING
UNDINE
SLEEPWALKING
KILL ME AGAIN
SOMEONE UP THERE
SOMETHING PRETTY

À notre retour sur la scène principale, le set de Placebo avait déjà débuté devant un parterre pour le moins compact, réduisant à néant toute tentative d’expédition vers les avant-postes. Pas trop de souci puisque les impressionnants visuels s’apprécient tout autant (voire davantage) depuis le fond de la plaine et que la sonorisation (parfaite soit dit en passant) ne laisse personne de côté. Le groupe emmené par le désormais moustachu Brian Molko et l’intenable Stefan Olsdal sont revenus l’an dernier avec “Never Let Me Go”, un premier album en presque dix ans.

Un album consistant qui formera l’ossature de la set-list, à l’instar de leur prestation à TW Classic avant Nick Cave. Et encore, pendant la première heure, leurs seules incursions dans leur back catalogue seront un inattendu “Scene Of The Crime” et un décevant “Bionic”. Un peu comme si la voix nasillarde de Brian (qui peut parfois taper sur le système) commençait à devenir incompatible avec la fougue et l’énergie des débuts. La même impression sautera aux oreilles sur “Slave To The Wage” et “Infra-Red” en fin de set. En revanche, sur les nouveaux titres, elle retrouve toute sa pertinence et sa puissance. Outre le single “Beautiful James”, le prenant “Happy Birthday In The Sky” et l’intense “Surrounded By Spies” appuieront nos dires, tout comme un délicat “Went Missing” un peu plus tard.

La seconde partie du set fera la part belle aux hits, à commencer par un “Too Many Friends” embelli par un piano blanc et des nappes de violon. Outre les deux membres originaux restants, quatre musiciens assurent en effet le job en support et se déchaîneront sur “For What It’s Worth” alors que la pertinence de “Song To Say Goodbye” n’est plus à démontrer.

Les rappels poseront quant à eux question. “Fix Yourself”, ultime et bouleversant extrait de “Never Let Me Go” se retrouvera curieusement coincé entre deux covers. Le “Shout” de Tears For Fears en copié-collé qui fera chanter la plaine à l’unisson et le désormais classique “Running Up That Hill” de Kate Bush, réintégré dans la set-list depuis l’inclusion de sa version dans la BO de Stranger Things. Mais était-ce bien nécessaire ?

SET-LIST
FOREVER CHEMICALS
BEAUTIFUL JAMES
SCENE OF THE CRIME
HUGZ
HAPPY BIRTHDAY IN THE SKY
BIONIC
SURROUNDED BY SPIES
SAD WHITE REGGAE
TRY BETTER NEXT TIME
TOO MANY FRIENDS
WENT MISSING
FOR WHAT IT’S WORTH
SLAVE TO THE WAGE
SONG TO SAY GOODBYE
THE BITTER END
INFRA-RED

SHOUT
FIX YOURSELF
RUNNING UP THAT HILL

L’avantage d’avoir regardé Placebo depuis le fond de la plaine nous permettra d’avoir un accès aisé au Club StuBru où les déjantés Gantois de Vive La Fête s’apprêtaient à clôturer la soirée en mode électro-festif. Els Pynoo et Dany Mommens fêtent cette année le premier quart de siècle d’une carrière qui les a vus tourner dans le monde entier et devenir populaires dans le monde de la mode. Pas courant pour des néerlandophones ayant majoritairement adopté la langue de Molière au cœur de compositions calibrées pour le dancefloor, à l’instar de “Nuit Blanche”, la plage titulaire de leur excellent album publié en 2003 avec laquelle ils balanceront la sauce ce soir.

Instantanément, c’est de la folie furieuse, l’endroit s’étant empaqueté en un minimum de temps, baignant dans une moiteur ambiante que les gens transformés en sauterelles alimenteront sans discontinuer. Els, toujours aussi svelte et Dany, mystérieux les cheveux en bataille font le boulot, bien aidés par un backing band maquillé à la Zorro. Mention à la basse omniprésente et aux beats ficelés qui ne laissent personne de marbre.

Les hits se succèdent (“Touche Pas”, “Machine Sublime”, “La Vérité”) et le public chante à tue-tête. L’efficace recette, alliant textes concis et mélodies entêtantes ne serait toutefois rien sans le charisme à toute épreuve d’une chanteuse aussi souriante qu’athlétique. Quant aux rappels, ils achèveront le boulot via “Maquillage” et “Noir Désir”, deux titres emblématiques issus du précité album et qui figureront sans aucun doute en bonne place lors de leur tournée 25 ans de fête qui passera notamment par le Delta (5 novembre), l’AB (8 décembre) et De Roma (9 décembre). À bon entendeur…

SET-LIST
NUIT BLANCHE
TOKYO
SCHWARZKOPF
HOT SHOT
LIBERTÉ
MOTS BLEUS
TOUCHE PAS
MACHINE SUBLIME
EVERYBODY HATES ME
LA VÉRITÉ
ASSEZ
JALOUX

MAQUILLAGE
NOIR DÉSIR

À lire également:
Lokerse Feesten 2023: There’s no other way!
Lokerse Feesten 2023: la der de Balthazar ?

Laisser un commentaire

Music In Belgium