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Raismestock : Peace, Love & Fricadelles au château de la princesse

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Querelles linguistiques, embouteillages,  impôts élevés, retraite à 58 ans… Ah, ce n’est pas toujours facile d’être le compatriote de Plastic Bertrand et de la reine Mathilde. Alors une fois par an, lorsque la pression se fait trop forte et que la Geuze Lambic devient amère, j’escalade la face nord de l’Hexagone pour aller chercher refuge, le temps d’un weekend seulement, chez la noble Princesse d’Arenberg.

Raismes (Ch’nord), samedi 14 septembre. Il est à peine 13 heures et, déjà, je m’adonne corps et âme  au petit jeu intime de la fouille en règle. Tout en profitant au maximum des caresses du sympathique cerbère, j’essaie d’écouter les dernières notes jouées par les keupons valenciennois de Come Unstruck. J’y décèle quelques mélodies musclées nées, comme c’est souvent le cas dans ce style musical,  de la relation coupable entre une plaque de Green Day et  un roulement à bille de skateboard. Au loin j’entends des cris d’approbation et des applaudissements. Il faut se rendre à l’évidence, ce Punk-là n’est pas tout à fait mort.

Un coup d’œil circulaire sur le parc du château, m’apprend que je ne suis pas le seul descendant d’Ambiorix à avoir traversé la frontière pour chercher chaleur et réconfort dans les bras maternels de Brigitte Macron. Parmi une horde grouillante de compatriotes venus profiter du beau soleil de Raismes, je reconnais, entre autres, les courageux colporteurs de CDs et vinyles en tous genres (NDR : pour autant que ce genre soit ‘Metal’) que sont Rudy (alias ‘le bienheureux’) et son ami Onkel Picsou (Venu, comme chaque année, plaider la cause des Cantons Rédimés auprès de la cour de la Princesse d’Arenberg). Je profite du répit sonore pour aller les saluer. Cinquantenaires oblige, nous échangeons quelques nouvelles de nos prostates respectives. Les petits doigts de nos urologues nous ont dit qu’elles ne se portaient pas trop mal, merci pour elles.

J’interrompt cette intéressante conversation médicale pour aller m’injecter dans les veines ce que dealent les Sweet Needles. Le trip est agréable. Ce Heavy Rock au groove monstrueux, c’est franchement ma came. Riffs gras, mélodies imparables, professionnalisme et cheveux longs sont de rigueur. Un nom à retenir.

Je suis personnellement un peu plus réservé quant aux choix musicaux et capillaires de Molybaron. Passons rapidement sur la coupe de cheveux impeccable, mais pas rock’n’roll pour un sou, des trois musiciens pour nous concentrer sur la musique. Présentée par le speaker officiel du Raismes comme un mélange de Metallica et Rage Against The Machine, la musique proposée par le groupe est aussi intense que variée. Parfois atmosphérique, parfois heavy, parfois neo/groove/machin chose, le set est une succession de hauts (très hauts parfois) et de bas. La basse semble jouer un rôle prépondérant dans l’alchimie du trio, ce qui n’est pas pour me déplaire.  Mais j’ai quand même un peu de mal à rentrer dans le trip. Le public du Raismes, par contre, y plonge à fond et en redemande, ce qui me prouve, une fois encore, que j’ai de la merde dans les oreilles et qu’il est grand temps pour moi d’arrêter de donner mon avis sur tout et n’importe quoi.

 

58 Shots a manifestement dévoré un Led Zeppelin et un AC/DC au petit déjeuner et il nous les régurgite sur scène avec une passion qui nous rassure carrément sur l’état de santé du Classic Hard Rock’n’roll made in France. Toujours en mouvement, le quatuor de Belfort déverse sur le Raismes un flot dévastateur de riffs musclés (au sein desquels il glisse parfois quelques notes tirées du répertoire d’Angus & C°) et d’énergie positive. Le show est prenant, la musique est bonne et je tape du pied comme si ma vie en dépendait.

16h. It’s Laura Cox time. Je m’approche un peu de la scène car je sais que je vais y retrouver mon ami/collègue Hugues Timmermans. Le photographe attitré de Music In Belgium, en effet, n’est jamais très loin des planches lorsque celles-ci accueillent une représentante du sexe opposé. N’allez pas y voir une perversion quelconque, le gaillard possède seulement un goût prononcé pour la chasse aux jolies… images. Et bien que Laura Cox n’ait pas tout à fait le style de ses proies habituelles (NDR : la guitariste/chanteuse française préfère manifestement le jeans et le cuir aux froufrous et à la dentelle), elle possède assez de grâce, de charisme et de talent pour lui donner envie de dégainer le zoom. En fond de scène, un backdrop annonce la couleur : “Laura Cox Band – Southern Hard Blues”. Un rugissement d’approbation accompagne l’entrée en scène de l’artiste. Hugues n’est manifestement pas le seul prédateur qui soit parvenu à pénétrer dans le parc du château. Ceci n’a pas vraiment l’air d’effrayer la blues-rockeuse qui assène riffs et soli, tout en distillant d’envoutantes vocalises.  Si le groupe porte son nom, l’ambiance sur scène est plutôt démocratique et chaque musicien a droit à son petit moment de gloire. Celui que se partagent la basse et la batterie est d’ailleurs franchement bluffant. Envoutante au possible sous le soleil écrasant de Raismes, la belle nous laisse exsangues après une heure de Blues musclé, non sans nous avoir offert, en prime, un superbe “Bad Luck Blues” qui laisse présager du meilleur pour l’album “Burning Bright”  qui sortira en novembre ainsi qu’une reprise plutôt plombée du classique “Johnny B. Goode” de Chuck Berry.

La légalisation de la marijuana est probablement une très bonne idée ! C’est en tout cas l’impression que donne l’époustouflante prestation de DeWolff. Les Psychedelic Rockers bataves apparaissent sur scène sur le coup des 17 heures après un voyage qui, à en juger par leur style vestimentaire (et musical), a duré une bonne petite cinquantaine d’années. Quelques minutes suffisent pour dilater tout ce que Raismes compte de pupilles et transformer le parc du château de la princesse en un Woodstock du Ch’nord. Un orgue (d’époque), une batterie stratosphérique et une guitare distillant des soli kilométriques et c’est parti pour le trip le plus planant de la journée. Si le chant du guitariste est un peu trop ‘féminin’ à mon goût, la qualité de la musique  et l’atmosphère envoûtante me font très vite oublier cette légère carence en testostérone. Avec celle de Glenn Hughes un peu plus tard, ma prestation préférée de la journée.

Le retour de Zodiac en terre Raismoise semble très attendu par la plupart des festivaliers. J’avoue ne pas adhérer à cet engouement. Contrairement à DeWolff qui joue à fond sur le trip seventies authentique, les Classic Rockers allemands n’offrent, à mon avis (mais je me trompe certainenement) qu’une relecture modernisée du classic Hard Rock des années 70. J’ai l’impression de voir un groupe de musiciens Thrash Metal s’essayer à des covers de Led Zepplin et consorts. Le quatuor teuton n’est pas mauvais, il est seulement moins ‘vrai’ que le trio batave qui l’a précédé. Lassé au bout d’un petit quart d’heure, je me dirige vers le bar où je rencontre l’ami Alain Boucly. Le désormais célèbre photographe français, avec lequel nous avons collaboré à de nombreuses reprises et qui bosse, entre autres, pour le fameux ‘Batteur Magazine’ ne semble pas beaucoup plus convaincu que moi. Nous prenons ce point commun comme excuse pour noyer notre humeur chagrine dans un délicieux gobelet de cervoise. L’un des meilleurs moments du festival pour moi, même si c’est plus grâce à Alain qu’à Zodiac.

Retour face à la scène où Hugues et sa charmante compagne attendent impatiemment le show de l’un de leurs groupes préférés : H.e.a.t.. Hugues, qui connait bien mes goûts musicaux et qui se souvient de mon injuste compte rendu de la prestation d’Eclipse (un autre de ses groupes préférés) au Raismes l’année dernière, me donne quelques recommandations (que je résumerai par les cinq mots suivants : “Fais gaffe à ta gueule”). Prenant la menace au sérieux (le gaillard fait trois bonnes têtes de plus que moi), je prends la décision de garder l’esprit ouvert et de lui confier la rédaction de l’affaire. Pour ne pas m’attirer les foudres des nombreux fans du speaker du Raismes Fest (dont je fais généralement partie), je me contenterai de penser (sans l’écrire) que décrire Erik Grönwal comme ‘le meilleur chanteur de l’univers’ alors que Glenn Hughes est dans les coulisses, c’est un peu comme de vanter les mérites d’une jolie biloute alors qu’on a une biroute sous la main (les Ch’tis comprendront). Comment ça, je l’ai écris ? Oh pardon. Au temps pour moi. Allez, je vous quitte un instant, le temps de retrouver la touche ‘delete’ de mon clavier (ou pas) et je laisse à mon ami (ex-ami?) Hugues le soin de vous relater les aventures de H.e.a.t. au pays des Ch’tis.

Alors que le soleil décline lentement à l’horizon, la douce poésie du couchant va bien vite céder la place à un déluge de notes et à une prestation hyper vitaminée du groupe scandinave H.e.a.t. En attendant la sortie du prochain single le 27 septembre prochain (annonciateur du successeur à l’album «Into The Great Unknown»), Erik Grönwall et ses copains Dave Dalone à la guitare, Jona Tee aux claviers, Jimmy Jay à la basse et le très sexy Crash à la batterie, sont venus s’éclater sur scène et régaler les fans venus nombreux en cette magnifique première journée du Raismes Fest 2019. Leur prestation d’une durée de 75 minutes est une succession de titres plus entraînants les uns que les autres. Le ton est donné d’entrée de jeu avec «Bastard of Society» sur lequel Erik se démène comme un véritable diable sorti de sa boîte, suscitant l’enthousiasme du public. Viennent ensuite «Breaking The Silence», «Danger Road», «Emergency», «Shit City», «Downtown», «In And Out Of Trouble», «It’s All About Tonight», «Living On The Run», «Beg Beg Beg», «Redefined», «Late Night Lady», «Mannequin Show», «Tearing Down The Walls», «A Shot At Redemption». Un style musical bien éprouvé, celui du (hard) rock mélodique, relevé au moyen de quelques touches plus modernes et dopé par l’inextinguible énergie et la voix exceptionnelle du chanteur Erik, toujours en train de communiquer avec son public, de descendre au contact des fans, d’aller chanter et danser au milieu des gens, de faire du crowd surfing. Bref, un cauchemar pour la sécurité et un moment très fun pour les fans. Il n’y a littéralement aucun temps mort dans ce show dont la musique est distillée avec maestria par les artistes de haut niveau que sont les autres membres du groupe. Et puis comment résister à cette voix incroyable qu’Erik pousse jusque dans ses derniers retranchements à chaque prestation scénique. Une voix puissante et polymorphe, capable de tout chanter grâce à une technique vocale parfaitement maîtrisée.Pas étonnant donc que les Suédois mettent le feu sur la scène du Raismes Fest. Les gens chantent, dansent, sautent… La musique de H.e.a.t aura fait mouche et chauffé le public à blanc pour accueillir ensuite une véritable légende vivante.

22h. Merci Hugues, place à Hughes. Car pour  son 21ème anniversaire, le Raismes Fest s’offre carrément The Voice of Rock : Môssieur Glenn Hughes, s’il vous plait, excusez du peu ! Plus d’une bonne dizaine d’albums solo, des enregistrements avec Trapeze, Black Sabbath, Gary Moore, Phenomena, Voodoo Hill, H.T.P., Black Country communion, etc. Je ne vais pas vous réécrire le C.V. de Glenn Hughes. Il est long comme le bras d’un maffioso. D’autant que le ‘meilleur chanteur/bassiste du multivers’ (NDR : ouf, la Science-Fiction m’offre un superlatif permettant de remettre les choses en place) n’est pas venu à Raismes pour nous jouer un best of de sa carrière, mais plutôt pour revisiter l’une des périodes les plus glorieuses de celle-ci : ses années Deep Purple (1973-1976).

Manifestement pressé d’en découdre, Glenn Hughes déboule sur les planches alors que l’intro n’est pas encore terminée. Le héros du jour se fend d’un sympathique ‘Bonjour’ avant d’entamer les premières notes du tempétueux “Stormbringer”. En ce début de show, le père Glenn semble avoir  quelques difficultés à dissimuler ses 67 étés (NDR : il est né en août 1952, un peu trop tard pour le printemps, donc…). Les traits tirés, mais le sourire aux lèvres, il semble franchement heureux de retrouver le Raismes (NDR : il y avait déjà joué en 2007) et il le fait savoir en balançant à la foule bien plus d’‘I Love You’ que de raison. “Might Just Take Your Life”,  “Sail Away”, “You Keep On Moving”… les titres extraits du l’album “Burn” de 1974 s’enchainent à ceux du “Come Taste The Band” de 1975. Chaque fin de chanson est ponctuée d’un  ‘I Love You’, suivi, comme il se doit, d’une intense salve d’applaudissements. Le vocaliste se sent souvent obligé d’expliquer le trop plein d’amour qui l’anime. ‘J’ai longtemps vécu en Californie, on est comme cela là-bas‘,  ‘Je suis un hippie’ (NDR : la tenue à fleurs/pattes d’éléphant confirme d’ailleurs cette affirmation) et pour la seconde fois de la journée, Raismes prends des airs de Woodstock.  Lorsqu’il ne nous parle pas d’amour, le quasi-septuagénaire évoque les souvenirs du passé. ‘C’est un titre que j’ai composé avec Ritchie Blackmore dans le salon de sa maison‘ ; ‘la pédale Wah Wah que j’utilise aujourd’hui, c’est celle que j’avais utilisée au California Jam de 1974 et que j’ai exhumée pour cette tournée’  ; ‘Cette chanson (“Keep On Moving”) a été co-écrite avec mon “ami” David Coverdale’ (NDR : avec un clin d’œil et une hésitation amusée sur le mot “ami” qui en dit long sur la relation tumultueuse des deux vocalistes) ; ‘La prochaine chanson est dédiée à mon ami Tommy Bolin (NDR : sans hésitation ni clin d’œil cette fois) c’est une chanson que j’ai envie de jouer tous les jours‘ nous raconte-t-il avant d’enchainer un solo de basse au groove endiablé avec le riff génial de “Gettin’ Tighter”.  Le titre se transforme rapidement en une jam monstrueuse au cours de laquelle les musiciens qui accompagnent le vétéran étalent devant nous toute la richesse de leurs talents. Après cette intense démonstration, le Raismes à bien besoin d’un peu de calme et de douceur. “Mistreated”, joué ce soir avec un petit supplément d’âme et repris en chœur par toute la foule, fait, évidemment, très bien l’affaire. Les hésitations de début de set sont oubliées depuis longtemps. Au top de sa forme vocale, Glenn Hughes monte désormais si haut dans les aigus que l’on se dit parfois que seuls les chiens du quartier et leur oreille adaptée aux ultrasons peuvent vraiment apprécier toute la finesse de son chant. L’immortel “Smoke On The Water”, qui remet à nouveau toutes les gorges du Raismes Fest à contribution est enchainé avec une reprise de  “Georgia On My Mind” (NDR : jadis immortalisé par Ray Charles) qui fera frissonner plus d’un des invités de la princesse d’Arenberg. Avant de quitter la scène, Glenn Hugues nous balance un dernier discours sur l’amour et la paix dans le monde. Le rappel est inévitable. D’ailleurs, personne n’a vraiment envie de l’éviter. D’autant que Glenn et son groupe nous ont concocté un “Burn” des familles enchainé avec “Highway Star” final et définitif. Voilà une première journée de Raismes Fest qu’il sera difficile d’oublier.

Raismes (Hauts de France), dimanche 15 septembre. Après une courte nuit, ponctuée par les arrivées et les départs de sympathiques (mais bruyants) camionneurs, je reprends la direction du château. Un petit arrêt chez Auchan me permet de casser la routine frites/fricadelles/sauce samurai qui s’était installée au cours de la journée d’hier et de constater qu’il ne s’agit pas d’une légende urbaine : dans les magasins, en France, tout (ou presque) est moins cher que chez nous ! Ayant plus ou moins la tête de Monsieur Tout le monde (mais en moins joli), je ne suis pas reconnu par le sympathique cerbère du portail et j’ai à  nouveau la chance de pouvoir participer à ses petits jeux intimes.

Octane qui, selon le running order devait inaugurer la scène dominicale, a déclaré forfait et c’est Freak Show qui le remplace. Nous le verrons plus tard, la notion de ‘running order’ est plutôt aléatoire à Raismes en ce joli dimanche ensoleillé. Ne connaissant pas vraiment la musique d’Octane, je ne sais pas du tout ce que nous avons manqué. Je me dis toutefois que le groupe devait vraiment être bon pour avoir été remplacé par une formation de la qualité de Freak Show. Pratiquant l’art du Heavy Rock mélodique avec une certaine aisance, le groupe n’éprouve pas vraiment de difficultés à se mettre les lèves-tôt en poche. La musique est bonne et le show plutôt bien ficelé. On en redemande !

Octane n’est pas le seul à avoir déclaré forfait. Pour des Raisons qui lui appartiennent, l’ami Hugues est, lui aussi aux abonnés absents. Heureusement je peux toujours compter sur la main secourable de Saint-Alain et ce sont ses superbes clichés qui illustrent aujourd’hui mon abominable prose.

L’australie a beaucoup investi dans la variété et l’originalité de sa faune. Essayez de trouver plus original que l’ornithorynque, le koala, kangourou, le wombat ou le crabe de cocotier et vous vous casserez les dents. Côté Hard Rock’n’roll, par contre l’investissement n’a pas tout à fait été le même. Une fois les bases jetées par AC/DC, The Angels et Rose Tattoo, le ‘Land Down Under’ s’est laissé aller a une certaine flemmardise et n’a produit que des copies conformes de ses trois pionniers. Cependant, si chacun s’accorde à dire que la plupart des animaux précités sont plutôt repoussants, il n’en va pas du tout de même pour les groupes de Hard Rock locaux qui, malgré leur quasi-uniformité sonore, sont souvent absolument irrésistibles. C’est le cas de Massive qui, bien qu’il tente de fausser les pistes en désignant sa musique par l’appellation originale ‘Beer Drinking Rock’n’roll’, se contente souvent de répéter ce qu’a fait avant lui l’antique triumvirat du Hard Rock australien. Pourtant tout Raismes (moi compris) se laisse prendre au jeu et tape du pied au son des pépites burnées qui lui sont servies. Il faut dire qu’il est plutôt difficile de résister à la gouaille du sympathique guitariste/chanteur Brad Marr et ses 1m50 de gras et d’énergie.  Un autre très bon moment à mettre au crédit de ce 21ème Raismes Fest. Voilà qui commence à peser lourd du côté des points positifs.

Aaron Buchanan And The Cult Classics, par contre (en ce qui me concerne en tout cas) aurait plutôt tendance à faire pencher la balance du côté négatif. Certes, le groupe britannique est plutôt original et assez intéressant du point de vue esthétique, mais sa musique, bien qu’incontestement Rock, est un peu trop orientée Nineties à mon goût. Elle n’est en tout cas pas assez Hard pour mes oreilles intolérantes de headbanger primaire. Pas grave, me direz-vous. Il en faut pour tout le monde. D’autant que le moment que j’attends avec impatience est sur le point d’arriver.

Il n’est pas très loin de 15 heures lorsque Tokyo Blade entre en scène. Je n’ai plus vu le groupe anglais jouer ‘live’ depuis le Heavy Sound Festival de Poperinge édition 1985 et comme Tokyo Blade est le seul groupe étiqueté ‘Heavy Metal’ de ce 21e Raismes Fest, il est inutile de vous dire que je piaffe d’impatience. Comme votre serviteur, les musiciens de Tokyo Blade ont doublé de volume depuis le milieu des années 80. C’est donc près de 700 kilos de bidoche qui débarque sur scène au son du “Sunrise In Tokyo” de 1983. Alan Marsh, le vocaliste original du groupe (qui avait été remplacé par Vicky James Wright à l’époque du Heavy Sound) est de retour et cela fait plutôt plaisir de le voir headbanger aux côtés d’Andy Boulton, John Wiggins, Andy Wrighton et Steve Pierce (qui eux, étaient déjà tous présents à Poperinge en 1985). Bien sûr, mes héros sont un peu plus statiques qu’au temps de leur glorieuse jeunesse et ils ne sont pas vraiment aussi fringants que d’autres revenants de la même époque comme Satan ou Tygers Of Pan Tang, par exemple, mais ils titillent ma fibre nostalgie (et celle de nombreux autres festivaliers, apparemment) en interprétant uniquement des classiques extraits de leurs premiers efforts (“Tokyo Blade”, 1983, “Night Of The Blade” (1984) et “Midnight Rendez-vous” (1984)). Mon meilleur souvenir de la journée.

Si l’Anglais prends du poids en vieillissant, le Suédois, lui, se contente simplement de mal vieillir. Je n’ai jamais été très fan du Hard’Funk’n’Roll des Electric Boys. Et bien que que visiblement appréciée par la foule qui s’est réunie en masse devant la scène, leur prestation du jour ne me fera pas changer d’avis. Je n’y vois personellement qu’un compromis relativement molasson entre le look d’un Aerosmith désargenté et la musique d’un AC/DC fatigué. Les goûts et les couleurs.

Et puisque je suis dans une phase négative, autant régler tout de suite l’affaire The Midnight Flight Orchestra. Fourberie visant à s’emparer de la meilleure place ou soucis de transport aérien ? Entre ces deux semi-vérités, mon cœur balance.  Toujours est-t-il que le groupe n’est pas là à l’heure où il est supposé jouer et que sa prestation est reportée en fin de soirée, ce qui, non seulement, chamboule désagréablement le running order mais aussi, nous prive d’un concert en tête d’affiche de Phil Campbell and the Bastard Sons.

Heureusement, le vénérable Brian Downey et son groupe Alive And Dangerous sont déjà sur le pied de guerre et prêt à remplacer les suédois retardataires. Comme Glenn Hughes l’a fait hier, au même endroit pour Deep Purple, Downey consacre sa prestation à une relecture des classiques de sa formation originale. Faire du Thin Lizzy, sans Phil Lynott… l’affaire aurait pu être une vaste blague. Heureusement, il n’en est rien. Grâce à Brian Downey, qui apporte au projet son indispensable touche d’authenticité (il fut quand même le batteur du groupe entre 1970 et 1983) et au vocaliste/bassiste Matt Wilson (qui est proche physiquement et vocalement du “Darkest Son Of Ireland”), l’illusion est presque parfaite. D’autant que, côté setlist, les gaillards n’y vont pas de main morte : “Jailbreak”, “Emerald”“Rosalie”, “Cowboy Song”, “The Boys Are Back In Town”, “Don’t Believe A Word”, “Bad Reputation”, “Whiskey In The Jar”,… il ne manque que “Chinatown” et “Cold Sweat” pour faire mon bonheur.

18h30. Apparemment, les Norvégiens ne sont pas beaucoup ponctuels que les suédois. Pas plus de Leprous à l’horizon que de Night Flight Orchestra. La famille Campbell se dévoue pour affronter les derniers rayons de soleil de la journée. Je suis franchement déçu de ne pas pouvoir déguster le show de l’ex-six-cordiste de Motörhead et de ses trois rejetons à l’heure tardive et dans la saine obscurité qui convient à son rang de superstar du Hard Rock’n’roll burné. Par chance, la compagnie de mon ami Eric, de sa douce compagne Géraldine et de quelques gobelets de cuvée des trolls parvient à adoucir un peu mon amertume… Un peu, mais pas tout à fait quand même. De plus, la prestation de Phil Campbell & The Bastards Sons n’est pas aussi emballante que ce à quoi je m’attendais. Le groupe est énergique, mais sans grande surprise. Il interprète les mêmes covers de Motörhead que celles qu’il avait déjà jouées il y a deux ans à l’Alcatraz : “Rock Out”, “Born To Raise Hell”, “Ace Of Spades”, “R.A.M.O.N.E.S” ; la même reprise des Ramones (“Rockaway Beach”) et la même cover d’Hawkwind (“Silver Machine”). Comme le temps de jeu est un peu plus long que celui qui lui était imparti à Courtrai, le groupe  ajoute encore les classiques “Bomber” et “Killed By Death” à sa setlist, ainsi que quelques (rares) extraits de la discographie des ‘Bastard Sons’. La seule véritable surprise vient des deux extraits, plutôt bien ficelés d’ailleurs, du prochain album solo de Phil Campbell. Bref, un bon concert… même s’il donne un peu l’impression que le père Cambell et ses gamins s’enferment dans une certaine routine familiale.

Vous l’avez probablement compris, je suis un peu bougon depuis quelques paragraphes. J’en ai un peu marre et je cherche une échappatoire. Dans ma tête, je fais déjà la liste des excuses à invoquer pour expliquer mon départ anticipé : la fatigue, la saturation de fricadelles, le long chemin du retour, le fait que, pour moi, la tête d’affiche a déjà joué… Pour ne pas paraitre impoli envers la Princesse et Philippe Delory qui m’ont si gracieusement invité à Raismes, je prends la décision de rester encore un peu. Trois titres de Leprous suffisent à me rappeler que la politesse n’a jamais été mon point fort. Impossible de dire du mal des Norvégiens. Ils sont franchement bons dans leur style, mais après avoir vécu deux divorces, je n’aime plus les choses compliquées… Marchant à reculons sur la verte pelouse du château, je m’éclipse comme un voleur sans attendre l’atterrissage du Night Flight Orchestra.

Un énorme merci à Philippe Delory pour l’invitation.

Merci gramint des caups à tout le Ch’taff  du Raismes pour sa gentillesse. A l’arvoyure !

Un grand merci aussi à Alain Boucly pour ses jolies photos du dimanche.

PS : Si je ne remercie pas Hugues Timmermans, pour ses photos du samedi, ce n’est pas par méchanceté, mais  parce qu’il n’a fait que son boulot. Par contre, je pense parler au nom de tous les fans de H.e.a.t. en lui disant merci d’avoir rendu une partie de cet article éthiquement acceptable.

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Photos Samedi      © 2019 Hugues Timmermans

Photos Dimanche  © 2019 Alain Boucly

 

 

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