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Tick Tick Tick… The Hives

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Vingt ans après y avoir enregistré le DVD “Tussles In Brussels”, les Suédois de The Hives sont revenus retourner l’AB. Business as usual pour le sémillant Howlin’ Pelle Almqvist et ses camarades qui sont récemment sortis de leur silence discographique avec “The Death Of Randy Fitzsimmons”, leur premier album en onze ans…

Pour célébrer l’événement, non pas un mais deux supports et malgré un début des festivités à 19h15, le parterre était déjà bien garni pour assister à la première déflagration de la soirée. Bratakus, ce sont deux frangines écossaises particulièrement vénères et engagées qui tirent leur pseudo du surnom donné par leur paternel lorsqu’elles étaient petites. À gauche, la brune Breagha, guitariste gauchère. À droite, la blonde Onnagh, bassiste droitière. Et dans les haut-parleurs, une frénétique batterie pré-enregistrée qui balise un univers à deux doigts de flirter avec le metal.

À la manière des Ramones, leurs compositions franches, directes et sans concession ne laissent aucune place à la respiration. Leur thème de prédilection ? Les inégalités dans leur ensemble mais d’abord et avant tout celles concernant la gent féminine. À l’instar des Lambrini Girls, elles mettent d’ailleurs un point d’honneur à introduire le sujet du titre suivant avant de le balancer à la tête d’un public médusé. En vingt minutes et neuf chapitres, tout était plié. La tornade plus DIY que ça tu meurs n’a fait qu’une bouchée de l’AB à l’heure de l’apéro.

Dans un style davantage bluesy rageur mais tout aussi percutant, les Limbourgeois de The Sha-La-Lee’s n’ont pas fait dans la dentelle non plus. D’autant que le quatuor emmené par Cedric Maes, le guitariste des Sore Losers, avait un paquet de fans présents dans la salle. Comme le prouveront notamment les réactions enthousiastes au terme du single “Born To Lose (For You)” balancé en tout début de set. Ils ont publié au printemps dernier “Garbage Dreams”, un deuxième album de punk garage crasseux à ranger dans la même catégorie que Jon Spencer par exemple, dont ils avaient assuré la première partie ici-même voici une bonne dizaine d’années.

En plus de s’appuyer sur un batteur pour le moins énergique, le groupe doit également beaucoup à Christophe Vaes (El Guapo Stuntteam) et à son harmonica contagieux qui, l’air de rien, balisent un univers qui nous fait également penser de temps à autre à celui de Frankie Traandruppel. S’ils y mettent davantage de forme que Bratakus, la structure des compositions laisse également une franche part à la spontanéité, conduisant à des versions nettement plus brutes que sur disque (“Is It True”, “Wasted Youth”), en adéquation avec la philosophie de la soirée.

Sur “The Death Of Randy Fitzsimmons”, le sixième album de The Hives, on retrouve une plage baptisée “The Bomb”. S’ils ne la joueront pas ce soir, elle résume parfaitement l’ambiance explosive que les cinq suédois ont installée dans une grande salle de l’AB pleine à craquer, dans une moiteur indescriptible. D’autant que mis à part l’un ou l’autre single isolé, il s’agit de leur véritable retour aux affaires en plus d’une décennie (Lex Hives est sorti en 2012).

Depuis, ils se sont plutôt concentrés sur le circuit live, tournant relativement régulièrement dans nos contrées. On ne souvient notamment de leurs prestations épiques au Dour Festival en 2014 et aux Ardentes l’année suivante juste après Iggy Pop. Entre-temps, le bassiste Mattias Bernwall aka Dr. Matt Destruction a quitté le navire et a été remplacé par Johan Gustafsson, mieux connu sous le nom de scène… The Johan And Only. Le genre d’humour qui a dû plaire à un leader toujours aussi jovial que taquin.

“Bogus Operandi”, plage d’ouverture de la nouvelle plaque et premier titre de la soirée, mettra instantanément le feu aux poudres, encourageant des flux continus vers un moshpit qui ne soufflera qu’à de rares occasions. D’autant que l’efficace “Main Offender” dans la foulée, chanté à l’unisson (riffs de guitare compris, une constante ce soir), ne calmera en rien les ardeurs d’un public chaud comme la braise. Avouons que Pelle n’y sera pas étranger, lui qui travaille la foule comme personne sans jamais se prendre au sérieux. Il se prétendra ainsi bilingue après avoir appris quelques mots de néerlandais et s’adressera aux internautes derrière leur écran (le concert était diffusé en direct sur ABTV), leur faisant sans doute regretter de ne pas avoir effectué le déplacement.

Les musiciens se produisent comme à l’accoutumée vêtus de costumes assortis aux motifs alliant cette fois éclairs et notes de musique. Des motifs phosphorescents du plus bel effet, surtout en seconde partie de set lorsque l’ingé lumière les intégrera dans l’équation. Seul le batteur Chris Dangerous (un autre succulent pseudo…) passera alors inaperçu, lui qui laissera tomber la veste assez rapidement (juste avant l’irrésistible “Good Samaritan, un des singles isolés mentionnés plus haut). À ce propos, si The Hives était un cirque, Pelle serait Monsieur Loyal tandis que ce bon Chris serait le jongleur attitré, lui qui fait virevolter ses baguettes dans les airs sans jamais se louper.

“The Death Of Randy Fitzsimmons” ne révolutionne sans surprise pas leur style mais confirme qu’ils maîtrisent leur sujet à la perfection. Tout à l’air si simple avec eux et des titres comme le saccadé “Stick Up” ou le bref mais intense “Trapdoor Solution” maintiennent aisément le niveau. Quant à l’excellent “Smoke & Mirrors”, il joue dans la même catégorie que les hymnes que sont “Hate To Say I Told You So” (qui a fait trembler l’AB sur ses bases) et “Walk Idiot Walk” par exemple. Finalement, seuls “Rigor Mortis Radio” et “I’m Alive” (un autre single isolé) passeront plus ou moins inaperçus. Quoi qu’intelligemment placés dans la set-list, ils serviront de respiration bienvenue…

Après un “Two-Timing Touch And Broken Bones” de feu, c’est un ultime nouveau titre qui mettra un terme au set principal et achèvera de ruiner la coiffure pleine de sueur de l’ami Pelle. Et quel nouveau titre, “Countdown To Shutdown” se profilant déjà comme un futur classique. À notre grand regret, les rappels seront plutôt brefs et introduits par l’OVNI “Come On”. “Tick Tick Boom” achèvera ensuite le boulot sous une pluie de gobelets et au milieu d’une marée de crowdsurfers. Sans oublier un nouveau délire du leader qui conversera sans micro, prétendant expérimenter un concert de The Hives au niveau sonore légal… Welcome back, guys !

SET-LIST
BOGUS OPERANDI
MAIN OFFENDER
WALK IDIOT WALK
RIGOR MORTIS RADIO
GOOD SAMARITAN
GO RIGHT AHEAD
STICK UP
HATE TO SAY I TOLD YOU SO
TRAPDOOR SOLUTION
I’M ALIVE
SMOKE & MIRRORS
TWO-TIMING TOUCH AND BROKEN BONES
COUNTDOWN TO SHUTDOWN

COME ON
TICK TICK BOOM

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